Cet accord de coopération est considéré comme une base juridique qui aboutira à la signature d’un plan d’action entre les deux parties et qui définira les domaines d’intervention
La journée d’hier du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga au Qatar a été marquée par la signature d’un protocole d’accord économique et commercial entre nos deux pays, à travers leurs Chambres de commerce et d’industrie respectives. Pour le Mali, Youssouf Bathily, le président de la Chambre de commerce et d’Industrie du Mali (CCIM) a signé le document. Son homologue qatari, Sheikh Khalifa Bin Jassim Al-Thani, a également apposé sa signature au bas du protocole.
La cérémonie de signature s’est déroulée au siège de la Chambre de commerce et d’industrie du Qatar sous le regard du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga. Le président de la CCIM a expliqué que cet accord vise à établir des relations économiques et commerciales entre le Mali et le Qatar à travers les opérateurs économiques des deux pays et concerne essentiellement les domaines d’investissement comme l’agriculture, l’élevage, les mines, l’énergie, les infrastructures de transport. Cet accord de coopération est considéré comme une base juridique qui aboutira à la signature d’un plan d’action entre les deux parties et qui définira les domaines d’intervention.
Le président de la Chambre de commerce et d’industrie du Qatar s’est réjoui de la visite de son homologue malien et de la signature de ce protocole d’accord entre les deux structures. Il a promis de conduire rapidement au Mali une importante délégation d’opérateurs économiques qataris pour venir explorer les opportunités d’investissements (agriculture, élevage, mines, etc).
De son côté, le ministre qatari de la Dotation et des Affaires religieuses, Shahin Al Ghanem a salué la visite du Premier ministre dans son pays et promis qu’une suite favorable sera donnée aux doléances exprimées par la partie malienne.
À l’issue de sa rencontre avec le ministre qatari de la Dotation et des Affaires religieuses, le Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga, s’est félicité du fait que notre pays est en train de retrouver la paix. Et à ce titre, il a besoin d’investissements massifs dans les domaines de l’agriculture, l’élevage, la formation professionnelle, les transports, les infrastructures et la transformation des produits locaux pour se développer. Le chef du gouvernement a aussi expliqué à son hôte les exemples du coton qui fait aujourd’hui du Mali, le premier producteur africain au sud du Sahara, du blé, des mines et de l’élevage qui occupe la 2è place dans l’espace Cedeao après le Nigeria.
LES POPULATIONS VULNÉRABLES CONCERNÉES- Dr Choguel Kokalla Maïga a révélé que la graine de coton est rachetée au paysan malien à 280 Fcfa le kg et que la production brute est exportée à 98%. «Ce coton malien transformé en fil coûte 4.000 Fcfa et une fois tissé, il coûte 10.000 Fcfa. Il y a lieu de créer toute cette valeur ajoutée chez nous et cela ne peut se faire qu’à travers un investissement massif dans la manufacture et la filature. Ce sera aussi de la création d’emplois pour tous les intervenants de la chaîne de valeur, et mettra nos paysans et l’État à l’abri des diktats du commerce international. Le Mali a un besoin de consommation de 350.000 tonnes de blé par an. Si le Qatar investit dans ce domaine, il pourra satisfaire notre marché et exporter le surplus ou le vendre sur le marché international.
La production nous mettra également à l’abri des importations avec des prix internationaux fluctuants», a indiqué le chef du gouvernement qui a également expliqué les avantages en matière d’élevage pour la production de viande. La construction d’abattoirs modernes permettra d’exporter de la viande au Qatar et de générer des ressources avec la valorisation des produits dérivés. L’or se révèle être un filon qui intéresse les investisseurs qataris. Dr Choguel Kokalla Maïga a attiré l’attention de son interlocuteur sur la nécessité d’apporter un soutien aux populations vulnérables (handicapés, réfugiés, déplacés, ménages démunis, etc).
Il n’a pas oublié la proportion de plus en plus importante de locuteurs arabophones grâce à la promotion de l’enseignement de la langue arabe dans nos écoles. Ces derniers sont confrontés à une pénurie d’emplois en raison de leur cursus scolaire ou universitaire spécifique d’une part et d’autre part de la faible présence d’entreprises arabophones dans notre pays qui puissent leur offrir un travail décent.
La mission a, en outre, insisté sur la nécessité de tenir une grande journée économique au cours de laquelle l’ensemble des secteurs de coopération seront examinés et pour lesquels des besoins d’investissements massifs s’imposent. L’équipement des Forces de défense et de sécurité est plus que jamais d’actualité en raison de la situation sécuritaire préoccupante que le Mali connaît depuis plusieurs années. Le volet culturo-religieux et patrimonial de Tombouctou a été évoqué lors des échanges avec la partie qatarie.
Le chef du gouvernement a insisté sur la nécessité d’apporter un appui conséquent à la sauvegarde des manuscrits de la Cité des 333 Saints. Le Qatar a manifesté son intérêt pour la sauvegarde du patrimoine de Tombouctou. Pour couronner tous ces entretiens, des missions techniques conjointes seront dépêchées au Qatar pour échanger et peaufiner tous les axes de coopération avec cet émirat du Golfe.
Envoyé spécial
Moriba COULIBALY
Source : L’Essor