Le président du Conseil national de transition (CNT), le Colonel Malick Diaw, a présidé ce lundi 4 Avril 2022, la rentrée solennelle de l’organe parlementaire de la Transition malienne. Dans son discours d’ouverture, le Colonel Malick Diaw a fustigé les sanctions de la CEDEAO, de l’UEMOA et de l’Union européenne contre le Mali. Il a aussi invité les membres du conseil à porter une attention particulière pour la session à venir, sur les réformes avenir notamment la loi électorale tout en interpellant le Premier ministre sur le bilan présenté devant le CNT lors de la session passée. Ci-dessous son discours intégral.
DISCOURS D’OUVERTURE DE LA SESSION ORDINAIRE D’AVRIL 2022 DU CONSEIL NATIONAL DE TRANSITION
“Monsieur le Premier ministre, Chef du Gouvernement,
Messieurs les Présidents des Institutions de la République,
Chers collègues membres du Conseil National de Transition,
Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement,
Excellences, Mesdames et Messieurs les représentants du corps diplomatique,
Madame et Messieurs les Présidents des Autorités Administratives Indépendantes,
Monsieur le Chef d’Etat-major Général des Armées,
Messieurs les Chef d’Etat-major et Directeurs de Services,
Monsieur le Gouverneur du District de Bamako,
Madame le maire de la Commune III du District de Bamako,
Mesdames et Messieurs les représentants des partis politiques,
Messieurs les représentants des familles fondatrices de Bamako et des autorités traditionnelles et religieuses,
Distingués invités, en vos rangs, qualités et grades, Mesdames et Messieurs,
En hommage à toutes les victimes civiles et militaires, maliennes et étrangères, tombées sur le sol malien du fait du terrorisme, je vous prie de bien vouloir observer une minute de silence. Que leur âme repose en paix !
Je vous remercie.
Distingués invités, Mesdames et Messieurs, Je vous souhaite à toutes et à tous la cordiale bienvenue au Conseil national de Transition.
Conformément à l’article 65 de notre Constitution, aujourd’hui, premier lundi du mois d’avril, consacre le démarrage solennel de la session ordinaire d’avril 2022 du CNT. A vous tous qui nous avez fait l’honneur d’être présents ici cet après midi, je vous exprime ma profonde gratitude et ma totale reconnaissance. Votre constance à nos côtés constitue pour nous une source inépuisable de motivation, de confort et de réconfort dans la poursuite de notre mission parlementaire pour le renouveau de la mère patrie.
Votre présence en ces lieux représente en outre pour nous, un signal fort de votre attachement et de votre soutien renouvelé au CNT, en tant qu’organe législatif de la transition chargé notamment du vote des lois, du contrôle de l’action gouvernementale, de l’orientation et du suivi-évaluation de la feuille de route de la transition.
Je voudrais particulièrement saluer le Premier ministre, Chef du Gouvernement de Transition, pour sa participation à cette rentrée parlementaire.
Au nom du CNT, je réitère mes encouragements à tous les ministres pour les efforts fournis quotidiennement dans la conduite de la transition, sous la clairvoyance de S.E Le Colonel Assimi GOITA, Président de la Transition, Chef de l’Etat.
Chers Collègues, Distingués invités, Le 9 janvier 2022, à l’issue de leurs sommets extraordinaires respectifs, l’UEMOA et la CEDEAO ont pris des sanctions injustes, injustifiées et inhumaines à l’encontre de notre pays.
La finalité desdites mesures, comme vous le savez, était d’isoler complètement le Mali et le sevrer de ressources.
Dotées d’une bravoure légendaire, les populations maliennes des villes et des campagnes ainsi que celles de la diaspora, sont sorties massivement, le 14 janvier 2022, pour défendre la patrie, soutenir les autorités de la transition, glorifier les Forces Armées Maliennes et fustiger l’attitude de ces organisations sous régionales dont le Mali est pourtant fier d’en avoir été membre fondateur.
Cette mobilisation populaire gigantesque, inédite dans l’histoire de notre pays, restera éternellement gravée dans nos annales. Elle est la preuve parfaite que face à l’adversité, face à l’arbitraire, les maliens restent toujours unis singulièrement lorsque l’ennemi découvre son front. Cependant, comme si ces mesures ne suffisaient pas, l’Union Européenne, à laquelle nous n’appartenons point, sauf erreur de ma part, a également rajouté d’autres sanctions ciblant certaines personnalités de notre pays.
