En début de week-end, la tension était vive dans la 5e région du Mali. « Pour des raisons sécuritaires », les élèves s’opposent à la construction d’une cellule antiterroriste près du lycée Hammadoun Dicko de Sévaré. À la suite des manifestations du vendredi dernier, des blessés auraient été enregistrés.
Des blessés dont un cas grave, c’est le bilan provisoire de la manifestation ayant opposé des élèves de la région de Mopti aux forces de l’ordre de Sévaré, ce vendredi 21 mai. « Les élèves de la région de Mopti se sont manifestés ce vendredi [21 mai 2021 ndlr] pour des raisons sécuritaires contre un projet de construction d’une cellule antiterroriste près du lycée Hammadoun Dicko de Sévaré », communique, ce samedi 22 mai 2021, le Bureau de coordination nationale de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM).
Sursoir
Selon les précisions du coordinateur régional de l’AEEM de Mopti, Lamine Diarra, les titres fonciers N° 136 et 137, objet de la manifestation,étaient destinés au logement du personnel du lycée, notamment le proviseur, le censeur, le surveillant général. Ces titres auraient été retirés du lycée. Et cela pour être « octroyés au ministère de la Justice et des Droits de l’homme pour la construction d’une cellule antiterroriste et une partie à la défense (gendarmerie) », peut-on lire dans le préavis de grève de la coordination régionale de l’AEEM.
Contacté par téléphone, Boubacar Maïga, secrétaire général du comité AEEM du lycée Hamadoun Dicko, nous informe qu’il n’y a que le goudron qui sépare les titres indiqués de leur établissement. « Or, ces genres de base militaire constituent généralement la cible des terroristes », explique le jeune B. Maïga. Il poursuit : « En s’installant près du lycée, les autorités mettent la sécurité des élèves en danger », explique le jeune Maïga.
Les élèves de la 5e région du Mali s’opposent donc à cette construction de cellule antiterroriste au nez de leur établissement. « [ndlr] Nous demandons de sursoir à ce projet de cellule antiterroriste qui est très dangereux pour nous élèves », invite Lamine Diarra, le secrétaire régional de l’Aeem. Il ajoute : « S’il s’agissait d’aménager le lieu au bénéfice des élèves, nous n’aurions aucun problème ». Lamine Diarra rassure également que malgré la « répression violente » de la manifestation du vendredi dernier, son comité ainsi que ses camarades élevés ne baisseront point les bras tant qu’on ne renoncera pas à ce projet.
Pacification de l’espace scolaire et universitaire ?
Bien vrai que le Bureau de coordination nationale affirme « ne pas avoir été informé de ladite manifestation »,Boubacar Maïga affirme que son comité a tenté de joindre le nouveau bureau de coordination. Mais en vain. En tout cas, le Bureau régional dirigé par Lamine Diarra avait quand-même déposé un préavis de grève de 48 h, soit le vendredi 21 et le samedi 22 mai 2021. Dans cette correspondance adressée au directeur de l’académie d’enseignement de Sévaré, on pouvait lire : « Nous membres de la section régionale AEEM de Mopti, réclamons les titres fonciers N° 136 et 137 précédemment attribués au lycée Hammadoun Dicko de Sevaré depuis 1940 sur la route nationale N° 15 et 16 ».
Le secrétaire général du comité AEEM du lycée Hammadoun Dicko informe que des actions seront également envisagées pour rendre justice à leurs camarades blessés lors de la manifestation du vendredi. Pourtant l’ex-ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Amadou Kéïta s’était donné pour mission la pacification de l’espace scolaire et universitaire. Les autorités doivent veiller à ne pas perturber cette mission.
Fousseni Togola
Source : https://saheltribune.com