Les réactions se multiplient dans la presse guinéenne et au-delà après la charte rendue publique dimanche 26 septembre au soir, par les militaires au pouvoir.
« De nouveaux défis s’imposent, commente le site d’information guinéen Aminata. Ils sont à la fois les causes de la crise politique la plus aiguë que la Guinée ait connue et les conséquences du coup d’état du 5 septembre dernier. »
Parmi ces défis : « la question lancinante relative à la révision du fichier électoral, qui a été de tout temps un problème majeur en Guinée, le précédent régime ayant fait de cette étape du processus, l’une des clés de son accaparement du pouvoir. Il faut se pencher au plus vite sur les voies et moyens permettant de corriger ces graves manquements, estime Aminata, par d’un côté, la mise en place d’un véritable cadre législatif, et de l’autre, par un recensement général de la population en vue d’établir non seulement un fichier, mais aussi des listes et cartes électorales débarrassées de tous soupçons. »
La voie d’une bonne gouvernance
Et puis autre défi, estime encore Aminata : la conscience citoyenne. « Les Guinéens doivent faire peau neuve en ayant la capacité de veiller à la régularité des institutions et exiger le respect scrupuleux de la vérité des urnes. L’UFDG (principal parti d’opposition) en a été la principale victime de 2010 à 2021. En combien de temps est-il possible de créer ce « Guinéen nouveau » capable d’un sursaut national ? », s’interroge le site guinéen. « Cette question nous amène à penser que toute précipitation dans l’organisation des futures élections serait une nouvelles source d’instabilité politique pour notre pays, affirme Ledjely. Il ne s’agit pas en effet d’organiser simplement des élections mais plutôt de tracer la voie d’une bonne gouvernance démocratique et économique. »
Et le site guinéen de s’interroger encore : « devons-nous nous attaquer à tout à la fois avec le risque de précipiter les choses, ou bien aborder les sujets étape par étape et en toute sérénité, quitte à nous étendre dans la durée ? Ce qui pose la question de savoir combien de temps il faut accorder à la période de transition. »
À quand les élections ?
Justement, c’est là le point d’interrogation de cette charte. Les militaires n’ont fixé, pour l’instant, aucune durée à cette période de transition. Du coup, « le colonel Doumbouya est attendu au pied… du mur ou plutôt au pied du trône, estime Le Pays au Burkina, pour prouver à la face des Guinéens et du monde, la noblesse de ses intentions en renversant le président Condé puis en conduisant lui-même la transition. Cela passe non seulement par l’adoption d’une durée de transition raisonnable, mais aussi par un comportement exemplaire dans la conduite des affaires de l’Etat. »
« C’est un point-clef à éclaircir rapidement, renchérit Aujourd’hui toujours au Burkina. (…) Si donc le CNRD veut faire œuvre de salubrité publique en Guinée, et si le lieutenant-colonel Doumbouya veut vraiment rendre service à son pays, lui et ses compagnons ne doivent pas essayer de demeurer sous les dorures de la République. Il convient de donner une date pour des élections, car c’est ça surtout la Transition. Transition = Ramener la matrice de l’Etat de droit + Elections Libres et transparentes à une date raisonnable. »
Bref, souligne Ledjely en Guinée, « il est désormais de la responsabilité du colonel Doumbouya de faire en sorte que la transition aboutisse à un retour rapide à l’ordre constitutionnel normal et que celle-ci soit inclusive. »
Pas de kaki aux élections…
Une chose est sûre, pointe Jeune Afrique : « la charte est sans ambiguïté au sujet des élections : ni les membres du CNRD ni ceux du CNT ne pourront participer aux scrutins locaux ou nationaux qui seront organisés à la fin de la transition. Une disposition qui n’est « susceptible d’aucune révision », souligne le texte. »
Commentaire du quotidien Aujourd’hui : « la tentation de Sekoutoureya (le palais présidentiel) semble ne pas avoir touché le lieutenant-colonel Doumbouya et c’est tant mieux, car tous les pouvoirs kaki, qui ont voulu nettoyer les écuries de pouvoirs fossilisés jusqu’à la moelle pour s’y installer ensuite, s’en sont toujours mal sortis. (…) Les militaires c’est d’abord la défense de l’intégrité territoriale. Ils peuvent faire une incursion en politique, si les civils prêtent le flanc par des coups d’Etat constitutionnels, mais juste pour mettre de l’ordre et repartir. »
Source : Rfi