Mise en œuvre de l’Accord pour la Paix par l’enrôlement de 26 000 combattants : Ces couleuvres de la fonction de Premier ministre

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Ceux qui s’attendent à la «relecture intelligente» tant annoncée de l’APR auront beau rêver et risquent finalement déchanter, si ça n’est déjà le cas. Et pour cause, la mise en œuvre de ce document est en train de passer à une allure si vive qu’elle ne paraît plus rattrapable par des correctifs illusoires promis par naguère décrié par le chef du Gouvernement à coups de diatribes sur son contenu. Le voile s’est levé sur la désillusion vendue par le PM, il y a une dizaine de jours, lorsque d’un claquement de doigt l’Algérie, garant de l’Accord issu du processus d’Alger, a donné la cadence par un niveau d’accélération jamais engrangé auparavant dans l’application du volet «défense et sécurité» de l’APR.

Sous l’impulsion du voisin le plus gênant et nuisible du Mali, les parties signataire de ce document ont en effet repris langue après plusieurs mois de rupture. Et le moins qu’on puisse dire est que le temps perdu aura été récupéré de la plus belle manière, au regard de la décision spectaculaire qui en est ressortie. Elle concerne notamment les proportions dans lesquelles les ex-combattants de mouvements armés seront réintégrés dans l’armée régulière. Sous la houlette du ministre de la Réconciliation nationale, la reprise de langue entre les parties signataires a débouché, document à l’appui, le gouvernement et les mouvements ont convenu d’accueillir parmi les FAMa 26 000 éléments des mouvements, soit la totalité des effectifs inscrits à la Commission Nationale de Désarmement – Démobilisation – Réinsertion. Ils seront intégrés en deux tranches de 13 000 sur deux années, en vertu du même  accord.  La décision s’inscrit visiblement en droite ligne de la dernière résolution du Conseil de sécurité de l’ONU qui remet l’Accord issu du processus d’Alger au cœur du dispositif de règlement de la crise malienne.

Abouchant manifestement la même trompette, l’Algérie a ainsi pris à bras le corps un processus qui marchait jusqu’à sur les œufs, dont l’accélération spectaculaire commence déjà à faire jaser. Et pour cause, la nouvelle cadence vient chambouler toutes les attentes miroitées a l’opinion par le chef du gouvernement qui, chiffre et calendrier à l’appui, a présenté la relecture de l’Accord comme l’un des axes centraux de son Programme d’Action Gouvernementale. «Relecture intelligente» et «Mise en œuvre intelligente» étaient même devenus les slogans les plus populaires sous l’ère Choguel Maïga, qui voit partir en fumée un pan entier de sa raison de demeurer à la Primature. Car la mise en œuvre de l’Accord par l’armée reconstituée n’a rien de moins contraignante et disgracieuse que cet autre épisode que le Premier ministre avait lui-même présenté récemment comme une camisole de force ainsi qu’un motif valable de démission de son poste de Premier ministre. Il s’agit notamment de l’adoption d’une nouvelle loi électorale en deçà des attentes du chef du Gouvernement et pour qui l’amputation du texte est ressenti comme un coup dur porté à la colonne vertébrale de la refondation qu’il porte comme son nouveau-né. Cette accumulation de déconvenue appelle la question suivante : si l’épisode de la loi électorale est un motif de démission, quid de l’Accord pour la paix et la réconciliation qui lui avait inspiré une production livresque et dont la dénonciation a longtemps servi de cordon de sympathie avec une partie de l’opinion ? Par-delà toutes ces couleuvres, la dignité des fonctions qu’il occupe est de plus en plus affectée par des signaux qui frisent banalisation.

Depuis quelques temps, le Premier ministre observé impuissant les personnalités de pays étrangers défiler au Mali dans le cadre de missions officielles sans la moindre visite de courtoisie au chef du gouvernement qu’il est. Cet isolement est par ailleurs conforté et entretenu par les assauts répétitifs de la classe politique sans que la plus haute autorité ne lui vienne au secours par une confirmation de sa confiance. Le PM en a manifestement assez avalé pour que le poste de Premier ministre ne soit plus digne de sa loyauté.

A KEÏTA

Source : Le Témoin

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