Sanctions de la CEDEAO/UEMOA contre le Mali : Pourquoi le président Ouattara veut humilier Bamako

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Alassane Ouattara
Alassane Ouattara

Pour de nombreux observateurs avertis, le président Alassane Ouattara fait de l’application des sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA contre le Mali une question d’honneur personnel. Il ferait feu de tout bois pour faire reculer les autorités de transition du Mali.

Selon certaines sources, le président ivoirien aurait soupçonné Tiémoko Meyliet Koné d’un certain « laxisme » à la tête de la BCEAO en faveur du Mali dans le cadre des sanctions prises à son encontre. M. Koné, qui n’a pas oublié ses origines sénoufo du Mali (région de Sikasso) aurait aidé l’économie malienne par certains mécanismes à résister héroîquement aux sanctions financières édictées par les chefs d’Etats de la CEDEAO et de l’UEMOA et que les premiers responsables de la BCEAO n’ont pas nécessairement appréciées. Leurs réticences à sanctionner le Mali ont donc fait grand bruit et auraient déplu au président ivoirien, plus que ferme dans sa volonté de mettre à genou les colonels qui ont renversé feu le président IBK (un grand ami de Ouattara) le 18 août 2020. Cela a suffi pour décider le dirigeant ivoirien à nommer, le 19 avril dernier, le désormais ex-gouverneur de la BCEAO, Tiémoko Meyliet Koné au poste stratégique et hautement symbolique de vice-président de Côte d’Ivoire. Faut-il rappeler que ce poste de vice-préésident est simplement honorifique et ne sert qu’à honorer les chrysanthèmes, ce qui avait poussé Daniel Kablan Duncan à y démissionner précédemment ?

C’est donc pour mieux maintenir l’étau du « gel des avoirs de l’Etat malien à la BCEAO », le président Alassane Dramane Ouattara (ADO) de la Côte d’Ivoire vient de relever Tiémoko Meyliet Koné à la tête de cette institution, pour y nommer, son homme de confiance Jean-Claude Kassi Brou, récemment encore président de la Commission de la CEDEAO. Ce dernier est connu comme étant très engagé à « punir » les auteurs du coup d’Etat qui a renversé IBK et dissuader ainsi d’éventuels militaires comploteurs putschistes de la sous-région ouest-africaine.

En effet, pour le président ADO, il faut tout mettre en œuvre pour obliger les hommes forts du Mali à « ajouter de l’eau à leur gnamakoudji » (jus de gingembre). Comme pour dire que les dirigeants de la CEDEAO ne doivent pas perdre la face, face au Colonel Assimi Goïta, ses frères d’armes et le Premier ministre Dr Choguel Kokalla Maïga. Ce qui incite celui qui a remporté le bras de fer contre Laurent Gbagbo en 2011, en s’alliant à la France, à ne ménager aucun effort pour serrer les boulons et faire souffrir son voisin malien.

En outre, il semble qu’ADO reproche aux autorités de la transition malienne une certaine accointance avec les milieux politiques pro-Guillaume Soro, auquel il veut régler des comptes. C’est pourquoi le président Ouattara veut déployer tous les efforts pour écourter le règne des autorités de la Transition malienne, qui ne soufflent pas dans la même trompette que les vieux dirigeants du continent. L’on se souvient de récriminations à Bamako contre une conversation téléphonique interceptée dans laquelle le président Ouattara et un ancien Premier ministre d’IBK auraient tenu des propos peu amènes sur le régime de transition malien… C’est donc un climat de « je t’aime, moi non plus » qui prévaut entre Bamako et Abidjan, depuis plusieurs mois…

Mais, la question qui se pose est de savoir si le président Ouattara pourra parvenir à ses desseins, sans l’accompagnement des autres dirigeants de l’espace CEDEAO et surtout sans l’appui de la France. Cela n’est pas gagné d’avance, quand on sait que le Mali est un grand peuple qui n’aime pas plier l’échine devant certaines adversités, un peu qui se veut résilient et hautement résistant.

Boubou SIDIBE

Source : Maliweb.net

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