A l’appel de l’imam Mahmoud Dicko, président du Haut conseil islamique du Mali (HCIM), un grand meeting rassemblant des centaines de milliers de personnes s’est tenu, le vendredi 05 avril 2019, dans l’après midi sur le boulevard de l’indépendance, pour inviter les gouvernants à faire preuve de bonne gouvernance au Mali. La marrée humaine s’étendait de l’Ecole normale supérieure (ENSUP) jusqu’à la Bourse du travail. Les manifestants en plus des pancartes, scandaient « IBK dégage », « Boubèye dégage », « arrêtez le massacre ». De l’insécurité avec l’attaque du village peulh d’Ogossagou (Mopti) ayant fait plus de 160 morts, à la cherté de la vie en passant par la crise scolaire, tous les maux qui minent le Mali actuellement ont été dénoncés par les manifestants. D’ailleurs, au cours de ce meeting qui a rassemblé une marrée humaine, l’initiateur, Mahmoud Dicko a exigé la démission du Premier ministre du Mali, Soumeylou Boubèye Maïga. Faute de quoi, il promet d’organiser un grand rassemblement tous les vendredis.
Un grand rassemblement, comme du jamais vu dans l’histoire contemporaine du Mali, a eu lieu le vendredi passé. Des centaines de milliers de personnes ont répondu à l’appel de l’Imam Mahmoud Dicko, sur le boulevard de l’indépendance, autour du monument de l’Indépendance pour réclamer la bonne gouvernance au Mali et le départ de Soumeylou Boubèye Maïga de la primature. Outre l’initiateur, l’imam Mahmoud Dicko, président du Haut conseil islamique du Mali (HCIM), on notait la présence du représentant du Chérif de Nioro Bouyé Haïdara, des acteurs du mouvement démocratique au Mali, des candidats à l’élection présidentielle de 2018, des responsables politiques, des élus de la nation, des leaders religieux, des responsables de la société civile et de nombreuses autres personnalités. La marrée humaine s’étendait de l’Ecole normale supérieure (ENSUP) jusqu’à la Bourse du travail. Les manifestants scandaient « IBK dégage », « Boubèye dégage », « arrêtez le massacre ».
Ces slogans étaient écrits aussi sur les pancartes. Prenant la parole devant un public acquis à sa cause, l’organisateur du rassemblement, l’imam Mahmoud Dicko, président du Haut conseil islamique du Mali (HCIM) a vivement remercié tous ceux qui ont effectué le déplacement. Avant de déplorer l’attaque du village peulh d’Ogossagou dans le cercle de Bankass (Région de Mopti), le 23 mars 2019 ayant fait plus 160 morts. Selon lui, il y a eu du massacre au Mali. Et pour se rassembler et exprimer l’indignation collective, cela ne devrait pas être conditionné à la délivrance d’une autorisation.
« Ils doivent être tous (gouvernement, majorité, opposition, assemblée nationale) là aujourd’hui, pour qu’ensemble nous disions « non à l’amalgame, non à la confusion, non à la barbarie. Plus jamais ça au Mali, c’est ça le message », a-t-il dit. L’imam Dicko a invité les uns et les autres à faire en sorte qu’il n’y ait pas de conflit intercommunautaire au Mali. Par ailleurs, il a rappelé le meeting du 10 février 2019 tenu au stade du 26 mars de Bamako au cours duquel la démission du Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga avait été réclamée. Selon lui, ce message a été mal compris et mal interprété par les autorités. « Encore, nous leur demandons d’écouter, de comprendre et de diligenter ce message. Nous avons vu l’exemple, il y a quelques jours, le président Bouteflika a été l’artisan de l’indépendance de son pays (Algérie). C’est le peuple qui lui a demandé de partir. Il est parti avec dignité en adressant une lettre d’excuse de pardon à son peuple. C’est ça la grandeur, la dignité, l’honneur. C’est ce que les grands hommes font face à l’histoire », a dit l’imam Dicko. Ainsi, il a invité le président de la République du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) à limoger le Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga. « Je pense que si les grandes personnalités du pays ont dit ou réclamé quelques choses, le président de la République doit l’exécuter rapidement. Il ne doit pas penser que c’est un manque de respect à son regard. Le peuple lui a fait confiance. Rien de grave n’existe entre nous et le premier ministre Soumeylou Boubèye Maiga. Mais les gens ont vu que la gouvernance du premier ministre Soumeylou B. Maïga n’est pas à hauteur de souhait. Donc sa démission ne doit pas être un problème. Si les autorités arrivent à entendre et comprendre cela, tant mieux. Mais dans le cas contraire, chaque vendredi, ce genre de grand rassemblement s’effectuera jusqu’à la satisfaction de notre revendication, à savoir la démission du premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga », a martelé Mahmoud Dicko. Par ailleurs, il dit avoir toujours contribué à la paix au Mali. Présent au lieu du rassemblement, le représentant du Chérif de Nioro, Bouyé Haïdara a exprimé sa solidarité envers les manifestants.
« La patrie est en danger »
Au cours de ce meeting, les uns et les autres ont donné leurs impressions. Selon le chargé de communication du chef de file de l’opposition, Nouhoum Togo, membre du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD), il faut un changement de système de gouvernance au Mali, car des citoyens sont tués tous les jours. Pour sa part, l’honorable Oumar Mariko du parti SADI, membre de la Coalition des forces patriotiques (COFOP) dira que la patrie est en danger. « Nous sommes venus répondre à l’appel patriotique de l’imam Mahmoud Dicko. Ce n’est pas une lutte religieuse mais c’est parce que la patrie est danger. Toutes les forces doivent se lever pour l’unité », a-t-il dit. Selon lui, les centres de santé ne fonctionnent pas comme il le faut, l’école n’existe pas, l’insécurité est partout. Pour l’honorable Mariko, il faut tout faire pour rétablir l’ordre démocratique. Aux dires de l’ex ministre Tiébilé Dramé du FSD, c’est le moment du sursaut national. « C’est un mouvement populaire pour une nouvelle gouvernance, contre les massacres horribles qui sont perpétrés au Mali, contre l’incompétence des autorités, pour alerter et pour la nécessité de dialogue. Je crois que tous ceux qui se sont mobilisés aujourd’hui, leur message devra retentir aux quatre coins du Mali, aux quatre coins du monde », a-t-il dit. Avant de signaler que le Mali est en crise et en difficulté. A cet effet, il a fait savoir qu’il est indispensable de créer les conditions que les maliens se parlent pour sauver le Mali. A l’issue du meeting, des échauffourées ont eu lieu entre quelques manifestants et les forces de l’ordre. Car des manifestants se sont dirigés vers le domicile du Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga au quartier du fleuve de Bamako et ont été repoussés par les forces de l’ordre à l’aide de gaz lacrymogène. Aux alentours du domicile du Premier ministre, certaines intersections étaient barricadées, des pneus étaient brulés sur la route.
Aguibou Sogodogo
Source: Lerepublicainmali