Le Mali est sous embargo de la CEDEAO et de l’UEMOA depuis le sommet du 9 janvier 2022 pour non-respect des engagements et pour refus de proposer un chronogramme annonçant la fin de la transition par l’élection d’un nouveau Président. L’éminent économiste Modibo Mao Makalou, sans détour et sans langue de bois pense que le Mali ne pourra pas tenir et qu’il urge de prendre la perche tendue par l’Union Africaine qui a proposé au gouvernement malien une durée de 16 mois. Avec des chiffres alarmants de manque à gagner dû aux sanctions de la CEDEAO, si les autorités ne font pas vite pour parer au plus pressé le Mali ne fera que s’enfoncer davantage et ne pourra même plus tenir ses engagements tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Le Gouvernement va-t-il être sourd à tous ces sons de cloche inquiétant ? Ne doit-il pas préserver les intérêts du peuple ?
Après avoir fait l’historique de deux organisations sous régionales, à savoir la CEDEAO et l’UEMOA et défini leur rôle combien de fois important pour une véritable intégration et une promotion de la coopération économique et politique entre les Etats membres, l’expert en économie n’a pas porté des gants pour fustiger les sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA infligées au Mali. Il a dénoncé ces sanctions lors de la Conférence Débats organisée par un panel de journalistes à la maison des Ainés. Modibo Mao Makalou les juge illégales et illégitimes car elles ne sont mentionnées dans aucun traité de la CEDEAO à fortiori de l’UEMOA. Mais, à partir du moment où elles sont prises, il faudrait chercher à les juguler pour éviter que les populations ne paient un lourd tribut. Pour le conférencier, le Mali est un pays sans littoral et dont l’économie dépend à plus de 70 % de l’importation. Donc une fermeture des frontières serait synonyme d’asphyxie économique et financière. Ces sanctions qu’un pays comme le Mali ne pourrait pas supporter à cause de sa position géographique, ne feront que fragilisées le tissu socioéconomique en jouant à très court terme sur les recettes douanières, sur les impôts. Ses conséquences seront incommensurables, parmi lesquelles il y a la raréfaction des ressources et des denrées de première nécessité, la surenchère et surtout la spéculation.
Modibo Mao Makalou a, dans son exposé, égrené un chapelet de sanctions contre le Mali, qui sont entre autres le gel des avoirs du Mali dans la banque centrale, la fermeture des frontières terrestres et aériennes entre les pays de la CEDEAO et le Mali, la suspension de toutes les transactions commerciales et financières, à l’exception des produits alimentaires et de grande consommation. Donc face à ces sanctions il enjoint à l’Etat de se démêler rapidement pour trouver une issue favorable. Il n’a pas manqué de dire aux chefs d’Etat de la sous-région que ces sanctions qui relèvent du domaine politique toucheront beaucoup plus à la population lambda qu’aux gouvernants d’où son cri de cœur pour une amorce rapide de dialogue entre les différentes parties, afin d’éviter une situation de chao. Pour Mao ceux là même qui proposent de quitter les organisations sous régionales le disent par méconnaissance des règles qui régissent ces organisations ou bien par passion ou sentiment de nationalisme. Le Mali étant membre fondateur de la plupart de ces organisations a beaucoup plus à gagner en y restant, plutôt qu’en s’isolant, surtout compte tenu de sa continentalité.
A la question de savoir pourquoi les produits de première nécessité qui ne sont pas assujettis aux mesures de la CEDEAO, sont-ils chers sur le marché ? sa réponse est qu’en cas de fermeture des frontières, les commerçants ne sachant pas à quelle date elles seront réouvertes, vont faire de la rétention des marchandises pour les vendre à un prix d’or au nom du libéralisme. L’Etat ne pourrait pas empêcher cette spéculation, surtout quand c’est à une échelle plus grande.
En définitive, le Conférencier propose au gouvernement de prendre la perche tendue par l’Union Africaine et le pays médiateur qui est l’Algérie, qui ont proposé au gouvernement malien une durée raisonnable de 16 mois, pour sortir de la crise politico diplomatique. Le Mali n’aura aucun intérêt à entretenir une telle crise. Un bras de fer entre les pays de la CEDEAO et le Mali ne se fera qu’au détriment des intérêts du Mali.
Youssouf Sissoko
Source : L’Alternance