La Maison de la Femme de Sabalibougou a servi de cadre les 17 et 18 septembre 2024 à un atelier de formation sur l’autonomisation économique des femmes, organisé par l’Association des Juristes Maliennes (AJM) en collaboration avec le Mouvement de Solidarité pour les droits des femmes africaines. Cet atelier a réuni pendant deux jours des femmes magistrats, avocats, notaires, autres juristes et des femmes des organisations de la société civile féminine autour du thème renforcement de capacités et de leadership des femmes au Mali. La cérémonie d‘ouverture a été présidée par Me Soyata Maiga, présidente d’honneur de l’AJM en présence de Me Mariam Koita, présidente de l’AJM et de plusieurs autres femmes.
Dans son intervention pour souhaiter la bienvenue aux participants à l’atelier, Me Mariam Koita dira, pour situer le contexte de la rencontre, que l’AJM fait partie d’un réseau de femmes juristes qui regroupe plus de 70 organisations de la société civile et qui œuvre dans 33 pays africains. Ce réseau dénommé Solidarité pour les droits des femmes africaines veille à ce que les droits des femmes et des filles soient prioritaires pour les décideurs du continent. Elle expliquera que le réseau est reparti en clusters et que le Mali fait partie du cluster de l’Afrique de l’ouest. « C’est dans le cadre de la mise en œuvre des activités du cluster qu’il a été décidé que le Mali fera cette formation » a-t-elle indiqué. Me Mariam Koita rappellera que le pays traverse depuis 2012 une crise. Ce qui a fragilisé la population en général et les femmes en particulier. Donc, pour elle, l’autonomisation des femmes du Mali est plus que nécessaire au plan personnel, social, environnemental et économique. « Quant au leadership des femmes, plus qu’un mot, c’est une réalité qui s’impose à nous tous car c’est à travers le leadership féminin que nous parvenons à intégrer les instances de prise de décision » a-t-elle souligné. Pour la présidente de l’AJM, « en présence des difficultés liées à l’applicabilité des textes pour soutenir et protéger la femme malienne afin qu’elle devienne autonome, ce genre de cadre pour guider nos sœurs, filles sont à multiplier et encourager ». « Le gouvernement du Mali en est conscient, c’est pourquoi au 2è paragraphe des fondements économiques de la PNG-Mali, il est stipulé que, ce que l’Etat ne donne pas d’une main pour réduire les inégalités, il devra le payer de l’autre main pour les conséquences négatives résultants des inégalités » a-t-elle indiqué.
Dans discours d’ouverture, Me Soyata Maiga, présidente d’honneur de l’AJM, après avoir rappelé l’historique des relations de longues dates entre l’AJM et le réseau Solidarité pour les droits des femmes africaines, dira le choix du thème pour l’atelier n’est pas fortuit. Pour elle, il est désormais admis que l’autonomisation économique des femmes et des filles est la voie la plus sure pour réaliser l’égalité des sexes, l’éradication de la pauvreté et atteindre une croissance économique inclusive. Ce sont des objectifs essentiels des ODD, inscrits en bonne place dans l’Agenda 2063 de l’UA pour le développement. En effet, dit-elle, pour que les pays réalisent une croissance économique forte, il leur faut promouvoir les droits des femmes et des filles et mettre en œuvre des programmes et des interventions visant l’égalité Hommes Femmes ainsi que l’autonomisation sociale, économique et politique en ciblant de manière spécifique les femmes. « Il faut qu’ils veillent à ce que les femmes et les jeunes filles aient accès à l’éducation, à la formation et à des moyens de production, notamment à la terre, au crédit, aux techniques qui permettent aux femmes de gagner du temps » a-t-elle indiqué, tout en rappelant que de nombreux engagements internationaux appuient l’autonomisation économique des femmes et que notre pays a signé et ratifié toutes les conventions internationales et régionales, qui visent l’égalité Homme-Femme et l’autonomisation des femmes. Il s’agit notamment du Pacte international sur les droits économiques, sociaux et culturels, la CEDEF, la Charte africaine des Droits de l’homme et de Peuples, le protocole de Maputo, la Déclaration solennelle sur l’égalité entre les hommes et les femmes en Afrique, du Programme d’action de Beijing. Il y a aussi des engagements généraux et des déclarations sectorielles pris par les pays africains dans différents domaines comme le VIH-SIDA, l’éducation, la santé, la paix et la sécurité, l’eau e l’assainissement, l’énergie et le changement climatique. Tout cela pour dire que l’arsenal juridique du pays est assez impressionnant et satisfaisant. « Il s’agit dans nos échanges de les revisiter pour évaluer le niveau de mise en œuvre des engagements, des politiques et des programmes, à travers les avancées et les défis qui entravent l’autonomisation économique des femmes. Nous savons que toutes les opportunités et les résultats économiques des femmes sont fortement limités par de normes, tels que le fardeau du travail domestique, une restriction de leurs interactions sociales et les croyances stéréotypées liées au Genre et d’autres insuffisances » a indiqué Me Soyata Maiga. En somme, les recommandations pertinentes qui sortiront de cet atelier serviront de base solide de la suite des missions à accomplir au sein du cluster africain.
Dieudonné Tembely
Source : L’Evènement