Economies illicites en Afrique de l’Ouest : Le Mali toujours dans le cercle vicieux

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Illustration de la région du Sahel, au nord du Mali
Illustration de la région du Sahel, au nord du Mali

Le quatrième numéro du Bulletin des risques des économies illicites en Afrique de l’Ouest publié récemment s’est principalement concentré sur le Sahel, une zone souffrant de niveaux élevés de violence, de conflits et d’instabilité. Le Mali figure dans ce tableau des pays de la zone où les économies du commerce illicite sont très développées.

Parmi les pratiques illicites en pleine expansion au Mali, on parle du vol de bétail qui a atteint un niveau inégalé notamment dans la région de Mopti devenue depuis quelques années l’épicentre de la crise sécuritaire dans le pays. Dans cette région, ce sont surtout les groupes armés de tous ordres qui sont des acteurs centraux de l’économie lucrative du vol de bétail. Pour ce faire, ils exercent un contrôle important sur le marché dans certaines régions et exploitent les vulnérabilités existantes de la communauté.

La hausse des vols de bétail en 2021 s’est produite parallèlement à l’isolement politique croissant du Mali et aux changements connexes dans la tectonique sécuritaire du pays. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), en 2020, Gao était la région la plus touchée en novembre 2019, avec 87 000 têtes de bétail volées, tandis que Mopti signalait le vol de 78 000 têtes de bétail. D’autres zones telles que Bamako, Ségou et Kayes sont aussi durement frappées.

Le développement de l’’industrie des enlèvements

A noter que ce trafic est aggravé par la porosité des frontières. En effet, il existe diverses routes informelles de trafic pour l’exportation du bétail volé, de drogues et de marchandises de contrebande, notamment des cigarettes, des motos, du thé, du jus, du textile et des vêtements. Le vol de bétail passe par un marché d’exportation très structuré qui a recours à toute une chaîne d’intermédiaires, évitant ainsi les longs trajets qui attireraient l’attention des forces de sécurité ou des groupes armés actifs dans la région.

Par ailleurs, le Mali de même que le Burkina Faso, connaissent un développement sans précédent de l’’industrie des enlèvements. Cette situation se produit le plus au centre du Mali et le Nord du Burkina Faso. Avec une grande augmentation en 2021, cette tendance n’a montré aucun signe de ralentissement en 2022. La plupart des victimes de ces enlèvements sont des locaux souvent pris dans les batailles opposant les groupes armés rivaux ou soupçonnés de collaborer dans un camp contre un autre. Toutefois, il arrive aussi que ces enlèvements aient comme objectif les rançons payées par les proches des victimes pour leur faire libérer.

Dans son rapport couvrant les violations des droits humains survenus au Mali entre le 1er janvier et 31 mars 2022, la MINUSMA a documenté 449 incidents sécuritaires notamment ayant fait 812 victimes civiles dont 543 tués, 107 enlevés/disparus et 107 blessés. Ces données représentent une augmentation de 151% comparativement au trimestre précédent (323 civils affectés, dont 128 tués, 80 enlevés/disparus et 115 blessés).

Signalons que les autres risques des économies illicites en Afrique de l’Ouest se produisent notamment au Nord du Niger qui connait un grand phénomène de banditisme armé depuis fin 2021 dû à la diffusion géographique et la multiplication des auteurs. Il y a aussi l’Etat d’Oyo, au Nigéria où s’est déclenchée récemment une recrudescence de la cybercriminalité entraînant une augmentation des arrestations et l’implication du groupe anti-crime Amotekun.

Cheick B CISSE

Source : Le Wagadu 

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