Bien avant l’annonce de la prochaine présidentielle, prévue courant mars 2024, les états-majors des principales formations politiques, fourbissaient leurs armes. Il y a la grande course vers Koulouba, certes, mais également, d’autres scrutins, tel que le référendum sur la nouvelle Constitution qui sera proposée aux Maliens. Cependant, emportés dans leur élan de s’installer au pouvoir, il semblerait bien que les potentiels candidats pour le fauteuil présidentiel, occultent des zones d’ombres qu’il faudrait pourtant éclaircir auprès des tenants actuels du pouvoir.
Tout simplement, sommes-nous à l’aube d’un nouveau régime militaire au Mali ? La question a de quoi faire frémir nombre de nos compatriotes, et interloquer d’autres. Et pourtant, une telle interrogation est pertinente au vu des décisions prises par la Transition. Car rarement sous nos tropiques, on aura vu une Transition aussi « outrepassant » en ce qui concerne les missions qui lui sont assignées. Des décisions fortes ont été prises aussi bien sur le plan interne qu’international. Également, le système de gouvernance qui s’articule autour du trio Assimi Goïta, Malick Diaw et Sadio Camara ne cesse d’étendre ses tentacules dans tous les rouages du pouvoir. Il semblerait que la Charte de la Transition conjuguée aux recommandations des Assises Nationales de la Refondation leur ont donné une sorte de légitimité mais aussi de l’allant dans leur prise de décision.
Au point que désormais, par une popularité tout aussi forte que celle dont jouissait Feu le président IBK en 2013, l’idée de voir l’un des éléments du trio, candidat à la course présidentielle, fait son bonhomme de chemin au sein de la masse populaire. En même temps, ils auront tellement manipulé le pouvoir que finalement, l’idée pour un des leurs de continuer l’œuvre commencé comporte une certaine logique. Même s’il est vrai que cela porterait un sérieux coup au sacrosaint principe de la Démocratie. En effet, l’idée qu’un putschiste puisse se présenter aux élections a de quoi choquer.
Plutôt que de s’empresser pour les élections, les partis politiques devraient sûrement demander des garanties auprès de la Transition. Au-delà d’avoir un scrutin juste et équitable, il faudrait que le plus grand nombre de Maliens possibles y participent. Mais surtout, que les hommes forts du moment soient fair-play. S’ils sont de la partie et qu’ils perdent, qu’ils acceptent leur défaite et cèdent la totalité du pouvoir qui était en leurs mains au gagnant. Idem, s’ils ne prennent part au scrutin. Il faudrait que le prochain Malien ou Malienne qui sera élu ait les mains libres pour gouverner.
Ahmed M. Thiam
Source : L’Alternance