Avant-hier lundi 06 juin 2022, sur le plateau de la télévision nationale du Mali (ORTM), la lecture d’un décret du président de la Transition, lu par le Porte-parole du Gouvernement, Col Abdoulaye Maïga, portant la durée de la Transition à 24 mois, a surpris tout le monde. Personne ne s’attendait à un tel communiqué, surtout que le sommet du samedi 04 Juin dernier à Accra au Ghana, a reporté le dossier malien, pour le 03 juillet prochain.
L’on sait tout simplement que le ministre malien des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Abdoulaye DIOP, avait eu l’occasion de s’exprimer, à la rencontre de L’UEMOA. Et cela ne présageait guère l’idée d’un décret. Alors, pourquoi ce communiqué ? Le Mali et la CEDEAO se seraient-ils finalement entendus ?
Dans le communiqué, signé des soins du président de la transition, le Colonel Assimi GOITA et du premier ministre Choguel MAIGA, il est clairement indiqué que la durée de la Transition prend effet à partir du mois de mars passé. Alors pourquoi les autorités n’avaient-elles pas pris ledit décret depuis le mois de mars ? Et pourquoi maintenant ?
La CEDEAO avait exigé un chronogramme et un délai précis pour la Transition, aux fins de la levée de l’embargo. Cette demande est restée lettre morte. Pire, les autorités de la Transition avaient proposé 5 ans pour la durée de la Transition. Toute chose qui a provoqué l’imposition de la lourde sanction dont souffrent aujourd’hui les populations du Mali et celles des pays voisins.
Les conséquences fâcheuses de L’Embargo se font sentir partout et à tous les niveaux. Même tous ceux qui réclamaient haut et fort le retrait du Mali de la CEDEAO, ont perdu leurs voix et forces face à la gravité de la situation économique du pays. Certains disaient même que les salaires risqueraient de ne pas être payés aux fonctionnaires dans les prochains mois. D’autres sources disaient même que les membres du CNT, n’auraient pas perçu leurs salaires du mois passé.
Les commerçants sont presque à bout du souffle. Le conseil malien des chargeurs et le Patronat sont préoccupés par la situation critique du monde des affaires. Tout est sombre et personne ne le nie à présent. Beaucoup de maliens estiment que cette triste situation n’est pas étrangère aux autorités de la Transition. Elles auraient dû prendre le devant, pour éviter aux populations, ce qu’elles subissent actuellement.
En effet, les positions rigides et même inexplicables, n’ont pas rendu service à la population ni à la Transition elle-même. Pourquoi les autorités n’avaient-elles pas, au départ proposé les 24 mois, tout en sachant que la CEDEAO imposerait l’Embargo sur le Mali ?
Les autorités ont finalement perdu tous les rapports de forces engagés. L’illustration de la première défaite est le mandat donné au président de la République du Togo, Son Excellence Faure Gnassingbé, afin qu’il négocie avec la CEDEAO. C’est vrai, la CEDEAO a durci ses sanctions. Et elle n’est pas prête à tolérer.
Sûrement, les autorités de la Transition ont finalement compris que la CEDEAO est ferme sur ses positions. Et peut-être, la raison pour laquelle, les autorités de la transition ont eu recours à un décret dont le contenu avoisine les 18 à 16 mois, que souhaitait au départ, la CEDEAO. Alors, tout le monde serait-il revenu en de meilleurs sentiments ?
En tout cas, le décret est bien signé pour les 18 mois restants. Il faudra alors attendre la prochaine rencontre des Chefs d’État de la CEDEAO, pour savoir si, en vérité, il y avait eu un consensus entre les deux parties. Cela pourrait être bien salué, si l’embargo pouvait aussi être finalement levé. Ce serait pour le bonheur de tous. Espérons effectivement que la hache de guerre soit complètement enterrée !
Monoko Toaly,
Expert en Communication et Marketing Politique
Source : Le Challenger