Dépendance alimentaire et militaire : Le Mali a l’Aube du changement de « maître » !

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Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, à Moscou, en Russie, jeudi 11 novembre 2021.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, à Moscou, en Russie, jeudi 11 novembre 2021.

Le divorce du couple France-Mali est sur le point d’être consommé. La tension diplomatique a finalement conduit au renvoi de Barkhane, de l’ambassadeur français et enfin à la dénonciation de l’accord de défense. Ce vieux couple n’a pas su surmonter ses hauts et bas et chemine inexorablement vers la fin de toute collaboration, la France soupçonnée, à demi-mot, d’avoir fomenté la dernière tentative de coup d’Etat au Mali.

Cette rupture profite à un concurrent. En effet, la Russie, après avoir été substituée aux forces françaises dans le cadre de la formation des militaires maliens et de la lutte contre le terrorisme, se voit accordée une place de choix dans les relations internationales maliennes. Elle est sollicitée pour la fourniture des armes et autres équipements militaires. Et,  dernièrement, elle a obtenu un accord sur la fourniture de blé au Mali.

On constate alors que le Mali est, de plus en plus,  dépendant de la Russie. Une dépendance militaire et alimentaire, qui va caractériser désormais leur relation, ne va-t-elle pas créer un rapport de subordination ? La question se pose et ce d’autant plus que le Mali subit de plein fouet les effets de l’embargo imposé par ses voisins. Sommes-nous entrain d’échanger un « maître »  que nous connaissons contre un autre dont nous ignorions les vraies motivations ?

En poussant la réflexion,  sans perdre de vue les enjeux, on peut se risquer à  affirmer que si la rupture avec la France était inévitable, celle-ci n’ayant pas su anticiper la réaction du peuple malien aspirant à plus de considération, cette amitié soudaine avec la Russie (la proportion qu’elle prend) suscite des interrogations. Et cela est d’autant plus vrai que les maliens ignorent les conditions imposées par ce partenaire. Les maliens soutiennent leurs autorités et se fient à leur jugement.

Les médias occidentaux font courir des rumeurs mais le peuple malien,  bien avisé, tente de s’unir et de soutenir leurs dirigeants. Ainsi,  en dépit du flou qui entoure la relation russo-malienne,  le peuple garde sa sérénité. Même lorsque l’armée n’a souhaité communiquer les coûts d’acquisition de certains équipements, le peuple est demeuré compréhensif. Le secret d’État a été invoqué et nous y avons cru. La sécurisation du territoire national n’a pas de prix, dit-on. Et ce n’est pas le partenaire qui contredirait cela. Il a désormais le vent en poupe !

Le changement de « maître », quoique le nouveau semble plus respectueux de la souveraineté nationale, est une réalité. Le Mali ne peut pas prétendre être un Etat indépendant alors même que sa sécurité militaire et alimentaire dépendent d’un autre. Son retrait du G5 Sahel et le renvoi de Barkhane ne peuvent être compensés que par la confiance que suscite la présence des russes. Dans ces conditions, les relations avec le nouveau partenaire pourraient être déséquilibrées.

Le Mali, s’étant isolé militairement, aurait-il suffisamment de moyens de négociation en face d’un partenaire aussi puissant ? En théorie, cette impression d’État souverain pourrait permettre de répondre par l’affirmatif. Mais la réalité pourrait bien être tout autre. Si le Mali continue de perdre ses appuis financiers, le jeu pourrait bien prendre une autre tournure. Mais fort heureusement, l’EU ne semble pas encline à  suivre la voix de la rupture totale. On en veut pour preuve le nouvel accord relatif à un appui financier de 33 milliards FCFA signé par le ministre des Affaires Etrangères.

A ce jour, beaucoup de questions demeurent sans réponse. Les maliens semblent perdus. La nouvelle dynamique impulsée, la bonne gouvernance et la montée en puissance de l’armée, des réalités palpables, suffisent pour réduire au silence les opposants les plus virulents. Tout n’est pas parfait mais les lignes bougent.

Nous ne pouvons, toutefois, qu’exhorter nos autorités à mettre de l’eau dans leur vin et de convenir d’une porte de sortie de crise avec la CEDEAO pour éviter un enlisement de la situation économique. Le peuple est souverain et c’est lui qui paie le prix de la révolution.  Résistera-t-il plus longtemps que de raison ? La question mérite d’être posée d’autant plus que la dernière tentative de coup  d’Etat prouve à suffisance l’existence d’une faction dissidente.

Dr DOUGOUNÉ Moussa

Source : Le Pélican

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