A l’issue d’un faux suspense, le président IBK a choisi le ministre de l’Economie et des Finances au poste de Premier ministre. Les sources les mieux introduites à Sébénicoro ont avancé le nom du futur PM dès le soir de la démission de Soumeylou Boubèye Maiga. Le seul fait de nature à brouiller les pistes a été la succession de canulars qui ont avancé une cascade de noms et de décrets aussi farfelus les uns que les autres. Le nom de Tièna Coulibaly, un temps agité, ne l’aura été que pour accréditer l’idée que le président cherchait dans toutes les directions.
Maintenant que le vin est tiré, il revient au nouveau patron de la Cité administrative de prouver qu’il est l’homme de la situation.
Son atout principal est de connaître à fond le système IBK. Il est ministre depuis le premier gouvernement de septembre 2013. Boubou a occupé deux positions clé: celle de ministre des Mines, puis de Ministre de l’économie et des Finances. Il arrive avec une photographie de l’état réel du pays tant au niveau global que sectoriel.
Côté boulets, le premier ministre Boubou Cissé commence sa mission plombé de la réputation de porte-étendard de la famille qui a fait montre tout au long des six ans d’un instinct grégaire qui a puissamment affaibli l’idée de la République et de la méritocratie.
Le nouveau PM ne laisse pas non plus derrière lui des finances publiques rayonnantes. Bien au contraire! L’Etat n’est pas seulement fauché, la gestion de ses ressources financières a semé le trouble chez nos partenaires, notamment le FMI qui se hâte lentement à conclure un nouveau programme avec notre pays. Pour les opérateurs économiques locaux, les affaires se meurent sous le poids de la dette intérieure. Il ne pourra donc pas mettre le choix porté sur lui comme la récompense d’une performance dans la fonction antérieure.
Sur le plan anecdotique, Boubou Cissé ne s’est pas montré sous son meilleur jour devant l’assemblée nationale pour parler de la situation des enseignants en grève. Polémique inutile sur les salaires, manque d’empathie pour un corps qui souffre même si l’Etat n’est pas en mesure de satisfaire toutes ses doléances.
Le dernier marqueur du nouveau premier ministre, c’est sa virginité politique. Ce sera un atout si l’opposition et la majorité lui accordent le bénéfice de la neutralité pour le juger à l’œuvre. Une faiblesse insurmontable au cas où la classe politique jugerait qu’une crise politique et sécuritaire de l’ampleur de celle du Mali se résout avec un politique aux manettes. Le soutien du président lui est acquis, mais le dernier épisode qui a poussé Boubèye à la démission a montré que l’homme le plus fort de la République aujourd’hui n’est pas le président de la République.
C H Sylla
Source: L’Aube