Fortement préoccupé par l’état de notre Nation, le Parti Convergence pour le Développement du Mali, lors de la réunion ordinaire de son Bureau National tenue ce jour, samedi 24 juin 2023 à son siège à Sotuba ACI, fait certains constats et propositions des pistes de sortie de crise suivantes :
1- CONSTATS
Notre Parti malgré ses multiples appels pour l’abandon du projet illégal et illégitime de nouvelle constitution, regrette la tenue du referendum les 11 et 18 juillet derniers dans les conditions déplorables qui n’honorent pas notre pays. Ce constat d’échec prévisible d’un referendum non consensuel qui ne s’est pas tenu sur l’ensemble du territoire et de surcroit en violation des lois qui le régissent, préoccupe la CODEM.
Pour la CODEM, ce referendum n’est que le couronnement d’un processus d’accaparement du pouvoir politique par une coalition militaro-civile née de la prétendue rectification de la transition. Il matérialise la volonté de mainmise totale sur l’appareil d’État par cette alliance militaro-civile décidée à faire taire toute voix discordante et à user de tous les moyens pour cela.
– Les discours et slogans populistes nous ont plongé dans une surenchère qui nous a mis dos-à-dos avec nos principaux alliés et partenaires (y compris africains), nous jetant exclusivement dans les bras d’un allié qui ne nous reconnaît même pas. Ainsi, notre légendaire sens de consensus et de courtoisie dans les relations internationales a été dilapidé en quelques mois pour satisfaire une soi-disante base populaire.
En privant notre Etat des appuis très conséquents de nos partenaires traditionnels, nous privons également notre peuple de ressources indispensables quelques fois à sa survie.
– La nomination des membres des mouvements signataires de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation dans les différents Gouvernements de Transition autorisait à croire en des progrès significatifs dans l’application de l’APR ou tout au moins à une forte atténuation des tensions entre les parties signataires de l’Accord ; les errements de l’attelage gouvernemental post-24 mai 2021 ont au contraire ravivé les tensions au point de nous faire craindre une reprise des hostilités entre parties maliennes.
– La récente demande agressive du retrait sans délai de la MINUSMA procède de cette volonté de donner dans le sensationnel pour satisfaire une partie de la rue de Bamako. CODEM rappelle que la MINUSMA est venue au Mali à la demande du Gouvernement de la République du Mali. Qu’elle ait eu des insuffisances, cela est indiscutable. Qu’il faille à un moment ou à un autre demander son retrait, cela est aussi indiscutable. Mais au regard des sacrifices consentis par les différents contingents de la MINUSMA pour la défense de notre pays et les différents services rendus, essentiellement les services sociaux de base et les dessertes aériennes entre les régions dites du Nord et Bamako, il nous parait plus judicieux de demander un plan de sortie pour la MINUSMA, ce qui sera d’ailleurs le cas malgré les déclarations fracassantes de notre ministre des Affaires étrangères à New York.
– L’incident regrettable provoqué avec le retrait du passeport diplomatique de l’Imam Mahmoud DICKO dans un contexte de tension post-referendum est inopportun et injustifié.
– RECOMMANDATIONS
Notre nation fait face à de multiples périls que nous devons gérer avec tact pour maintenir notre unité et nous donner la chance d’asseoir notre cohésion sur le long terme.
C’est pourquoi CODEM invite les membres de la cour constitutionnelle à faire honneur à leur serment de garant de la constitution en vigueur en invalidant purement et simplement ce referendum.
À défaut de la cour constitutionnelle, CODEM demande au Président de la Transition de ne pas promulguer qui fragilise l’unité et la cohésion nationale dans notre pays. Aussi, la CODEM appelle les autorités en charge de la Gouvernance de notre pays à :
– Entreprendre dans le meilleur délai des actions vigoureuses pour apaiser la tension sociale.
– Renouer les liens avec nos partenaires traditionnels et nos voisins en mettant fin aux invectives. Aussi, mettre l’accent sur la mobilisation des ressources auprès d’eux pour relancer notre économie en mettant l’accent sur l’apurement de la dette intérieure dont les montants vertigineux asphyxient l’activité économique.
– Faire la lumière sur les différents cas de violations des Droits de l’Homme, en publier les résultats des enquêtes et si nécessaire traduire les auteurs devant les juridictions compétentes.
– Relancer la dynamique des concertations autour de l’application de l’Accord par la tenue régulière des comités de suivi de l’Accord et en adoptant des mesures pour rétablir la confiance entre les parties signataires.
– Intensifier les actions permettant un retour rapide des réfugiés et des déplacés dans leur terroir.
– Prendre les dispositions pour l’organisation d’une élection présidentielle transparente, régulière et inclusive.
– Entamer les pourparlers avec les leaders maliens des groupes djihadistes (essentiellement JNIM) pour arriver à une accalmie et mettre fin à l’instrumentalisation de conflits ethniques (essentiellement dans le centre du Mali)
Bamako, le 24 juin 2023
Le Bureau National