Finalement nous sommes en bon droit de nous demander pourquoi tant d’acharnement et d’agressivité contre notre pays et ses dirigeants. Pourquoi tant de volonté à vouloir assujettir notre peuple et ses gouvernants ?
Qu’avons-nous fait d’extraordinaire si ce n’est d’afficher simplement notre détermination à mieux sécuriser notre territoire et à prendre un nouveau départ pour le Mali ?
Pour cela, on nous désavoue et on tente de nous dénigrer partout sur la scène internationale. Un épisode récent est d’ailleurs très instructif à ce sujet. En effet, suite à la campagne d’intoxication médiatique orchestrée contre notre pays et les FAMA, les autorités de la transition ont décidé de suspendre la diffusion au Mali de RFI et France24. Il n’en fallait pas davantage pour pousser le Président français à avouer
publiquement ce que l’opinion soupçonnait depuis fort longtemps. Oui, Mesdames et Messieurs, cela a été juste suffisant pour exposer encore au grand jour l’influence coupable dont la CEDEAO semble faire l’objet, spécialement sur le dossier du Mali. En effet, lors de sa conférence de presse de campagne du 17 mars 2022, diffusée sur la Chaîne BFM TV, le Président MACRON déclarait grossomodo sur le sujet, je cite : « J’en appelle à la CEDEAO, l’Organisation régionale et à l’Union Africaine pour prendre les décisions qui conviennent et que la France appuiera comme nous l’avons fait à chaque fois. Là, je compte m’entretenir dès demain avec le Président Nana Akufo Addo, Président en exercice de la CEDEAO pour l’appeler à prendre toutes les décisions utiles en la matière. » Fin de citation.
Mesdames et Messieurs, c’est cela malheureusement la triste réalité, c’est cela la triste vérité. C’est de cette manière sous-marine que les questions concernant le Mali sont traitées. C’est de cette même manière que des coups sont portés à notre pays pour l’obliger à rentrer dans le rang. Mais Dieu veille et les maliens restent debout sur les remparts comme l’ont fait nos fiers devanciers, résistants téméraires des grands empires et royaumes du Mali. Entretemps, les pourparlers avec la CEDEAO se poursuivent néanmoins pour accorder nos positions au seul bénéfice du Mali et de la sous-région ouest africaine car, après tout, nous demeurons un peuple panafricaniste et un peuple de dialogue.
Il est clair pourtant que le Mali ne sollicite aucunement un traitement de faveur quelconque mais souhaite seulement être compris et traité dignement. Nous voulons juste que notre pays soit maitre de sa propre destinée, qu’il puisse vivre en paix et entretenir désormais des relations bilatérales ou multilatérales de façon souveraine avec ses partenaires et ses amis. 5 Chers collègues, je voudrais solennellement, ici, exprimer la reconnaissance et la gratitude des autorités et du peuple malien à tous les pays frères et amis, à tous ceux qui de par l’Afrique et le reste du monde ont démontré leur solidarité agissante à l’endroit de notre pays. L’occasion est bonne pour féliciter le Gouvernement qui a su mettre rapidement cette période d’embargo à profit pour diversifier les opportunités économiques du Mali. L’occasion est bonne également pour saluer toutes les initiatives prises par le Gouvernement pour attaquer les sanctions économiques injustement imposées à notre pays devant la Cour de Justice de l’UEMOA.
Le sursis à l’exécution desdites sanctions décidé par cette Cour, le 24 mars 2022, en dit long sur leur illégalité et la force des arguments développés par l’Etat malien et ses avocats à travers lesquels je félicite tout le barreau malien. En dépit des conséquences souhaitées par les décideurs de ces sanctions contre notre pays et en dépit de l’attitude malveillante de ces mêmes décideurs qui continuent malgré le verdict de la Cour à nier l’évidence et à persévérer dans l’illégalité manifeste, nous réaffirmons tout notre attachement et notre foi en la capacité de résilience du vaillant peuple malien. Chers collègues, Mesdames et Messieurs, Nonobstant toutes les turbulences de parcours que connait notre pays, force est de reconnaitre que la transition malienne se poursuit sereinement et avec responsabilité vers son but ultime. La loi portant révision de la Charte de la Transition que le CNT a adoptée le 21 février 2022 rentrait d’ailleurs dans ce cadre.
Cette révision, faut-il le rappeler, résultait de la nécessité de procéder à certains ajustements indispensables à l’atteinte des objectifs majeurs de la transition. 6 En tout état de cause, je me dois de signaler que les autorités de la transition ne faibliront jamais pour relever les divers défis inscrits dans la Charte révisée de la Transition.
