C’est une certitude : l’adoption de la loi électorale par le Conseil National de Transition (CNT), a ouvert la voie à de multiples incertitudes dans la marche de la Transition et au sommet de l’Etat.
En effet, le Vendredi 17 juin 2022, les membres du Conseil national de transition (CNT) se sont réunis pour adopter la nouvelle loi électorale. Une semaine plus tard, vendredi 23 juin, le président de transition, le colonel Assimi Goïta, a promulgué la loi électorale adoptée.
L’adoption de cette nouvelle loi électorale a donné lieu à des tensions entre le gouvernement et le CNT. Pour cause : le CNT avait lors de son examen complètement tripatouillé le texte proposé par le gouvernement : 92 amendements y ont été apportés, sur 219 articles. Parmi les amendements, la colonne vertébrale de l’organe unique, appelée Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE), a été largement modifiée:
Pourtant cette structure indépendante de gestion des élections est une demande forte de la classe politique, elle a été fortement recommandée aussi par les Assises Nationales de la Refondation (ANR).
Durant cette session certains membres du CNT se sont illustrés par des attitudes cavalières envers le Premier ministre et le gouvernement tenus pour responsables des « manquements » du texte. Cependant, ces membres du CNT oublient que la loi présentée à eux est le fruit de l’inclusivité issue d’une démarche consensuelle et participative. La commission en charge de ce texte a procédé à une série d’écoutes des différents acteurs concernés par la vie démocratique de notre pays.
En outre, ce projet de loi avait été adopté en janvier 2022 lors d’un conseil des ministres présidé par le colonel Assimi Goïta, lui-même.
Au sein du CNT, beaucoup pensent qu’après l’adoption de 24 mois comme délai de la Transition, il fallait offrir un gage de bonne fois à la CEDEAO. Dans leurs calculs, une fois cette loi électorale adoptée, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pourrait lever les sanctions commerciales et financières imposées à notre pays le 9 janvier 2022. Et selon certaines sources, le Président Assimi Goïta serait dans cette optique.
Seulement voilà : L’adoption de la loi électorale ouvre des perspectives incertaines sur la Transition, notamment les rapports entre les institutions.
De multiples interrogations se posent : Assimi doit-il le garder ou le lâcher ? Choguel va-t-il accepter de rester en étant affaiblit ?
Si le président se débarrasse de son PM, il risque de se fragiliser lui-même aux yeux d’une frange importante de la population et des leaders religieux et communautaires. Car en 12 mois, le PM a servi de bouclier pour le Président. Par ses discours tranchés contre la France et ses affidés, le Premier ministre a acquis une grande popularité auprès des populations, de la diaspora, des panafricanistes… Alors un éventuel départ de Choguel K Maïga ouvrirait la voie à une incompréhension voire à une animosité des populations à l’endroit de Assimi Goïta. Ce qui aura pour résultat un statu quo, pire un retour en arrière inacceptable pour les populations qui aspirent à un changement radical de gouvernance et d’alliances géostratégiques.
S’il garde le PM, le président de Transition aura l’obligation de lui renouveler sa confiance et de le protéger contre ses adversaires au sein même du pouvoir. Il devra également le laisser mener à bout les aspirations de refondation du peuple malien exprimé lors des Assises Nationales de la Refondation (ANR) notamment la lutte contre la corruption et l’impunité, la promotion de la bonne gouvernance…
Si malgré tout, le PM décide de rendre le tablier, beaucoup d’opportunités s’offrent à lui : s’occuper de son parti, l’organiser en vue des futures élections. Le Pm a démontré au cours des 12 mois passés à la Primature qu’il savait relevé des défis majeurs par un leadership, une constance, une persévérance à toutes épreuves. Qualités que les Maliens sauront se souvenir. Quelques soit la suite des évènements, le Premier ministre Choguel K Maïga a acquis un aura qui sera difficile de ternir.
Mémé Sanogo
Source : L’Aube