Entre le narratif des uns et le descriptif des autres, Vaugelas se chercherait à comprendre ce sur quoi sont d’accord le Mali et la CEDEAO, et ce qui les oppose. La divergence de position et d’approche entre les deux parties cloue le processus de la fin de brouille et la levée des sanctions.
Incapables de se mettre d’accord ce samedi 4 juin 2022 sur la levée des sanctions iniques contre notre pays, les Chefs d’État et de gouvernement feignant d’être surpris, disent prendre acte du décret pris le lundi 6 juin 2022 par le Président de la Transition le colonel Assimi Goïta pour fixer la Transition à 24 mois à compter du 26 mars 2022, alors que le processus de négociation est en cours.
Sans prendre le courage de s’assumer qui sied en pareille occasion, comme l’a fait Bamako, la CEDEAO verse en conjecture et tente de nous vendre des illusions sur un présupposé bonne foi surprise par le tempo imprimé aux évènements par les autorités de la Transition. Qu’est-ce qui n’a pas marché lors du sommet du 4 juin à Accra où l’espoir de la levée de l’embargo a été brisé ?
Après avoir acté dans le marbre les 24 mois dont l’incompressibilité avait été annoncée dès le 20 mars par le gouvernement, on se surprend à voir la CEDEAO vouloir s’agiter, peut-être croit-elle faire saliver les Maliens, l’hypothèse d’«un chronogramme mutuellement acceptable de transition, permettant d’assurer un soutien de la CEDEAO». Alors que le soutien le plus évident était d’épargner à notre peuple une épreuve supplémentaire que constituait l’imposition des sanctions qui ne s’imposaient pas.
Après 5 longs mois de privations illégales de fonds de l’État malien au niveau de la BCEAO, et toutes les concessions que notre pays a faites sur la durée de la Transition, qu’est-ce que la CEDEAO espère encore négocier avec le Mali si ce n’est sa réédition, sa capitulation, son humiliation pures et simples en renonçant à sa dernière position ?
Parce qu’officiellement, le Mali n’a jamais renoncé aux 24 mois de la Transition malgré qu’il ait sollicité la mission de bons offices du Président togolais en vue de renouer avec le dialogue.
Le Mali ne ferme point la porte du dialogue fraternel avec les frères de la CEDEAO, laissent entendre les autorités maliennes. Mais tant qu’ils nous divertiront avec les sornettes de chronogramme détaillé, d’élections, de démocratie, de droits de l’homme, au moment où les priorités et les urgences nationales s’appelleront restauration de la sécurité, la souveraineté, l’intégrité territoriale, la paix, la réconciliation, l’unité et la cohésion nationale, l’honneur et la dignité de notre pays, la CEDEAO et le Mali ne parleront pas le même langage. Car, pour une très grande partie de la population malienne, la priorité n’est pas la tenue des élections.
Certes, les sanctions sont les conséquences d’un coup d’État, mais la CEDEAO est loin du tempo et des besoins d’une majorité importante de la population malienne pour réussir à mettre fin à cette crise avec l’un de ses membres, le Mali. Aussi, l’organisation sous régional ne peut pas gérer la situation malienne par l’État interposé pour mettre notre pays dans un petit sac.
Dans tous les cas, entretenant un bras de fer avec certaines puissances étrangères en osant « non, ça suffit », le Mali fera mieux d’avancer dans la mise en œuvre des aspirations légitimes de son peuple et oublier les complaintes d’une certaine communauté internationale qui n’a rien à foutre de nos malheurs. Sinon, on ne serait pas là…
PAR SIKOU BAH
Source : Info-Matin