Je l’ai toujours dit et je me permets de le redire cet après-midi, l’ambition de tous les acteurs du changement est de faire en sorte que le Mali ne retombe plus jamais dans les erreurs et les errements du passé. En décidant d’intervenir le 18 août 2020, nous, acteurs militaires, avions déjà sacrifié notre vie pour une cause que nous croyons juste et salutaire pour la survie de notre pays. Aujourd’hui plus que jamais nous sommes déterminés à donner notre vie s’il le faut pour préserver l’intégrité et le renouveau du Mali.
Nous ne sommes pas dans cette transition pour le plaisir et nous n’entendons pas non plus la laisser dérouter. Notre souhait le plus ardent est que tous les maliens se joignent aux autorités de la transition, sous le leadership de Son Excellence le Colonel Assimi GOITA pour le sursaut national. D’ailleurs, pour la gestion de la transition, nous avons toujours voulu que tous les fils du Mali y prennent une part active. Ceux qui ont des griefs ou des appréhensions quelconques ont toujours eu la possibilité de les soumettre ou de les exposer à travers des canaux appropriés. Tout en respectant les opinions des uns et des autres, j’estime que nos compatriotes doivent plutôt retenir qu’une transition mal conduite est la voie toute tracée vers d’autres remous. Que Dieu nous en préserve !
Evitons donc tout acte susceptible de fragiliser la transition, singulièrement au moment où le Mali est en train de trouver sa voie malgré les épreuves et les contraintes de l’heure. A cet égard, le mieux que nous pussions faire ensemble est de continuer sur cette lancée de façon ordonnée et coordonnée afin de consolider les acquis déjà enregistrés. Nous souhaitons donc vivement que cette transition en 7 cours soit vraiment la dernière au Mali. Donnons-nous par conséquent les moyens pour que cela soit !
Chers collègues, Mesdames et Messieurs, Sur les plans militaire et sécuritaire, le Mali à l’instar des autres pays du sahel, reste toujours confronté aux défis récurrents du terrorisme. Notre pays, vous le savez, a été malheureusement endeuillé ces dernières semaines par certaines attaques terroristes dont la plus meurtrière a été celle du 4 mars 2022 ayant pris pour cible le poste militaire de Mondoro. Tout en condamnant à nouveau cet attentat lâche et ignoble, nous saluons la bravoure et la riposte énergique de nos forces qui ont permis d’infliger de lourdes pertes à l’ennemi. Nous réitérons nos condoléances émues à la nation malienne toute entière, à l’Armée malienne ainsi qu’aux familles des vaillants militaires tombés sur le champ de l’honneur.
A tous les blessés, nous leur adressons également nos vœux de prompt rétablissement. Au-delà, nul doute que la physionomie de la lutte que mènent les Forces Armées Maliennes contre les groupes terroristes a littéralement changé depuis des mois. En effet, nous notons avec satisfaction que les FAMAS maintiennent avec constance leur démarche offensive de neutralisation des terroristes et de leurs nids criminogènes.
Les nombreux résultats engrangés sur les différents théâtres d’opération et largement salués par nos populations dénotent de la montée fulgurante en puissance de notre Armée. S’y ajoute le retour volontaire de plusieurs milliers de réfugiés dans leurs localités d’origine. C’est l’occasion de renouveler nos vives félicitations et nos encouragements à l’ensemble des forces de défense et de sécurité maliennes dans l’accomplissement de leur mission régalienne et républicaine. C’est aussi l’occasion de leur notifier que le CNT œuvrera toujours aux côtés des plus hautes autorités de la transition pour doter notre pays de forces armées bien formées, bien équipées, motivées, performantes et résolument engagées dans la défense de la patrie et dans la protection des personnes et de leurs biens. Sur le plan de la diplomatie parlementaire, à l’invitation des autorités de la République sœur de Guinée, notre Institution a participé à la session inaugurale du Conseil National de Transition de la Guinée, le 05 février 2022. Pendant le séjour de la délégation que j’ai conduite moimême, nous avons pu échanger largement avec plusieurs autorités guinéennes y compris le Président de la Transition, le Colonel Mamadi DOUMBOUYA sur des sujets d’intérêt commun. C’est le lieu de magnifier à nouveau l’élan général de solidarité et de fraternité déployé par le peuple guinéen en direction de notre pays. Merci sincèrement à nos frères guinéens qui ont su démontrer à la face du monde leur attachement profond au Mali et à nos valeurs ancestrales. Dans la même rubrique, je voudrais saluer les bonnes relations que nous entretenons avec l’Union Interparlementaire (UIP) qui regroupe 179 parlements nationaux, à travers le monde. Cette coopération fructueuse que nous avons redynamisée à travers la signature d’un nouveau protocole d’accord a permis déjà au CNT de bénéficier de l’appui de l’UIP à certaines activités parlementaires et administratives. Je voudrais aussi signaler qu’une délégation du CNT séjourne actuellement à Strasbourg dans le cadre de la 41ème session de l’Assemblée Parlementaire Paritaire ACP/UE dont l’ordre du jour comporte, entre autres, des questions intéressant notre pays.
