Les dirigeants de la CEDEAO pourraient-ils obtenir l’exigence de la mise en place d’un nouveau « gouvernement de mission » au Mali, avec un délai court de prolongation de la transition?
Selon certaines indiscrétions, la médiation du président togolais Faure Gnassingbé en faveur de la levée des sanctions de la CEDEAO contre le Mali pourrait aboutir, sous réserves de certaines conditions. Celles-ci auraient l’allure d’une pilule très amère pour le pouvoir de transition qui, on le sait, est dans une posture souverainiste difficilement flexible.
En effet, si ces sanctions, en particulier l’embargo, qui ont été décrétées contre le Mali ont été prises, et ce depuis le 9 janvier 2022, c’est du fait des prises de position nationaliste des autorités de la Transition. Alors qu’à leur prise du pouvoir, les jeunes officiers ont été conseillés à être « souples et coopératifs » avec les partenaires du pays. « Vous devez tout faire pour ne pas vous mettre à dos la communauté internationale ». C’était l) le conseil répété à loisir à l’endroit du Colonel Assimi Goïta et ses frères d’armes par la plupart des interlocuteurs, dont des anciens présidents aujourd’hui disparus.
Or, les nouveaux hommes forts du Mali connaissent l’aversion de la communauté internationale pour tous les coups d’Etats quels qu’ils soient. C’est ce qui a permis dès les lendemains du 18 août 2020 de noter l’opposition de la CEDEAO au renversement du régime démocratiquement élu de feu le président IBK. Le Colonel Assimi Goïta devrait donc ménager la susceptibilité des partenaires du Mali pour aller à une transition raisonnable. Cela n’ pas été le cas.
Sous l’impulsion du Premier ministre Choguel Maïga, qui était apparu comme le plus fervent défenseur des fameuses assises de la refondation nationale, l’option d’une transition prolongée a été choisie, contre, pourrait-on dire, vents et marées ! Après les premiers dix-huit mois, les autorités proposaient une rallonge de 5 ans ! C’était la crise de lèse-CEDEAO, qui a frappé du poing sur la table ; des sanctions « inhumaines et injustes ».
A présent, la CEDEAO serait prête à lâcher du lest, mais elle rejette catégoriquement les 24 mois incompressibles et les bases de discussions avec le nouveau médiateur, le président togolais, Faure Gnassingbé, porte sur un nouveau délai de 16 mois avec la demande pressante de changement de gouvernement. La question se pose alors de savoir si Assimi Goïta va se plier) ces exigences, qui heurtent la souveraineté tant exhibée par les autorités maliennes? Le président de la Transition a-t-il encore le choix de refuser cette opportunité d’aller vers la levée progressive des sanctions qui étouffent le pays ? Rien n’est moins sûr. Car, le pays est aujourd’hui sérieusement secoué par les sanctions et a visiblement besoin d’une bouée de sauvetage pour desserrer l’étau qui l’étrangle. C’est pourquoi c’est le président de la Transition, qui a lui-même dépêché une mission commando à Lomé pour quasiment demander au dirigeant togolais de s’investir pour un dénouement heureux de cet étranglement suicidaire.
En plus, Faure Gnassingbé apparaît désormais comme le seul ami ou interlocuteur favorable du chef de la transition malienne. Il est donc évident que le Colonel Assimi Goïta ne prendra pas le risque de rejeter une proposition qui aidera son pays à se sortir de l’impasse actuelle, surtout provenant des « efforts de médiation» de l’homme…Faure de Lomé ! Il ne peut pas non plus cracher sur une facilitation émanant du doyen des chefs d’Etat de la CEDEAO et aussi d’un bon protégé de Paris dans l’espace sous-régional. Celui-ci ne devrait-il pas aider Bamako ensuite à renouer ses rapports avec la France macronienne, dont le Mali peut difficilement se sevrer de l’aide ?
En conséquence, le colonel Assimi Goïta a désormais du pain sur la planche pour devoir accepter de prendre une pilule amère pour sauver le Mali et …se sauver, Sans son Premier ministre de rectification et en revoyant ses ambitions refondatrices à la baisse.
Boubou SIDIBE
Source : Maliweb.net