Reconquête du pouvoir : L’Adéma peaufine sa stratégie sous la conduite de Marimantia

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Mariamantia Diarra, président du C.E ADEMA-PASJ
Mariamantia Diarra, président du C.E ADEMA-PASJ

En moins d’un an de présidence, Marimantia Diarra est en train de réussir à donner des couleurs à l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (ADEMA-PASJ). Relégué au second plan de la scène politique ces dernières années, ce parti se repositionne de mieux en mieux dans le débat politique. Une bonne chose pour «La Ruche» avant les prochains scrutins visant à hisser le Mali dans une ère de gouvernance responsable et transparente.

«Marimantia Diarra peut-il remettre l’Adema sur le devant de la scène» ? C’est la question que s’étaient posés des confrères de «Jeune Afrique» au lendemain de son élection à la présidence de l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (ADEMA-PASJ) le 18 octobre 2021.

En effet, à l’issue du 6e congrès du parti, Marimantia Diarra a recueilli les suffrages de 45 délégués, contre seulement neuf pour le président sortant, Pr. Tiémoko Sangaré dont le bilan était de plus en plus critiqué par des cadres et militants influents de la «La Ruche».

«Ils ont estimé qu’il était temps de changer de mode de gouvernance. L’objectif est désormais de renforcer les acquis de l’Adema, de consolider la discipline du parti et d’en élargir la base», avait confié à la presse le nouveau président de la plus grande formation politique malienne en termes d’implantation et aussi d’expérience dans la gouvernance du pays depuis l’avènement de la démocratie en mars 1991.

Selon des observateurs, le choix de l’ancien ministre du Plan (sous la présidence de feu Amadou Toumani Touré) et actuel membre du Conseil national de transition (CNT), n’a rien de fortuit. Homme du sérail, il a été la cheville ouvrière (Secrétaire général) de l’Adéma pendant près de 15 ans (à partir de 2000) avant d’occuper des fauteuils de vice-présidence.

Le changement d’option se sent surtout aujourd’hui dans les prises de position du parti par rapport aux événements liés à la vie de la nation. Celles-ci brillent par leur objectivité et leur pragmatisme. Le parti ne se perd pas dans la conjecture des condamnations de principes. Il tient toujours a exprimé réellement une position claire, sans ambiguïté aucune, les événements et les débats.

On sent aussi le changement dans le soutien aux autorités de transition. Un soutien que l’Adéma ne veut pas comme un blanc-seing. En témoigne sa réaction aux propos «malencontreux» du Premier ministre dont il exige la démission comme pour garantir des élections transparentes et crédibles à la fin de cette transition.

Des débats pertinents, sans complexe et sans préjugés sur la démocratie, les réformes politiques et institutionnelles…

La vision de changement que Marimantia et son équipe tentent d’instaurer se manifeste aussi par la multiplication des cadres d’échanges, aussi bien à l’interne qu’avec l’ensemble de forces vives de la nation (classe politique, société civile…) sans préjugés ni complexes. La nouvelle équipe dirigeante assume pleinement sa gestion passée du pouvoir et n’hésite pas à mettre les points sur les «i» quand on essaye de mauvaise foi de lui faire porter le chapeau de certains dysfonctionnements constatés dans la gouvernance du pays.

La Constitution du 25 février 1992, la Charte de la transition, la loi électorale et le projet d’élaboration de la nouvelle Constitution (avantages, limites, et conséquences pour la réussite de cette Transition)… étaient, entre autres, les questions débattues lors de la conférence-débat organisée le 14 juillet 2022 (à la Maison de la presse) par l’Adéma. Des thèmes débattus par d’éminents spécialistes comme Me Kassoum Tapo (avocat),  Dr Makan Moussa Sissoko (constitutionnaliste) ; Dr Mamadou Konaté (enseignant-chercheur) et Pr. Cheick Hamalla Touré (doyen de l’Université des Sciences administratives et politiques du Mali).

«Contrairement aux querelles de clochers sur ces questions, cette initiative de l’Adema nourrit la démocratie malienne et encourage les partis politiques et les organisations de la société civile à s’emparer du débat démocratique», a commenté un confrère de «Le Challenger». Un commentaire que nous partageons comme de nombreux autres observateurs de l’actualité politique malienne.

Déjà, le 2 avril 2022, l’Adéma-Pasj s’était illustrée par l’organisation d’un panel de haut niveau sur les 31 ans de démocratie au Mali. «26 mars 91-26 mars 2022, 31 ans d’exercice démocratique : Où en sommes-nous ?» était le thème principal de ce panel de haut niveau. Un thème débattu par les principaux acteurs du mouvement démocratique de mars 1991 (Djiguiba Kéita dit PPR, Me Mountaga Tall, Pr. Ali Nouhoum Diallo, Pr. Tiémoko Sangaré, Pr. Bintou Sanankoua, Hadi Niangadou, Modibo Sidibé, Boubacar Alpha Bah dit Bill, Oumar Ibrahim Touré, Fatoumata Konté Doumbia, Pr. Salikou Sanogo; Dr Soumana Sacko, Adama Samassékou, Me Hamidou Diabaté, Tiébilé Dramé, Dr. Oumar Mariko, Mme Sy Kadiatou Sow, Dr. Chérif Cissé, Pr. Moustapha Dicko, Adama Tiémoko Diarra …).

Une très bonne initiative saluée à sa juste valeur par tous les démocrates convaincus. Il est en effet réconfortant de constater que les acteurs du mouvement démocratique (très divisés ces dernières années par le partage du gâteau, pardon, par la conquête et l’exercice du pouvoir) peuvent encore se retrouver autour du bébé enfanté par leur lutte sous la bannière du Mouvement démocratique.

Des initiatives qui suscitent au sein de «La Ruche» un retour en force au-devant de la scène politique. Et naturellement que le meilleur baromètre de cette embellie politique sera le score du parti lors des futures échéances électorales qui sont autant cruciales pour le Mali que pour le parti de «L’Abeille». Pour une première, depuis 2002 (avec feu Soumaïla Cissé), on attend enfin un candidat de l’Alliance dans le starting-block de la prochaine présidentielle qui sera très ouverte selon de nombreux observateurs. Selon les textes du parti, pour défendre ses couleurs à la présidentielle, il faut être membre de la formation politique depuis au moins 5 ans. «Il est temps qu’on s’assume pour conquérir le pouvoir. On ne peut pas continuer à vendre le parti au plus offrant au risque de perdre notre identité et bafouer notre héritage et notre expérience politiques», avait martelé un cadre influent du parti en marge du congrès d’octobre dernier.

Le nouvel homme fort de l’Adéma, Marimantia Diarra, rêve sans doute d’entrer dans l’histoire comme le président qui a permis à l’Adéma-Pasj de revenir au pouvoir. A Bamako-coura (où siège l’Adéma), la reconquête du pouvoir reste un défi à relever. Et visiblement on y est déjà lancé, sans précipitation, dans la discrétion mais avec une grande détermination !

Naby

Source : Le Matin 

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