Chers collègues, Après son installation le 5 décembre 2020, le CNT entame aujourd’hui sa deuxième session ordinaire d’avril. Elle couvrira une période de 90 jours et aura à examiner, en l’état actuel du tableau des saisines, trente (30) projets et propositions de loi. Certains de ces dépôts, faut-il le souligner, sont essentiels à la refondation de notre pays. Tel est le cas du projet de loi électorale pour l’examen duquel vous voudriez bien accorder une attention particulière car constituant un des piliers de rectification de notre démocratie.
D’autres saisines non moins importantes recevront bien entendu les traitements appropriés. Il s’agit des projets de loi relatifs à la santé, à l’éducation, à la fonction publique, au statut des fonctionnaires de la Police, aux infrastructures et au Code des Douanes, entre autres. Il en est de même du recueil 2021 du Conseil Economique Social et Culturel dont nous saluons les efforts dans la compilation des attentes de la société civile.
Par ailleurs, le CNT reste disposé à examiner avec la diligence requise, aussi bien au cours de cette session qu’en session extraordinaire, tout projet de texte élaboré par le Gouvernement dans le cadre de la mise en œuvre des recommandations des Assises Nationales de la Refondation.
En outre, diverses activités de contrôle de l’action gouvernementale, des visites de terrain des Commissions générales ainsi que des séances de renforcement des capacités seront au menu de nos travaux. Sur la base des acquis cumulés lors des sessions antérieures, je demeure confiant quant à l’engagement patriotique de l’ensemble des membres du CNT et de l’Administration à faire également de cette session d’avril une session de confirmation du rôle central du CNT dans le processus de transition.
Sur ce point précis, je voudrais m’adresser solennellement au Premier Ministre pour lui dire qu’indépendamment des évaluations périodiques faites du PAG, les maliens veulent savoir exactement l’état d’avancement du processus de transition ainsi que le chronogramme détaillé. Cela est d’autant plus important que c’est au peuple que revient la paternité des conclusions des ANR notamment celles devant aboutir à un retour rapide à l’ordre constitutionnel. Les échanges en cours avec la CEDEAO ne devraient en aucune manière constituer un facteur de blocage de notre processus de refondation. Sur cette question, Monsieur le Premier Ministre, vous serez certainement invité à passer devant le CNT, conformément à sa mission de contrôle de l’action gouvernementale, pour des échanges plus approfondis dans un bref délai.
Chers Collègues, Distingués invités, Avant de clore mon propos, je tiens à rappeler qu’avec une production record de plus de 760 000 tonnes au titre de la campagne 2021-2022, le Mali est redevenu premier producteur de coton en Afrique. Cet exploit réalisé grâce aux efforts soutenus des autorités de la Transition et des acteurs de la filière coton mérite largement d’être salué, encouragé et poursuivi. Bravo aux cotonculteurs maliens et vivement la campagne 2022-2023. Enfin, Mesdames et Messieurs, l’ouverture de la présente session ordinaire intervient au moment où la communauté musulmane entame le mois sacré de ramadan, mois de dévotion, de prières et de pardon. Je voudrais, à cet effet, souhaiter à toute la « Oumma » islamique un bon mois de ramadan.
A la communauté chrétienne qui observe également le jeûne depuis quelques semaines, je lui souhaite une bonne continuation de carême. Que Dieu dans sa miséricorde nous couvre de 11 sa grâce infinie. Que le Tout Puissant veille sur nos populations et procure à notre pays une paix durable et une croissance harmonieuse. Sur ce, je déclare ouverte la session ordinaire d’avril 2022 du Conseil national de Transition.
Je vous remercie”.
Source : Maliweb.net