Edito : Un autre rendez-vous manqué

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Youssouf Sissoko
Youssouf Sissoko

Malgré l’éclatante victoire des Aigles du Mali par 4 buts à 0 face aux Diables rouges du Congo Brazzaville, les maliens n’étaient guère enthousiastes le samedi 4 juin après avoir appris la mauvaise nouvelle en provenance d’Accra où se tenait le sommet extraordinaire de la CEDEAO sur les crises au Mali, en Guinée et au Burkina Faso. En effet, la Communauté sous régionale a décidé de reporter sa décision de lever les sanctions économiques et financières qui pèsent sur le Mali depuis le 9 janvier 2022. Ce « verdict » des juges de la CEDEAO a fait l’effet d’une bombe au sein de la population malienne qui avait pourtant fondé de l’espoir sur une éventuelle normalisation des relations entre le Mali et ses voisins. Les maliens vont continuer à trimer du noir jusqu’au 3 juillet date du prochain sommet de la CEDEAO. La question que l’on est en droit de se poser est celle de savoir si l’histoire n’a pas donné raison à l’imam Dicko qui a qualifié d’orgueilleuse la Communauté internationale et d’arrogante les autorités maliennes.

En tout cas si tant est que la CEDEAO était celle des peuples, les chefs d’Etats n’allaient pas continuer à punir le peuple innocent du Mali dont l’avis n’a même pas été demandé par rapport aux choix politiques faits par ses gouvernants. Ce peuple ne demande rien d’autre qu’un mieux-être économique et social. Il ne fait l’ombre d’aucun doute que les chefs d’Etats de la CEDEOA n’auront certainement agi que sous ordre et semblent vouloir punir les dirigeants maliens pour leur « arrogance ». Par cette décision les chefs d’Etats de la CEDEAO ont encore péché par immaturité et ne semblent jusque-là pas intégrer la dimension sociale dans les décisions qu’ils prennent. Ils viennent de faire du peuple malien un agneau sacrificiel sur l’autel des ambitions démesurées des dirigeants. La balle est désormais dans le camp des autorités maliennes qui jusque là ont fait un déni de réalité, en faisant croire que l’embargo touche beaucoup plus les voisins du Mali et que le pays pourrait bien survivre en dépit des sanctions économiques et financières. La balle est véritablement dans leur camp et le peuple, bien qu’étant à bout de souffle, les observe et attend avec impatience des solutions alternatives aux sanctions qui pèsent sur beaucoup de foyers et qui ont été à la base de la fermeture de beaucoup de sociétés et entreprises privées. Les autorités maliennes doivent prouver qu’il était bien possible pour le Mali de se passer de l’organisation sous régionale et de magnifier sa souveraineté en ne se soumettant au diktat de la communauté sous régionale.

Pour rappel le prochain sommet prévu pour le 3 juillet 2022, sera celui qui va se prononcer sur la levée ou non des sanctions économiques et financières sur le Mali. Qu’il soit dit en passant, les sanctions ne seront levées qu’après des avancées notoires constatées par les chefs d’Etat de la CEDEAO dans la gestion de la transition. C’est pourquoi le sommet a instruit au médiateur Good Luck Jonathan de reprendre langue avec les autorités maliennes pour un suivi des recommandations de la CEDEAO. Donc en attendant le prochain sommet, un long    mois de calvaire attend encore le résilient peuple malien. Comme dirait l’autre entre le Mali et la CEDEAO, qui a besoin de qui ?  

Youssouf Sissoko

Source : L’Alternance

 

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