L’Ukraine a épuisé tout son armement de fabrication russe et soviétique et dépend désormais exclusivement des armes que lui fournissent ses alliés étrangers, notamment de l’artillerie occidentale, selon plusieurs sources militaires américaines.
Dès l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février, les Occidentaux se sont mobilisés pour soutenir Kiev qui réclamait des armes et des munitions, tout en évitant à tout prix de mener toute action pouvant être vue comme une provocation par la Russie – de crainte que le conflit ne s’étende au-delà des frontières de l’Ukraine.
Sans le dire, ils craignaient aussi que leurs armes de pointe ne tombent aux mains de l’armée russe.
Ils se sont donc tournés vers les anciens pays du bloc soviétique, qui disposaient encore de munitions aux standards soviétiques, pour remplacer celles que les forces ukrainiennes tiraient sur l’armée russe.
Mais même ces stocks se sont épuisés, et l’arsenal européen de fabrication russe “a disparu de la surface de la planète”, a indiqué un responsable militaire à l’AFP.
C’est pourquoi les Etats-Unis et les autres alliés de l’Otan ont décidé de faire fi des risques d’extension du conflit ou de fuites technologiques. Washington a commencé à remettre à l’Ukraine de l’équipement lourd comme des obusiers Howitzers dans un premier temps, puis des équipements de pointe comme les lance-roquettes Himars, des pièces d’artillerie de haute précision et d’une portée supérieure à celles de l’armée russe.
“Flux continu”
Les alliés s’efforcent de coordonner leur assistance militaire à Kiev, et de la synchroniser de façon à ce que les forces ukrainiennes reçoivent un “flux continu de munitions”, mais aussi de pièces détachées et d’armement léger, a expliqué un autre responsable militaire américain.
C’est l’objectif affiché du Groupe de contact pour l’Ukraine créé par le ministre de la Défense américain Lloyd Austin, dont la première réunion s’est tenue en avril en présence d’une quarantaine de pays à Ramstein, en Allemagne.
Après une deuxième réunion virtuelle en mai, les alliés de l’Ukraine doivent se réunir le 15 juin à Bruxelles.
Et si l’armement occidental semble arriver au compte-goutte en Ukraine, c’est parce que les alliés veulent s’assurer que Kiev est capable de l’absorber en toute sécurité et de limiter les risques de bombardement de ses stocks de munitions.
Les Etats-Unis envoient donc leur assistance militaire par tranche, dont la dernière en date, de 700 millions, annoncée le 1er juin, comprenait quatre systèmes d’artillerie Himars, mais aussi 1.000 missiles anti-chars Javelin supplémentaires et quatre hélicoptères Mi-17, 15.000 obus destinés aux Howitzers, 15 blindés légers, et d’autres munitions de calibres divers.
“Nous essayons de maintenir un flux constant”, indique le deuxième responsable militaire.
Ballon d’essai
Questionné sur le faible nombre de Himars alors que les Ukrainiens apparaissent en difficulté dans le Donbass, le chef d’état-major américain, le général Mark Milley, a expliqué mercredi que Washington voulait s’assurer que les soldats ukrainiens les maitrisaient bien avant d’en envoyer davantage.
Le Himars est un système “sophistiqué”, et “il faut certifier ces garçons, s’assurer qu’ils savent comment utiliser ces systèmes correctement”, a déclaré le plus haut gradé américain.
Il faut former les opérateurs, mais aussi les soldats chargés de la maintenance, ainsi que les officiers et sous-officiers pour qu’ils soient déployés là où il faut, quand il le faut, a-t-il expliqué.
Pour Washington, ce premier envoi est surtout un ballon d’essai pour s’assurer que la technologie des Himars ne tombe pas entre des mains ennemies et que les Ukrainiens emploient à bon escient ce matériel coûteux et sensible. Mais cela n’empêche pas le Pentagone de préparer la prochaine tranche d’aide militaire.
Des Himars supplémentaires et leurs munitions sont déjà prépositionnés en Allemagne, et ils seront envoyés en Ukraine si l’expérience avec les quatre premiers exemplaires s’avère positive, selon une autre source militaire américaine.
En revanche, Washington a exclu d’accorder à Kiev des drones de combat de longue portée comme le “Grey Eagle”, dont le rayon d’action atteint 300 km, suffisamment pour frapper une grande ville russe, selon cette source.