Disqualification par mandat d’arrêt international : Les manœuvres désespérées pour écarter de potentiels candidats

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Encore une fois, la justice malienne semble être prise au piège de la présomption de l’instrumentalisation avec le lancement d’un mandat d’arrêt international contre des personnalités politiques d’envergure, potentiels candidats aux prochaines échéances électorales. On a appris vendredi 29 juillet 2022 avec stupéfaction que la Cour suprême lançait un mandat d’arrêt international contre Dr. Boubou Cissé, ancien ministre de l’Economie et des Finances, Mamadou Diarra dit Igor, ancien ministre de l’Economie et des Finances, Tièman Hubert Coulibaly, ancien ministre de la Défense, et Babaly Bah, ancien directeur général de la BMS dans le cadre de l’affaire de l’achat  d’équipements militaires, objet du contrat  passé entre l’entreprise sud-africaine Paramount et le ministère  de la Défense et des Anciens combattants. En suivant l’actualité récente les manœuvres désespérées pour écarter de potentiels candidats semblent avoir bien commencé.

 Difficile d’exclure l’hypothèse selon laquelle que c’est bien la transition qui essaie de mettre la main sur ces jeunes cadres compétents qui constituent des menaces pour la carrière politique de certains barons du régime transitoire. Cela n’est nullement surprenant puisque le Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga, n’a jamais cessé de mettre en cause les acquis du Mouvement démocratique. Et il se réclame héritier et nostalgique de régimes autoritaires. En réalité, l’objectif des autorités n’est pas de juger les personnalités poursuivies mais de ternir leur images et de les empêcher de revenir vu le drame en détention de SBM toujours dans les mémoires. On a vu que d’autres adversaires politiques ont été également arrêtés et jetés en prison depuis plus d’un an sans jugement. Les anciens ministres d’IBK à savoir Mme Fily Bouaré et Mahamadou Camara sont en prison sans bénéficier d’un jugement rapide. Pourquoi ?

Bakary Togola, ancien patron de la confédération des cotonculteurs du Mali n’a pas pu être jugé malgré les reprises de la procédure engagée contre lui. L’ancien Premier ministre, feu Soumeylou Boubèye Maïga était en prison dans les mêmes conditions jusqu’à sa mort. Il est malheureusement mort en détention sans avoir la chance de se défendre lors d’un procès. Ainsi, il est clair que les poursuites judiciaires engagées contre les anciens ministres sont une violation des textes  juridiques de la constitution et de la charte de la transition. Le travail de poursuivre relève de la compétence de la Haute Cour de justice malgré les explications sans conviction du Procureur Général.

Tout le monde sait que la Cour suprême n’a aucune autorité juridique pour lancer un mandat d’arrêt contre des anciens ministres et de hautes personnalités. Les autorités de la transition savent bien que seule la haute Cour de justice peut juger un ancien président ou des anciens ministres pour des délits et crimes commis pendant l’exercice de leurs fonctions. Or, il est impossible d’activer la Haute Cour de justice en ce moment, car elle est en principe constituée de 9 membres, tous des députés qui sont élus par leurs pairs.

C’est dire que la transition est passée à côté de la vérité puisque que l’Assemblée nationale n’existe pas. Il a été clairement dit par la Cour constitutionnelle que le Conseil national de transition (CNT) ne peut être considéré comme une Assemblée nationale. La raison de ce déni est que les membres du CNT n’ont pas été élus mais nommés par un décret du président de la transition. Donc, les membres du CNT ne sont, en aucune manière, représentatifs de la population nationale. Et c’est la Cour constitutionnelle qui a catégoriquement refusé que les conseillers du CNT constituent la Haute Cour de justice. Pour quoi la Cour suprême se substitue à la Haute Cour de justice ? Est-ce une volonté manifeste de violer les dispositions de la Constitution pour faire plaisir aux princes du jour ? Seul le signataire du fameux mandat d’arrêt international peut répondre à ces interrogations qui taraudent l’esprit des Maliens.

En tous les cas, une fois de plus on a jeté en pâture des dignitaires de notre pays et organisé une communication de démolition   d ‘image bien élaborée au plan national et international.

Nouhoum DICKO

Source : L’Alerte 

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