Edito : réviser l’ancienne ou rédiger une nouvelle constitution ?

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Youssouf Sissoko
Youssouf Sissoko

Censée être la thérapie aux insuffisances et maux qui ont toujours caractérisé notre démocratie, la transition malienne semble désormais être sur une pente glissante à cause du pilotage à vue et d’une gestion solitaire des autorités. En effet, c’est par un décret signé par le colonel Assimi Goïta, Président de la transition et rendu public le vendredi 10 juin que les maliens ont été informés de la création auprès du président de la transition, d’une commission de rédaction chargée d’élaborer un avant-projet de loi portant Constitution de la République du Mali, dans le cadre de la refondation de l’État. A peine publié le décret a suscité une véritable levée des boucliers de la classe politique et d’une partie de la société civile qui voient en ce projet une tentative de falsification, de démolition ou de réécriture de l’histoire récente du Mali. Pour rappel la Constitution en vigueur est la résultante de la lutte héroïque du peuple malien contre une dictature qui a duré plus de 23 ans, celle du général Président Moussa Traoré. Elle a été écrite par le sang des martyrs du 26 Mars 1991. Si sa révision pourrait être acceptée, et qui est d’ailleurs une nécessité pour redynamiser la démocratie malienne, le projet de  sa démolition semble être utopique voire   blasphématoire contre la démocratie.

Si pour beaucoup d’observateurs la révision de la Constitution du 25 février 1992 est une nécessité vitale pour notre pays et sa démocratie, il n y a, par contre nul besoin d’aller à une quatrième République dont l’avènement ne saurait être décidée par des autorités de la transition qui souffrent d’un déficit de légitimité et surtout qui peinent à rassembler les maliens, autour d’énormes défis qui se posent à la patrie de Modibo Keita. Exempt jusque-là des critiques virulentes et jouissant d’une certaine respectabilité de la part des leaders politiques et ceux de la société civile, le Président de la Transition tarde toujours à desserrer l’étau des opportunistes, laudateurs sans foi ni loi mus par leurs seuls intérêts sordides, autour de lui. Ceux-là même qui n’ont la patrie que dans la bouche, mais qui n’ont rien de patriotes.   Mon Colonel vous ne gagnerez pas la bataille de la refondation du Mali tant que vous ne rassemblez pas les maliens, or  votre posture, vos actes frisent le mépris, la suffisance et le complexe de supériorité en minimisant les alertes données çà et là.

Au regard des réactions négatives aux deux décrets, à savoir celui fixant le délai de la transition et le décret annonçant la création d’une commission de rédaction chargée d’élaborer un avant-projet de la nouvelle constitution, le Mali n’est pas à l’abris des remous sociopolitiques. Le spectre d’un nouveau front anti rédaction d’une nouvelle constitution à l’image de : « ANTE A BANA » plane désormais sur la transition. Et pourtant le Colonel Assimi Goïta détient la clé de la solution. Elle est sans nul doute de rassembler, d’abord et avant tout, les maliens ensuite de procéder à des consultions de l’ensemble des forces vives de la nation, partis politiques associations de la société, leaders religieux et personnes ressources dont l’expertise est avérée. Le Colonel Assimi Goïta doit tirer tous les enseignements des échecs successifs avant de se lancer dans cette aventure de rédaction d’une nouvelle Constitution, à l’issue incertaine. Et pourtant l’occasion est opportune, car sous une transition il n’y a ni majorité ni opposition et tous les observateurs s’accordent à dire que la transition est la période propice pour des réformes en profondeur. Quand la difficile équation à résoudre pour le Colonel Assimi Goïta reste le RASSEMBLEMENT.

Youssouf Sissoko

Source : L’Alternance

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