Le gouvernement de transition semble évoluer à pas de tortue vers la tenue des élections, au point que certains acteurs doutent en l’engagement des autorités de respecter le chronogramme précédemment annoncé.
– maliweb.net -Pour de nombreux observateurs de la vie sociopolitique nationale, la marche de la Transition est plutôt laborieuse, pour n’avoir pas su rassembler l’essentiel des forces vives du pays.
En effet, certains acteurs politiques et de la société civile se disent exclus ou marginalisés voire persécutés par les dirigeants de la transition. C’est pourquoi certaines formations politiques se sont coalisées sous le nom de « Cadre d’échanges des partis politiques pour une transition réussie ». Ce regroupement s’était constitué sur la base de ressentiments fondé sur le reproche de manque d’inclusivité fait à la gestion de la Transition. Et les partis comme la CODEM, l’ASMA-CFP de l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga (paix à son âme), le RPM de Dr Bokary Treta, d’Housséini Amion Guindo, l’UDD de Tiéman Hubert Coulibaly, PS Yelen Kura d’Amadou Koita étaient les plus actifs. Tous estiment que la transition doit se concentrer sur sa mission essentielle, celle d’organiser le plus rapidement possible les élections générales, en opérant avec la célérité requise des réformes nécessaires.
Mais, ces partis et certaines associations membres n’avaient pas voix au chapitre et certains de ses leaders ont même eu maille à partir avec le pouvoir sous le motif de « dossier » de lutte contre la corruption et la délinquance financière. C’est le cas de Tiéman Hubert Coulibaly, qui vit, depuis plusieurs mois au-delà des frontières. Idem pour certaines personnalités, qui ont été menacés de procédures judiciaires du fait qu’ils avaient géré des affaires publiques dans un passé récent.
Alors que dans la conscience populaire, ce n’est pas à un pouvoir de transition de lancer des poursuites judiciaires contre des anciens responsables du pays, dans la mesure où un régime d’exception manquait même de structures appropriées pour de telles procédures. Par exemple, la Haute Cour de justice censée actrice majeure de la procédure étant inexistante du fait même de l’absence de l’Assemblée Nationale (dissoute après le coup d’Etat). Sans compter que les autorités de la Transition n’avait aucune légitimité suffisante pour devoir faire juger des anciens ministres.
Tout cela a donné une image de harcèlement ou de cabale à ces actions judiciaires, comme celles ayant conduit à la détention des anciens ministres Mahamadou Camara, Mme Bouaré Fily Sissoko, etc. jusqu’à nos jours. Et la conséquence de ces actions c’est le manque de cohésion au sein des forces vives pour conduire la transition à bon terme. Sans compter que les pouvoirs publics, dans ce climat de tension, manquent du soutien nécessaire dans certaines de ses actions pourtant appréciables. Tel fut le cas de la plainte de l’Etat malien contre la France devant le Conseil de sécurité de l’ONU. Les partis politiques ont brillé par leur silence dans l’accompagnement « patriotique » à apporter à cette action judiciaire.
En outre, les prises de positions tranchées et les diatribes du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga face à certains partenaires traditionnels du Mali ont exacerbé le climat de méfiance et de tension d’avec certaines forces vives. A titre d’exemple, certains leaders de la classe politique ont de très bons rapports d’amitié avec des dirigeants français ou d’autres dirigeants occidentaux ou même de pays voisins du Mali. Il va sans dire qu’un clash quelconque entre l’Etat malien et ces pays est fortement désapprouvé par ces chapelles politiques. Comment ne pas évoquer les critiques et les tentatives de diabolisation de la classe politique par des acteurs proches des autorités de la transition ? De telles actions ont été des freins à la constitution d’une véritable « union sacrée » au chevet du pays. Et c’est tout cela qui explique que la transition a une évolution plus que laborieuse, voire tumultueuse. Ce qui a le mérite de retarder et le processus des réformes politiques, et celui des élections.
Même si avec la propulsion du Premier ministre par intérim, le Colonel Abdoulaye Maïga, la tension entre dirigeants et classe politique a baissé d’un cran et des efforts sont désormais faits en termes d’écoute et de concertations pour des initiatives et démarches plus consensuelles. Sauf que le retard dans le déroulement du chronogramme de la transition est déjà une réalité et le temps perdu ne pourra plus être rattrapé. A moins d’un miracle et d’une confirmation rapide de l’intérimaire chef du gouvernement à la primature pour accélérer le traitement des dossiers en attente. Boubou SIDIBE/maliweb.net