Docteur Diakité Aïssata Traoré, ministre de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille : «Cette journée doit être dédiée à la réflexion, la rétrospective, l’autocritique»

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Dr Diakité Aissata Traoré: Ministre De la promotion de la femme , de l'enfant et de la famille
Dr Diakité Aissata Traoré: Ministre De la promotion de la femme , de l'enfant et de la famille

À l’occasion du 8 mars, journée internationale de la femme, nous ouvrons nos colonnes à Docteur Diakité Aïssata Traoré, Ministre de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille. Elle évoque, dans cette interview, le sens de la journée internationale de la femme et revient sur les grandes décisions politiques qui impactent la vie des femmes maliennes. En sus de l’autonomisation de la femme malienne, son rôle et sa place dans l’instauration de la paix. Interview !

Nouvelle Libération : Madame la Ministre, vous préparez, activement, la journée internationale des droits des femmes (8 mars). En tant que Ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, sous quel signe placez-vous cette journée et quel sens vous lui donnez ?

Dr. Diakité Aïssata Traoré : Le 8 mars est une journée internationale qui est dédiée à toutes les femmes. Donc cette journée a un historique, elle a découlé de la révolte (si je dis révolte, il s’agit du sens positif) relative aux revendications des droits de femmes, et surtout les ouvrières,qui étaient à la base de ce mouvement de quête de libertés. Et le Mali, depuis 1994, est en train de magnifier cette journée. C’est la 25èmeédition que nous célèbrerons demain (vendredi 8 mars).

À mon avis, cette journée doit être dédiée, chez les femmes, à la réflexion, la rétrospective, l’autocritique. Les femmes doivent en profiter (comme tous les jours) à trouver des solutions aux difficultés qu’elles rencontrent au quotidien, dans les bureaux, les villes, les villages, dans les champs, les cuisines, etc. On ne peut pas dire que tout est mauvais mais on peut mieux faire. Il y’a des améliorations qui peuvent être apportées afin que les nombreux défis qui nous sont assignés puissent être relevés pour devenir des réalités.

Il y’a souvent, il faut le reconnaître, beaucoup de tapages et de bruit au cours et autour du 8 mars. C’est normal car la culture aussi est un facteur de cohésion sociale. Je ne suis pas contre, mais à côté de ces manifestations folkloriques, les femmes doivent s’asseoir, aller vers les débats, les conférences, échanger, voir qu’est-ce qui a marché, qu’est-ce qu’on peut faire. Qu’est qu’on peut améliorer ; faire un bilan.

NL : C’est comme un baptême du feu pour vous, cette année, la journée du 8 mars. C’est votre première journée internationale des droits de la Femme célébrée en tant que Ministre, qu’est-ce que cela représente pour vous ? Qu’est-ce que vous prévoyez comme activités majeures ?

Dr. DAT :Je suis dans ce domaine depuis plus de vingt ans et j’ai l’habitude de célébrer le 8 mars en tant que femme leader. Cette année, c’est ma première fois de le faire, il est vrai, en tant que Ministre en charge de la promotion de la femme de l’enfant et de la famille. J’ai espoir que cela se passera à merveille, que nous saurons transmettre les messages nécessaires, sensibiliser sur l’essentiel.

Dans ce cadre, nous avons déjà lancé un débat générationnel avec nos mamans dans le cadre de plusieurs rencontres. Nous les avons écoutées, elles nous ont prodigué des conseils ; elles nous ont montré et expliqué comment c’était hier ; aujourd’hui et demain, ce qu’on doit faire. C’était vraiment intéressant.

Cette année, nous allons apporter quelques innovations dans le cadre de la célébration. Même s’il y aura des chansons, elles vont véhiculer des messages forts à l’endroit de toutes les femmes et les hommes aussi ; car, nous (femmes) sommes complémentaires des hommes. Nous comptons sur les hommes pour nous accompagner, et je suis sûre que cela ne fera pas défaut.

Je saisis cette occasion pour dire à toutes les femmes du Mali que nous avons un grand rôle à jouer dans notre pays. Nous devons, dans nos différences, essayer  de nous supporter, essayer de travailler main dans la main pour relever les différents défis.

