Vendredi, le bureau exécutif de l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM), est sorti de sa torpeur à travers une correspondance, sous la signature de son Secrétaire Général, Yacouba Katilé, adressée personnellement au Premier ministre de la Transition, Dr Choguel Kokalla Maiga, suite à son passage devant le CNT le 21 avril passé. Dans cette correspondance, le ton n’est pas amical, les propos peu avenants et le message clair : la résolution sans délai de la situation des droits des compressés et des retraités par anticipation.
Longtemps tenu par le devoir de réserve, en raison de la situation exceptionnelle dans laquelle le pays se trouve, le bureau exécutif de l’UNTM (Union Nationale des Travailleurs du Mali) a finalement brisé le silence. Ce, depuis le vendredi 6 mai, à travers une correspondance, signée de son Secrétaire Général, Yacouba Katilé, adressée au Gouvernement contre son mutisme face à la situation des droits des compressés et des retraités par anticipation.
Dans cette correspondance, le SG de l’UNTM après avoir salué et félicité les autorités de la transition pour l’œuvre de restauration de notre souveraineté, entreprise sous leur haute inspiration et autorité, a affirmé avoir appris avec le cœur serré certains propos du Premier ministre devant le CNT, le jeudi 21 avril, sur les droits des travailleurs victimes de réformes économiques initiées par l’Etat malien avec la Banque mondiale et la FMI.
La promesse non tenue de la Transition !
« Autant vos prises de position pour le paiement direct des droits aux bénéficiaires, sans passer par les services de notaires et d’avocats ont fait merveille aux travailleurs, autant le jugement que l’on vous prête selon lequel les problèmes des compressés et des retraités par anticipation ne sont pas prioritaires pour le Gouvernement ont assisté le monde du travail », s’est indigné le premier patron de la principale Centrale des travailleurs du Mali dans cette correspondance. Et de rappeler qu’il s’agit des droits ayant des fondements salariaux d’ex-travailleurs qui ont fait des sacrifices pour que les programmes d’ajustement structurel du pays ne soient voués à l’échec. « L’Etat étant une continuité en dépit de vicissitudes politiques, vous-même, faut-il le rappeler aviez ordonné en 2021 que les compressés et les retraités par anticipation ouvrent des comptes en banque, d’où seront payés leurs droits avant la fête de Tabaski. Cette décision donnait à notre Transition une crédibilité, une sympathie qui étaient largement loués partout, y compris à l’étranger parmi nos compatriotes établis à l’extérieur », a rappelé le SG de l’UNTM au Premier ministre de la transition.
Dans la même foulée, même si on affirme que l’UNTM n’est pas en odeur de sainteté auprès de l’actuel PM, cela n’a pas empêché son Secrétaire Général de clarifier au Premier ministre Maïga que : « des innocentes personnes sont privées de leurs droits acquis sur la base de leurs salaires qui ont des valeurs humaines incontestables ».
La trêve de l’UNTM ne saurait occulter cette question !
Dans cette correspondance, le patron de l’UNTM a rappelé que lors des discussions sur la trêve, l’UNTM a fait remarquer que : « les droits des victimes des programmes d’ajustement structurel ne sauraient être gérés à l’aune de la trêve, mais qu’il fallait les apurer pour adoucir l’extraordinaire dénuement où les intéressés se trouvent ».
Sur un autre registre, mais toujours dans la même correspondance, le SG Katilé a révélé que l’UNTM est brimée sous l’impulsion de l’actuel PM au sein du M5-RFP. Qui aurait demandé aux départements de faire la promotion des syndicalistes des organisations qui ont fait ‘’selon le PM’’, la lutte pour le changement. « C’était le signal contre notre Centrale partout », a-t- il déploré, tout en signifiant que L’UNTM n’ayant aucun regret de ses prises de position d’hier à aujourd’hui, a fait pour le succès du changement, plus que nombre de protagonistes ayant agi dans l’ombre du M5-RFP. « Mais encore aujourd’hui plus qu’hier son seul vouloir, sa seule mission historique est la défense des intérêts des travailleurs et de ceux suprêmes du peuple malien. Ce qui n’est pas le cas pour les spécialistes de calculs politiques ».
Pour corroborer cette situation de mépris des autorités de la transition contre sa Centrale syndicale et le SNEC, Yacouba Katilé a rappelé certains faits du PM, ses amis dans le gouvernement, dans le CNT et dans le M5-RFP qui jurent avec le droit et la liberté syndicale, partie intégrante des Droits humains fondamentaux. N’eut été cela, affirme son Secrétaire Général : l’UNTM aurait pu soulager le calvaire des fonctionnaires face à la cherté de la vie à travers des mesures consensuelles. « Puis que c’est l’UNTM, vous vous y refusez », estime le SG de l’UNTM.
Après avoir touché du doigt le non-respect par le Gouvernement de ses engagements dans les accords du 5 février 2021, le patron de l’UNTM a décrié les charges indues aux autorités de la transition malienne. Pendant que, dira-t-il :« A côté de chez nous, les charges publiques de la transition sont bénévoles, voilà une marque de patriotisme qui vous a manquée, vous et vos camarades ».
Pour mettre les points sur les i, le Secrétaire Général de l’UNTM a clarifié, qu’ils ne nourrissent aucun ressentiment contre qui que ce soit, aucune rancune, aucun désir de revanche. D’ailleurs que l’UNTM et ses membres soutiennent le Président de la Transition, en lequel le peuple se reconnait. Et cela a justifié, selon toujours le patron de la Bourse du travail, l’option libre et souveraine d’arrêter les grèves, de ne plus déposer de nouvelles revendications, pourvu que, les anciennes soient progressivement apurées. Et dans un ton ferme, Yacouba Katilé s’est adressé au chef du Gouvernement en ces termes : « Vous et votre tendance M5-RFP, et membres du gouvernement, pensez que tout respect des accords signés est une abdication devant le « casse-pied » que constitue l’UNTM. D’accord, mais c’est oublier que l’UNTM peut beaucoup plus que ça ». Comme si cela ne suffisait pas, le SG de l’UNTM a indiqué que la ligne rouge est la tentative de prolifération du négationnisme de la Révolution démocratique du 26 mars 1991 et de ses résultats, sans lesquels aujourd’hui ne sera pas. « Il ne faut pas que cela se répète », a-t-on avertit. Et de dire au PM que s’il n’est pas opportun de soulever les questions susceptibles de renforcer des ombrages dans leurs relations, le problème des compressés et retraités par anticipation restera le symbole de la reconnaissance pour les services rendus à la Nation au moment de leurs activités professionnelles.
Il sied maintenant au Gouvernement d’élucider cette question des compressés et des partants volontaires, car c’est sa promesse à l’UNTM.
Adama Tounkara
Source: Mali Tribune