Un toilettage de la charte de la Transition et l’adoption d’une nouvelle loi électorale pourront-ils permettre au président de la Transition de briguer la magistrature suprême à la prochaine élection présidentielle ?
Dans la perspective de la révision de la charte de la transition, certains esprits soupçonneux prêtent des velléités de candidatures au chef de l’Etat, le Colonel Assimi Goïta. Ceci, à la faveur d’une certaine opinion, qui voit en le jeune colonel un degré de patriotisme et d’engagement en faveur de son pays en ces temps de crise multiforme.
En effet, convaincus de la ferme volonté du président de la Transition à poser les bases d’une « gouvernance vertueuse » et d’une réelle rupture avec l’ancien système de gestion du pays, certaines personnalités et non des moindres voudraient lui confier les rênes du pays. « Il sera un acteur majeur du Malikura, dont nous rêvons », confient ces personnalités. Parmi celles-ci, il y a le Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga qui, à travers ses diatribes et autres discours populistes, se hâte lentement pour conduire le pays vers des élections. Il dira même, lors d’une de ses nombreuses sorties, que le pouvoir actuel peut se trouver un candidat (acquis à sa cause) qui peut, sans coup férir, gagner l’élection présidentielle à venir, comme pour dire dans une certaine… précipitation. A cela s’ajoutent des voix qui estiment que rien ne devrait empêcher le colonel Assimi Goïta de se porter candidat à la prochaine élection présidentielle.
Or, la Charte de la Transition et la loi électorale, dans leur version actuelle, ne permettent pas à un dirigeant de la transition ou un membre d’un organe de la transition, qui plus est, militaire en fonction, de candidater à l’élection présidentielle. La révision de la charte et l’adoption d’un nouveau code électoral peuvent-elles autoriser le chef de l’Etat actuel à briguer le palais de Koulouba ? A priori, un juridisme archaïque pur, qui pose le principe selon lequel « ce que la loi voulût elle le disat » (ancien français) autorise cette démarche.
En revanche, dans l’esprit républicain des textes des transitions politiques, les acteurs de ces périodes ne peuvent aucunement être juges et parties. Ils ne peuvent donc pas se porter candidat aux élections sanctionnant la fin de cette période transitoire. Ce qui veut dire que même si les textes précités sont modifiés pour permettre que le colonel Assimi Goïta se lance dans la course pour la conquête du fauteuil présidentiel, il ne devrait pas prendre cette voie. Comment pourra-t-il convaincre les Maliens qu’il n’est pas un assoiffé du pouvoir ?
Au contraire, Assimi Goïta, dont la popularité ne fait plus l’ombre d’aucun doute, devrait travailler à céder le pouvoir rapidement et s’offrir le manteau de « sauveur de la Nation », surtout avec les succès que remporte aujourd’hui l’Armée malienne, dont assume le statut de chef suprême. C’est ainsi qu’auréolé par cette fulgurante montée en puissance des FAMAs sur le plan de la lutte contre le terrorisme, le Colonel Assimi Goïta et son bras droit, le Colonel Sadio Camara devraient chercher à se retirer dans le calme afin de préparer leur retour démocratique à la tête du pays. Le chef de la Transition deviendra ainsi le « fondateur du Malikura », tout comme un certain Amadou Toumani Touré, « le soldat de la démocratie ».
Si le numéro un malien force aujourd’hui une voie pour se faire élire à la tête du pays, il se mettra sûrement à dos une bonne partie de la communauté internationale et aussi une partie des forces vives du pays. Ce qui risque de lui jouer des tours plus tard. Ne dit-on pas qu’il ne sert à rien de forcer un destin ? Le fruit mur tombe tout seul, mais lorsqu’il est forcé, son goût en pâtit !
Boubou SIDIBE
Source : Maliweb.net