Le Rassemblement Pour le Mali (RPM), parti présidentiel, créé par « le président fondateur», Ibrahim Boubacar Keita est bien à la croisée des chemins. En effet, cette formation politique, dirigée par Bocari Tréta depuis l’élection d’IBK à la magistrature suprême de l’Etat, peine à jouer son rôle de soutien à l’action gouvernementale. Par ses atermoiements, son inefficacité, sa jalousie, le parti des Tisserands a saboté l’action des différents Premiers ministres. Même Abdoulaye Idrissa Maiga, premier vice-président du parti, alors Chef du gouvernement, n’a pas obtenu le soutien de Tréta et de ses ouailles.
Le RPM avait dans tous les gouvernements plus de10 ministres. Tréta avait obtenu un ministère sur mesure : Le Développement rural. Tout le monde sait comment la mission s’est achevée, avec l’histoire des engrais dits frelatés. Une enquête judiciaire est toujours en cours au Pôle économique et financier.
Les autres ministres RPM n’ont pu rien apporter au parti. Au lieu de travailler à élargir leurs bases politiques, ils préfèrent se jeter des peaux de banane, multiplier les crocs-en-jambe, créer des Groupements d’intérêts économiques (GIE) avec leurs amis et leurs entourages familiaux.
Le président IBK a pourtant donné au RPM beaucoup d’opportunités pour lui permettre d’asseoir davantage sa base politique et sociale. Malheureusement, par son incompétence, son égoïsme, sa boulimie, le parti du 30 juin n’a pu en profiter, estimant que sans la Primature, il ne pourra pas gouverner. C’est ainsi que le Premier ministère lui a été confié, à travers Abdoulaye Idrissa Maiga. La suite est connue de tous.
Comment peut-on confier la Primature à un parti qui joue la carte d’intérêt personnel, clanique, voire familial ? Comment peut-on aussi confier ce prestigieux poste à un parti qui affiche un dédain à l’endroit de ses alliés ?
IBK ne s’est donc point trompé en préférant Soumeylou Boubèye Maiga à Bocari Tréta en décembre 2017 pour diriger le gouvernement. Là encore, le parti présidentiel, sans grande surprise, a fait preuve de mauvaise foi, malgré la présence de plusieurs ministres RPM dans l’attelage gouvernemental.
BocariTréta et ses ouailles, toujours dans la forfaiture, n’ont ni soutenu, ni amplifié les nombreux actes du Premier ministre, encore moins l’EPM (Ensemble pour le Mali) dirigé par le même Tréta. C’est ainsi que face aux difficultés, le Premier ministre n’a reçu aucune compassion. Au contraire, certains d’entre eux, applaudissent en cercle fermé et jubilent.
Face aux nombreux assauts de l’opposition, Tréta devient invisible et aphone. Soumeylou Boubèye Maiga est obligé de se défendre seul. Sa majorité entend profiter du pouvoir, mais refuse de faire la « vaisselle».
Comble de méchanceté : la majorité parlementaire, sous la conduite du même Tréta, surtout contre la volonté présidentielle, est porteuse d’une motion de censure pour faire tomber le gouvernement SBM. Alors qu’une discussion franche, entre camarades, aurait dû suffire pour lever des malentendus supposés ou réels.
Tréta et ses ouailles ont préféré se donner en spectacle, à l’humiliation, parce qu’ils ne pourront jamais s’imposer au Chef de l’Etat, pour lui faire accepter le président du RPM comme Premier ministre. Ils se trompent lourdement de combat, en croyant que c’est grâce aux Tisserands qu’IBK est devenu président. En 2002 et en 2007, IBK avec le RPM a perdu.
En 2013, avec le grand rassemblement, composé de l’ASMA, l’UDD, le MIRIA, d’une multitude d’associations et personnalités à l’instar de Mohamed Aly Bathily, Oumar Tatam Ly, Mahamadou Diarrah, Mohamed Diarra, Mamadou Gaoussou Diarra, l’Imam Mahamoud Dicko et le très respecté Chérif Maoulla Bouillé Haidara de Nioro, IBK a été plébiscité. En 2018, le même rassemblement, sans les religieux, a permis à IBK de rempiler. Avec bien sûr des contestations.
IBK est donc l’émanation du peuple et non du seul RPM. Les manœuvres politiques tendant à le déstabiliser, si le RPM n’est pas à la Primature, se retourneront contre le parti. Déjà, il a perdu avec l’arrivée de Boubou Cissé comme Chef du gouvernement. C’est le début de la marche du RPM vers Canossa. D’autres responsables du parti avaient crié haut et fort : « J’irai même à Canossa chercher la tête de Boubèye ». Ils y sont parce que Tréta n’a pas eu la Primature. Ils doivent alors s’enfermer à la pénitence de Canossa.
Comme un Pasteur avec ses fidèles, les cadres du RPM croient en Tréta, même si sa démarche les conduit inéluctablement dans cette commune italienne qui incarne l’humiliation : Canossa.
El Hadj ChahanaTakiou