Le Médiateur de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), Goodluck EBELE JONATHAN, ancien Président de la République Fédérale du Nigeria, a effectué une mission au Mali du 18 au 20 mars 2022. L’objectif de cette mission était de parvenir à un accord avec les autorités maliennes sur le délai de la transition au Mali. Mais le Médiateur de la CEDEAO a quitté la capitale malienne (Bamako) sans parvenir à un accord. Le Gouvernement du Mali a proposé un délai de 24 mois pour la durée de la transition tandis que la CEDEAO reste campée sur 12 à 16 mois. Toutefois, les deux parties (Mali-CEDEAO) ont réaffirmé, dans leurs communiqués respectifs en date du 20 mars 2022, leur volonté de poursuive avec les discussions afin de convenir d’un calendrier de transition acceptable.
«En vue de trouver un compromis entre les aspirations du peuple malien et les exigences de la communauté internationale, conformément aux instructions Assimi GOÏTA, Président de la Transition, le Gouvernement de la République du Mali a eu des consultations, le vendredi 18 mars et le samedi 19 mars 2022, avec le Médiateur de la CEDEAO, accompagné du Président de la Commission de la CEDEAO et le Comité local de suivi de la Transition.
Ces consultations se tiennent à la suite de la note verbale du 26 février de la représentation de la CEDEAO envoyée au Gouvernement du Mali et communiquant une proposition de chronogramme pour une Transition de 12 à 16 mois », précise le communiqué du gouvernement malien rendu public, le 20 mars 2022.
Dans ce communiqué, le Gouvernement a déploré le fait que cette proposition de la CEDEAO est essentiellement électoraliste et ne prend pas en compte les aspirations légitimes de reformes politiques et institutionnelles exprimées par le peuple malien. «Le Gouvernement de la République du Mali a produit et soumis un chronogramme révisé comprenant des actions relatives aux réformes politiques et institutionnelles, ainsi que des actions détaillées relatives aux élections avec un délai de 36 mois pour la Transition. Malheureusement, cette proportion n’a pas été acceptée par le Médiateur.
A la suite d’échanges fructueux aux termes desquels la pertinence des réformes a été reconnue par la CEDEAO, le Gouvernement a proposé un nouveau délai de 29 mois que le Colonel Assimi GOÏTA a, par la suite, dans un effort ultime visant à parvenir à un compromis réaliste et salutaire pour le Mali et la CEDEAO, ramené à 24 mois. Ce nouveau délai incompressible aux yeux des Autorités du Mali n’a pas reçu l’assentiment du Médiateur de la CEDEAO et de sa délégation qui sont restés sur leur position », a souligné le gouvernement malien.
Le Gouvernement de la République du Mali regrette cette absence de compromis à ce stade pour une Transition dont l’objectif est de poser les jalons de la Refondation du Mali, puis de mettre en place un nouvel cadre constitutionnel, gage de paix, de stabilité et de bonne gouvernance. Selon le gouvernement malien, la CEDEAO n’a toujours pas suffisamment pris en compte la complexité des enjeux auxquels le Mali est confronté et les aspirations profondes de son peuple déterminé à prendre son destin en main.
Cependant, le Gouvernement de la République du Mali réitère sa disponibilité à poursuivre le dialogue et à trouver une solution avec la CEDEAO et la communauté internationale dans l’intérêt supérieur des peuples d’Afrique de l’Ouest qui souffrent collectivement des conséquences des sanctions « illégales, illégitimes et inhumaines » prises à l’encontre du Mali. Le Gouvernement de la République du Mali tient à préciser que durant toutes les consultations, le 18 et le 19 mars 2022, le seul délai qui a été présenté par le Médiateur est une durée de douze (12) mois pour la Transition, tandis que la partie malienne, dans ses efforts en vue de parvenir à une solution consensuelle, a présenté successivement un délai de 36 mois, puis de 29 mois, qui a été ramené à 24 mois par le Colonel Assimi GOÏTA dans un effort ultime visant à parvenir à un compromis réaliste et salutaire pour le Mali et la CEDEAO.
Le Médiateur de la CEDEAO, Goodluck E Jonathan, a, dans un communiqué du 20 mars 2022, réitéré la solidarité constante de la CEDEAO avec le Mali et son peuple, ainsi que son engagement à faciliter un accord pour la restauration de l’ordre constitutionnel au Mali. Un tel accord, dit-il, permettra de lever progressivement les mesures prises par la CEDEAO, de même qu’il permettra au Mali de relever les nombreux défis auxquels le Mali est confronté, notamment en matière de sécurité, de gouvernance et de réformes socio-économiques, dans un environnement plus favorable, avec le soutien de la région, de l’UA (Union Africaine) et de la communauté internationale au sens large. Le Médiateur a réaffirmé sa volonté de continuer à discuter avec les autorités maliennes afin de convenir d’un calendrier de transition acceptable. En outre, Le Médiateur a demandé au Comité Local de Suivi et aux experts de poursuivre leur travail avec les autorités maliennes.
Aguibou Sogodogo
Source : Le Républicain