Edito : Le Mali vivra -t-il désormais en autarcie ?

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Youssouf Sissoko
Youssouf Sissoko

La France et ses alliés européens ont finalement décidé de plier armes et bagages au Mali pour une destination bien connue. Cette décision fait suite à une brouille diplomatico- politique, entre le Mali, dirigé par une junte militaire, et la France et ses alliés engagés depuis belle lurette dans la lutte contre le terrorisme. Comme il fallait s’y attendre les relations entre Bamako et Paris n’ont cessé de se détériorer depuis l’annonce faite par le premier de collaborer avec d’autres partenaires non occidentaux en l’occurrence la Russie. Crime de lèse-majesté pour Emmanuel Macron, car le Mali, ancienne colonie française, membre du pré carré du même pays et chasse gardée de l’ancêtre des Gaulois, ne pourrait en aucun cas s’affranchir de cette tutelle. Pour la junte et une écrasante majorité des maliens, le Mali de Modibo Keita est décidé à tourner la page peu glorieuse de la domination française et disent être prêts à subir les conséquences de cette nouvelle libération, de cette nouvelle indépendance.

Désormais il y a deux positions irréconciliables, d’une part la France condescendante et orgueilleuse n’étant pas prête à céder d’un iota de sa suprématie diplomatico-financiere sur le Mali et entend jouer son rôle de maitre pour faire reculer le Mali. A l’opposé on a un pays imbu de son passé historique fait de gloire et des hauts faits, un peuple fier, préférant la mort à l’humiliation, à la servitude et déterminé à s’affranchir de son maître, la France.

En analysant lucidement on arrivera à la conclusion que la France est  blâmable, voir critiquable, même condamnable, car présente au Mali depuis 2013, avec d’abord Serval ensuite Barkhane, ses capacités opérationnelles ont été renforcées par la Task Force Takuba, avec l’appui des FAMA, soutenue par le G5 Sahel, et sous l’œil vigilant de la MINUSMA, mais elle n’est jamais parvenue à bout de quelques poignées des djihadistes qui ont semé la chienlit au Mali et dans tout le sahel. Le bilan est tout simplement catastrophique. Nous n’avons assisté, pendant les 8 ans qu’à durer la présence française, qu’à la propension du terrorisme, la naissance des nouveaux foyers de tension intercommunautaires, la mort par centaines de civils et militaires, la mise sous tutelle djihadiste des centaines de villages et la destruction de des champs et cheptels.

Oui  la cause de la France est vraiment indéfendable car les faits parlent d’eux-mêmes et ils sont têtus. Elle a échoué tout comme ses alliés occidentaux et leur succursale qui est la MINUMA, mais ces raisons suffisent-elles pour rompre avec la France et ses alliés occidentaux ? La réponse est tout simplement non, car aucun pays, même les Etats unis, ne peut vivre en autarcie, surtout un pays sans littoral comme le Mali et dont l’économie dépend à plus de 70 % des produits d’importations.

La question que l’on est en droit de se poser est celle de savoir si les autorités de la transition malienne mesurent les conséquences des actes qu’elles posent et pourquoi insultent-elles l’avenir ? Après avoir  poussé violemment vers la sortie la France et ses alliés qui sont des partenaires privilégiés tant sur le plan économique, financier que  social, aujourd’hui, le Mali vit en autarcie.  En brouille avec tous ses voisins, en l’occurrence les pays de la CEDEAO, il est en guerre ouverte contre la France et ses alliés occidentaux et il subit de plein-fouet les affres des sanctions de l’organisation sous régionale, qui ne demande qu’un chronogramme acceptable et soutenable lui soit présenté, pour un retour à l’ordre constitutionnel, après une rupture due  au coup d’Etat du 18 Aout 2020.

La seule coopération militaire avec la Russie ne saurait expliquer cette attitude des autorités qui font feu de tout de bois sans mesurer les conséquences de leurs actes. Sachons alors raison garder.

Youssouf Sissoko

Source : L’Alternance

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