N.L : Que pensez-vous de la place que les autorités confient aux femmes dans notre pays ? Etes-vous satisfaite du rôle qu’on vous confie dans le cadre de la construction nationale ?

Dr. DAT : Permettez-moi, tout d’abord, de saisir cette occasion que vous m’offrez pour remercier le président de République, Son Excellence Ibrahim Boubacar Kéïta, et son Premier ministre, SoumeylouBoubèyeMaïga, pour la place et le rôle qu’ils confient aux femmes et l’importance croissante accordée aux femmes depuis un certain moment.

Si vous constatez, depuis 2015, la loi 052 a vu le jour. Cette loi a beaucoup contribué à augmenter très significativement le nombre de femmes conseillères, députées. Le gouvernement est le meilleur exemple pour illustrer cela. Nous sommes, aujourd’hui, 13 femmes ministres. Nous avons donc dépassé les 30%. Il faut aussi noter et saluer l’adoption de la politique nationale –genre- depuis 2010.

Nous venons également, très important pour être signalé, d’ériger le Programme national de lutte contre l’excision en Programme national de violences basées sur le genre. Le système de réforme de la santé, qui prend en charge l’équité et la prise en charge holistique des violences basées sur le genre. Donc, nous ne faisons que remercier le gouvernement qui a efficacement contribué à la prise en charge de toutes ces mesures.

Nous avons un fonds d’appui à l’autonomisation de la femme et de son épanouissement ; un fonds pour la promotion de la filière karité qui s’occupe de l’autonomisation de la femme rurale. Il faut dire que l’autonomisation des femmes est en train de devenir une réalité. Il y a eu beaucoup d’avancées. Les autorités sont à saluer.

NL : On parle beaucoup d’autonomisation des femmes, Mme la Ministre. Où en est-on exactement avec cette autonomisation ?

Dr DAT : En réalité, c’est le changement de mentalité des femmes, elles-mêmes, qui peut favoriser la prise de toutes ces mesures en leur faveur.  Il faut que les femmes soient solidaires, qu’elles puissent se supporter, parler le même langage, travailler ensemble. Car une seule personne ne peut pas amener à bon bord cette question d’autonomisation.

Un groupement, oui ! Un collectif, oui ! Donc l’autonomisation est une réalité. Les fonds sont là ; si les projets sont là, ils peuvent être accompagnés. Maintenant, il reste aux femmes de se supporter mutuellement et d’amener à bon port ce problème d’autonomisation.

N.L : Avez-vous un message à lancer aux femmes au sujet du rôle qu’elles peuvent jouer dans le cadre de la culture de la paix dans notre pays ?

Dr. DAT : Je demande à toutes les femmes de travailler et essayer  d’aider les gens qui n’ont pas eu la chance. Par exemple, une femme intellectuelle ne doit pas limiter ses actions au niveau urbain seulement. Nous devons décentraliser nos actions vers les villages, les cercles, les communes ; partager notre expérience avec nos sœurs. C’est comme cela que nous pouvons arriver à un bon résultat. Il faut aussi, à mon avis, encourager le bénévolat et ne pas tout lier à l’argent, au bénéfice et au profit.

Moi, je suis médecin, mais j’ai fait beaucoup de bénévolat pour aider les autres femmes à sortir de l’obscurantisme. Si je peux me permettre de m’exprimer ainsi. Aussi, la femme a un grand rôle à jouer dans l’instauration de la paix. Comme on aime à le dire : «derrière chaque Grand Homme, il y a une Grande Dame».

Nous sommes des cibles qui peuvent apporter réellement l’apaisement. Alors, les femmes doivent se mettre au centre même de ce dossier. Nous sommes interpellées, nous devons nous réunir, faire des débats, aller vers les politiques, vers l’administration afin que nous soyons impliquées dans ce processus.

Je souhaite bonne fête à toutes les femmes du monde parce que c’est une fête internationale ; bonne fête à toutes les femmes d’Afrique, car je suis Africaine et plus précisément les femmes du Mali, parce que je suis Malienne. Femmes du monde entier, supportons-nous !

Pour ce qui concerne le Mali, je dis ceci : ma porte est et restera toujours grandement ouverte.

Interview réalisée par Makan Koné et Jean-Pierre Kéita

 

 

SourceNouvelle Libération

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