Ils sont certainement les deux doyens d’âge des Présidents africains. Alassane Dramane Ouattara et Alpha Condé entretiennent depuis peu de temps un flou total sur leurs ambitions à la fin de leurs seconds mandats. Pour rappel, Alassane Dramane Ouattara, a accédé au pouvoir en Côte d’Ivoire au prix de plus de trois mille morts et dans un contexte politique marqué par la guerre tribale.
Quant à Alpha Condé, il accéda au Palais de Sekoutoureya après plus d’un demi-siècle de combat politique qui lui a même valu très souvent la prison sous la première République, celle de Sékou Touré. Ces deux Présidents ne devraient-ils pas s’estimer heureux après les parcours politico-administratifs qui sont les leurs et surtout d’avoir accompli le dernier serment qui était celui d’accéder à la magistrature suprême ? Ils doivent renoncer à un probable second mandat et écrire une belle page de l’histoire de leurs pays.
En s’entêtant, ils écorneront leurs images et seront probablement à la base de troubles et autres soulèvements populaires qui surviendraient quand ils torpilleront le cou aux principes de l’alternance démocratique pour briguer un troisième mandat. Si tant est qu’ils souhaitent écrire des belles pages de l’histoire de leurs pays respectifs, ils doivent avoir la sagesse de renoncer comme Nelson Mandela, l’icône de la lutte contre l’Apartheid en Afrique du Sud. Madiba, selon ses intimes, a consacré plus de trois décennies, dont 27 ans en prison, à la lutte pour la libération du vaillant peuple Sud Africain. Après sa libération, il a accédé à la magistrature suprême de son pays. Alors qu’il avait le moyen de mourir au pouvoir, contre toute attente, il a renoncé à un second mandat en passant le témoin à plus jeune que lui, qui est Thabo M’Beki.
Ce bel exemple donné par Nelson Mandela doit inspirer ADO et CONDE pour qu’ils renoncent à briguer un troisième mandat. Bien que leurs bilans plaident largement en leur faveur, ils doivent comprendre que leur salut et celui de leurs Peuples seraient d’abandonner leur projet en levant tout doute. ADO a eu l’occasion historique, qui était celle du congrès du RHDP, pour annoncer à la face du monde qu’il ne briguera pas un troisième mandat. Son discours a même contribué à renforcer la suspicion. Quant à Condé, il aurait dû couper court à toutes rumeurs sur ses intentions de briguer un troisième mandat, après avoir destitué le Président de la Cour Constitutionnelle Kéléfa Sall, dont le seul tort serait de dire qu’il ne permettrait pas à Alpha Condé de briguer un troisième mandat.
En définitive, Les peuples Guinéens et Ivoiriens n’auront pas besoin d’autres remous, après ceux qu’ils ont connus pendant des décennies. Ils aspirent tous à vivre heureux et en paix. ADO et Condé doivent comprendre que nul n’est indispensable et que le cimetière est rempli d’hommes qui se croyaient investis d’une mission divine et pourtant la vie continue sans eux.
Youssouf Sissoko