Que cache l’empressement du Ministre Kaména à dissoudre la Commission d’attribution ? Dans une précipitation qui cache très mal une faute lourde, Bréhima Kaména, ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat, des Domaines, de l’Aménagement du Territoire et de la Population, dans un communiqué signé le 15 février 2022, veut se disculper du scandale des logements sociaux. Si non comment comprendre son empressement à dissoudre la Commission d’attribution des logements sociaux ? Aucun bouc-émissaire ne devra payer à la place des vrais responsables tapis dans des bureaux feutrés.
De mémoires de maliens un acte de gouvernance n’a jamais fait autant de bruit. Dès l’annonce de la publication de la liste d’attribution des logements sociaux le vendredi 11 février 2022, les réseaux sociaux, les grins et même dans les marchés, la contestation a été des plus virulentes. Pour une fois des citoyens maliens ont décidé de demander des comptes à ceux qui gèrent les choses de la cité en leur nom et pour leur compte.
« C’est trop énorme, ce qui vient de se passer. Au nom du Malikoura qu’ils ont annoncé, nous ne pouvons pas admettre la survivance des anciennes pratiques que nous avons tous dénoncé », nous a indiqué un leader associatif dont nous taisons volontairement le nom. Notre interlocuteur n’est pas un cas isolé. De nombreux maliens, sur les réseaux sociaux, ne sont pas allés avec le dos de la cuillère. « Nous voulons que la lumière soit faite dans ce que nous pouvons considérer comme le plus grand scandale de la transition en cours au Mali. Mieux que la lumière, nous exigeons des sanctions exemplaires pour tous les responsables qui seraient impliqués dans cette affaire qui sape le moral du peuple malien, en cette période cruciale de son histoire », nous a indiqué un confrère dans une radio de la place.
Cette réaction du peuple malien qui veut désormais que les gouvernants leur rendent des comptes, est à saluer. Et, c’est sûrement au regard de cette mobilisation générale pour faire la lumière sur ce scandale aussi gros que le tas d’ordure qui jouxte le cimetière de Lafiabougou, en zone ACI, que le Ministre Bréhima Kaména est sorti de sa réserve en pondant dans la précipitation un communiqué qui cache mal la panique au haut sommet de l’Etat.
En réalité, si les différentes enquêtes annoncées sont bien conduites, les responsabilités seront situées et des têtes et non des moindres vont tomber. Et, si le communiqué du Ministre Bréhima Kaména visait à noyer le poisson dans l’eau ?
« Suite à la transmission de la liste définitive des bénéficiaires de la 2ème tranche des 12 566 logements sociaux de Bamako par la commission d’attribution, quelques anomalies ont été signalées au Ministères et à travers les médias ». C’est par cette phrase sans saveur que le Ministre Bréhima Kaména, dans son communiqué, tente de minimiser le scandale le plus grave de la transition au Mali, sous la Gouvernance du Premier Ministre Choguel Kokalla Maïga.
Et, comme pour montrer pattes blanches dans ce dossiers, il annonce : « Le ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat, des Domaines, de l’Aménagement du Territoire et de la Population, dans un souci de totale transparence, décide : le processus d’attribution est suspendu afin de procéder aux vérifications nécessaires ; la commission d’attribution est dissoute ».
Nous sommes surpris que sur la base de « quelques anomalies… signalées au Ministères et à travers les médias », le Ministre ait décidé de prendre une décision aussi grave de la dissolution de la commission d’attribution des logements sociaux. Enfin, sans enquêtes, le Ministre a son coupable tout désigné : Issa Guindo, président de la commission et ses collaborateurs, qui ont fait la plus et le beau temps à la tête de cette structure qui n’a jamais été transparente dans son travail. Qui au Mali n’a jamais entendu parler des quotas de telle ou telle autre autorité ou président d’Institution ?
Mais, en réalité, la rapidité avec laquelle le Ministre a pris la décision de dissolution de la commission, est de nature à cacher quelque chose.
Et, nonobstant cette décision du Ministre Bréhima Kaména, les enquêtes annoncées par les plus hautes autorités du pays doivent rapidement démarrer et se poursuivre pour faire toute la lumière sur cette affaire qui est de nature à faire fondre, comme glace au soleil, tout le crédit dont jouissait les autorités actuelles du pays. Mieux, cela va de la crédibilité de cette nouvelle démarche qui voudrait inculquer de nouvelles valeurs aux maliens.
Dans un tel contexte, aucune fuite en avant ne doit être tolérer et à plus forte raison distraire les maliens dans leur lutte pour une gouvernance vertueuse. Et, désormais, il va falloir que chaque malien sans gêne puisse grimper sur l’arbre de la transparence.
Assane Koné
Source : Arc en Ciel