Le Mali malade de son président IBK

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Nicolas Sarkozy s’est vu attribuer le sobriquet de « président hyperactif » parce que ce bout d’homme débordant d’énergie était constamment sur tous les dossiers importants en France, en Europe, dans le monde. Au point d’empiéter sur les plate bandes de son Premier ministre voire de ses ministres.

Brillamment reconduit à la magistrature suprême du Sénégal, Macky Sail a décidé de supprimer le poste de Premier ministre. Il cumulera désormais les fonctions de président de la République et celles de chef de gouvernement. Ceci pour donner plus de chance de succès à son Plan Sénégal Émergent (PSE) durant son second et ultime mandat de cinq ans qu’il vient d’entamer.

Le president Alassane Ouattara a doté l’exécutif ivoirien d’un vice-président (Daniel Kablan Duncan) en plus du Premier ministre Amadou Gan Coulibaly. Cela ne l’empêche pas de suivre de très près tous les dossiers sensibles notamment ceux relatifs à la transformation de l’agriculture , à l’industrialisation, aux infrastructures pour propulser la Côte d’Ivoire dans  le club des pays africains émergent en gestation.

Nous serions heureux et fiers d’en dire autant de notre président IBK Hélas! Nous ne le       pouvons fau­te d’arguments. L’affligeante réalité qui s’impose à nous, comme à des   millions de nos concitoyens, c’est que IBK, au lieu d’être le remède tant espéré pour   remettre sur pied et  redonner  vigueur  au grand malade qu’est le Mali, est devenu un   facteur d’aggravation de son mal.

Dès sa prise de fonction en septembre 2013, le président « quasi plébiscité » a révélé une propension au laxisme. Avec le temps, elle s’avèrera être  un trait de caractère à l’origine de tous les malheurs qui frapperont le Mali. L’homme censé réunifier le pays ET le libérer de l’hydre terroriste n’arrive sur son lieu de travail à Koulouba  qu’à  partir de 11 heures, midi voire 13 heures.

La session du Conseil des ministres, qui se tenait depuis 53 ans chaque mercredi, a lieu désormais de façon irrégulière et sur une  périodicité de plus en plus espacée, au gré de l’humeur et de la disponibilité du chef de l’Etat plus fréquent à l’étranger que chez lui.

C’est dire le peu de cas qui est fait des affaires nationales dans un environnement de détresse.

Une fois son Premier ministre nommé, le président considère avoir accompli son devoir constitutionnel. C’est à l’heureux promu de s’occuper du reste. De tout le reste. Le voici   donc  propulsé au rang de seul et vrai patron de la République.

Il la gère comme il l’entend avec les moyens en sa possession, qui ne sont pas toujours à hauteur de souhait. Et le président n’exerce pas toujours son pouvoir de contrôle ni ne procure les moyens souhaitables . Au chef du gouvernement de se démener comme un beau diable pour se tirer d’affaire.

Ainsi nos concitoyens étaient consisidérés de constater, lors de la grève de 37 jours du personnel de la santé en 2017 qui a accusé des décès supplémentaires dans les hôpitaux, que le président IBK se tenait loin en retrait, comme s’il n’était nullement concerné par la tragédie qui se jouait. Lors de «la grève illimitée» (elle durera une centaine de jours) des magistrats qui suivra en 2018, il aura fallu une vigoureuse campagne d’opinion pour que le président IBK sorte de sa torpeur. Et plutôt que d’apparaître comme un recours pour aller à l’apaisement, il a opté pour la démarche contre productive d’appuyer son Premier ministre dans le rejet des doléances des grévistes.

Depuis quatre mois , la nième grève des enseignants pour réclamer des primes de logement que le gouverne­ ment leur refuse pour manque de ressources menace de conduire l’école à une nouvelle année blanche . Que croyez  vous que le president  fait? IL se tait et observe la scène. Impassible.

Enfermé dans sa forte ­ resse de Sébénicoro, I8K n’entend pas les suppliques des mères de familles ne sup­ portant pas voir leur progéniture trainer à la maison plutôt que d’aller étudier. 1r ne perçoit pas non plus les cris de colère des enseignants qui ne veulent plus être la lanterne rouge des couches laborieuses maliennes .

En France, lorsque les conflits sociaux s’exaspèrent , l’Elysée n’hésite pas à intervenir pour tenter de leur trouver un dénouement acceptable. Tel devrait  être le cas chez nous.

IBK déclarait, il y a peu, que lorsqu’on exerce le pou­ voir, l’on est forcement bien renseigné. L’on s’en doutait. Il doit donc savoir que les recet­ tes fiscales perçues sur l’or exploité au Mali sont passées de 48 milliards de FCFA en 2016 à seulement 8 milliards de FCFA en 2018 alors que la production du métal jaune n’a cessé d’augmenter.

Où sont donc passées les dizaines de milliards qui ont manqué à l’appel ?

Ce n’est pas tout. Durant la période considérée, aucun dividende n’a été versé à l’Etat pourtant actionnaire à hau­teur de 20 % dans les sociétés exploitatrices de l’or. Où est donc passé le pactole. Qui devait lui revenir? Ces dernières informa­ tions sur l’or sont extraites de la motion de censure qui de­ vait être soumise aux dépu­ tés pour faire tomber le gouvernement Soumeylou Boubèye Maïga. Avec la dé­ mission anticipée de ce der­ nier, le texte n’a pu être dif­ fusé à la télévision nationale comme prévu. Nous vous le proposons en intégralité dans cette édition . Un réquisitoire accablant. Pas seulement pour le Premier ministre sor­ tant. Mais surtout pour le pré­sident de la République lui­ même qui n’a pas été à la hauteur de sa mission.

Par Saouti Haïdara.

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