Après un désaveu cinglant du Conseil National de Transition, qui fait office de parlement, au gouvernement du Premier ministre Choguel K Maiga, les regards étaient tournés vers le Colonel Assimi Goïta, Président de la transition pour arbitrer. Il avait le choix entre promulguer la loi électorale adoptée, après plus de 92 amendements, par le CNT ou renvoyé cette même loi à une seconde lecture. Il a finalement choisi la première option celle de promulguer la loi électorale. Pour rappel dans une démocratie sérieuse l’acte du Président de la transition est assimilable à un désaveu cinglant pour le PM et son gouvernement donc la conséquence doit être la démission immédiate du gouvernement. L’on pourrait s’attendre dans les heures ou les jours à venir à la démission de Choguel K Maiga et de son gouvernement. Si tant est que le Premier ministre, qui a chanté sous tous les toits des valeurs comme la dignité et l’honneur, fait encore siennes ces mêmes valeurs, il ne doit plus faire 72 heures après la promulgation de la loi par le Président de la Transition et toute décision, autre que sa démission, relèverait de la boulimie du pouvoir et d’ambitions démesurées. Choguel K Maiga a semé le vent il vient de récolter la tempête.
Le PM a sa grande part de responsabilité dans la chaotique situation dans laquelle le Mali vit aujourd’hui. Ses discours à la fois populistes et contreproductifs ont eu comme conséquences l’isolement diplomatique du Mali, les sanctions économiques et financières. Aujourd’hui les maliens souffrent dans leur chair et leur âme à cause des ambitions machiavéliques du PM. Comme si la brouille avec la communauté internationale ne suffisait pas il a divisé la classe politique et même le Mouvement du M5 RFP dont il est issu et qui est censé le défendre. Le PM Choguel K Maiga était devenu l’obstacle majeur pour la réussite de la transition
Assimi Goïta, Président de la transition, en promulguant la loi électorale toilettée et débarrassée de toutes les impuretés, a fait preuve de patriotisme et du sens élevé de la responsabilité. Il s’est mis au-dessus de la mêlée en tranchant par réalisme politique et dans l’intérêt supérieur de son peuple. Son acte est d’une portée tellement importante pour la suite de la transition que l’étape suivante doit être la dissolution du gouvernement et la mise e place d’une équipe gouvernementale beaucoup plus représentative, plus inclusive et plus compétente, avec à sa tête un Premier ministre moins clivant et rassembleur. Les réformes souhaitées et qui du reste, sont indispensables pour la démocratie malienne ne pourront jamais être menées avec un gouvernement à court d’idées et qui ne vit que de crise. Donc pour la réussite des réformes Il faudrait que le porteur du projet soit à mesure de parler avec tout le monde, tel n’était pas le cas du PM actuel qui se plait dans des invectives, dans des querelles stériles et autres discours populistes.
En analysant lucidement et sans passion la loi électorale amendée, tout observateur donnerait raison au CNT qui aurait évité à notre pays une crise pré et postélectorale aux conséquences incommensurables. D’abord sa démarche méthodologique qui était à la fois inclusive et consensuelle a séduit plus d’un. Ensuite les amendements apportés au texte du gouvernement sont réalistes et réalisables pour le temps imparti. Parlant du fond du projet de loi du gouvernement, ce texte avait tout sauf une loi électorale permettant d’organiser des élections transparentes et crédibles dont les résultats seront acceptés par tous les acteurs politiques. D’abord rien qu’en prenant la manière dont ce texte a été conçu, il exclut totalement les acteurs politiques. C’est d’ailleurs cette démarche cavalière, solitaire, voire méprisante du gouvernement que le CNT a corrigé en écoutant toutes les forces vives du pays et en prenant en compte toutes les propositions d’amélioration de la loi pour la rendre plus inclusive et consensuelle. Incontestablement la loi adoptée par le CNT a plus de légitimité que celle proposée par le Gouvernement.
En somme, rien qu’en se référant aux différentes réactions de la classe politique, de la société civile et même des groupes armés signataires de l’Accord d’Alger, qui ont tous salué le travail remarquable abattu par le CNT, on en déduirait que la loi adoptée par le CNT est plus digeste et consensuelle que celle proposée par le gouvernement. Le Président de la Transition le colonel Assimi Goïta a finalement eu une oreille attentive et a tranché en faveur du CNT, donc la conséquence de cet acte est la démission pure et simple du gouvernement Choguel Kokala Maiga.
Youssouf Sissoko
Source : L’Alternance