Mon opinion : Le Mali sous IBK, telle une punition divine !

0
69
Souleymane Kone
Souleymane Kone

Que dire de la situation politique de notre pays ? Bientôt six ans que  nous avons la certitude que le règne que subit le Mali, sonne comme une punition pour notre peuple en détresse depuis l’instauration de la  gouvernance inefficace  et prédatrice du pouvoir IBK.

Nous sommes plus que jamais un pays  livré aux  rentiers ethniques,  aux porte-parole ethniques dans un décor de patrimonialisation de l’Etat et de clochardisation de l’Administration. La nation toute entière est en danger. On pourrait même dire qu’elle se meurt.

Au Nord et comme  au Centre, à Koulogon, Ogossagou et dans bien d’autres localités les civils  sont massacrés par les terroristes. Il n’y a plus d’Etat capable de  les protéger, d’assurer leur  sécurité.

L’absurdité est que l’Etat lui-même semble compromis dans l’opinion nationale dans une instrumentalisation des milices qui défient les forces armées et de sécurité.

Depuis Diouara, on peut comprendre le moral plus bas que terre,  de  nos troupes qui semblent se battre dans le noir total, sans renseignements crédibles et fiables, dernier souci d’une hiérarchie militaire à la fête.

Dans le reste du pays, devant une gouvernance de prédation érigée en système,  les grèves et manifestations coupent le souffle à ce qui ne reste qu’une mue de l’Etat.

En somme, devant les tueries massives, les grèves, manifestations à Nioro,  Ségou, Sévaré etc. donnent la mesure de  l’incompétence  du pouvoir IBK.

Sous ce règne, le Mali est aujourd’hui réduit à une existence douloureuse, comme dans les livres divins qui nous enseignent comment Dieu a foudroyé les peuples insouciants et transgresseurs de tabous et d’interdits ; comme dans la mythologie grecque où les Danaïdes et Sisyphe ont été condamnés à remplir un tonneau percé et à faire monter éternellement une pierre sur une colline, nous sommes également condamnés à pleurer nos morts civils et militaires dans l’indifférence, voire la complicité des dirigeants du jour.

Ce pays, naguère présenté comme un des  pays d’Afrique où il fait bon vivre (parmi les cinq pays africains en progrès constant) et la  nation la mieux constituée en Afrique de l’ouest, le Mali n’a jamais atteint qu’en ce moment, les profondeurs abyssales.

On  aurait dit que  le pays  est  frappé de malédiction, pour lui rappeler le souvenir du vrai bonheur que l’on apprécie qu’après l’avoir perdu. Dieu a inauguré la parenthèse d’une équipe venue conspuer les nombreuses chances de notre pays. Une équipe qui a initié le temps des grandes déchirures, de la culture de la clanisation et la tribalisation du pays, et du débat politique, la catégorisation systématique des citoyens en bons et mauvais.

Jamais la culture de la curée n’a été aussi affolante. Certains compatriotes ont la ferme conviction que  Dieu a décidé d’éprouver le peuple malien, comme cela a été le cas en Egypte sous le règne du Pharaon, pour nous amener à méditer sur nos moments de grandeur et de splendeur. LUI voudrait aiguiser davantage notre aptitude au refus des impostures. Depuis le succès de l’imposture en 2013, notre pays a renié le débats contradictoire fécond, ce dernier a été  ramené sur des questions sérieuses à des considérations personnelles : « ils me haïssent, ils sont contre moi, ce sont des hasidi, des aigris… »

Ce qui aurait dû être un débat démocratique est resté dans la tête  des gouvernants une question de personne. Point de Mali et des intérêts de la nation. Comment dans ces conditions s’étonner  six ans après, qu’ils ne fussent jamais à la hauteur des responsabilités qu’impose la recherche d’une solution nationale à la crise ?

En plus de cinq de détresse…

Chacun le constate, l’équipe qui porte l’heureuse issue de la crise malienne se fait attendre.  Le prétendument « homme de la situation » d’hier, a fini de ruiner la légitimité, la crédibilité et même la créativité de toutes les femmes et tous les hommes, les acteurs et les collectifs qui ont pour certains de bonne foi voulu servir la nation à ses côtés.

Il s’est suffisamment employé à retourner les Maliens les uns contre les autres, faire imploser toutes les structures de médiation dans la société ; diviser  tous les secteurs de la vie sociale et professionnelle et,  enfin de compte créer le vide autour de lui et dans la direction du pays, avec comme résultat, un pays qui tourne à vide.

C’est peu dire qu’il a manqué au Mali, la mémoire nationale dans le traitement des dossiers et l’intelligence collective dans la gestion de la présente crise, les querelles de personnes  volontairement imprimées au débat national, ont primé sur les valeurs et les principes. Une démarche appuyée d’une volonté farouche qui visait à mettre toute opposition en conserve.

Ces jours qui s’annoncent…

Certes, le tableau est noir. Mais, le Mali reste fort et capable. Au cours de ses siècles d’existence, il a appris que l’on peut trébucher sur une pierre et être capable  de gravir une montagne. Ces jours qui s’annoncent  seront déterminants  par le réveil patriotique, pour le sursaut national. Karl Marx disait qu’à l’échelle de l’histoire humaine, il y a des jours qui valent des siècles.

En plus de cinq ans de détresse permanente, le pouvoir n’a toujours pas compris  que le dialogue politique, sans esprit de ruse, est la seule solution pour sortir le pays de l’impasse.

Il devra au plus vite comprendre que s’imposer aux Maliens à l’issue d’un scrutin truqué n’était  certainement pas le plus difficile pour  un pouvoir bâti sur la corruption et la prédation des deniers publics. Mais, c’est pour se faire accepter à plus ou moins brève échéance en continuant dans  un monologue parallèle qui est le défi.

C’est pourquoi, il doit se rappeler cette pensée de  Michel Foucault : « le mouvement par lequel un homme seul, un groupe, une minorité ou un peuple tout entier dit : je n’obéis plus et jette à la face du pouvoir qu’il estime injuste le risque de sa vie, ce mouvement me parait irréductible. Parce qu’aucun pouvoir  n’est capable de le rendre absolument impossible. Et, parce que l’homme qui se lève est finalement sans explication, il faut un arrachement qui interrompt le fil de l’histoire et ses longues chaines de raison, pour qu’un homme puisse réellement préférer le risque de la mort à la certitude d’avoir obéit ».

Le peuple du Mali serait-il à l’aube d’un tel mouvement,  après le 26 mars 1991, après le Mouvement An Tè A Bana ?

Winston Churchill avertissait, devant la Chambre des Communes en 1938, suite à la signature des Accords de Munich avec Hitler : « Vous avez eu à choisir entre la guerre et le déshonneur ; vous avez choisi le déshonneur, vous aurez la guerre ».

Souleymane Koné

Ancien Ambassadeur

SourceL’Aube

Laisser votre commentaire