De nos jours, la compétition pour les ressources naturelles exacerbe les conflits sociaux sur notre continent. Cette situation est entretenue par la mauvaise gouvernance et la divergence entre les acteurs locaux. Les conflits locaux se complexifient davantage face à l’ingérence des groupes armés et des groupes terroristes. Ces derniers tirent des ressources naturelles des dividendes pour le financement de leurs activités néfastes. Face à ces situations, l’Union africaine et notre pays ont, conjointement, organisé une conférence ministérielle.
La rencontre a eu lieu, jeudi dernier, dans un hôtel de la place. L’événement était présidé par le ministre de la Santé et des Affaires sociales, Michel Hamala Sidibé. La rencontre qui a regroupé de hautes personnalités de l’Union africaine et des Nations unies, a enregistré la présence du représentant spécial des Nations unies au Mali, Mahamat Saleh Annadif et du commissaire de la paix et la sécurité de l’Union africaine, Cherif Smail.
La rencontre entend soutenir les États membres à développer un cadre continental crédible de prévention, de gestion et de résolution des conflits locaux, de violences intercommunautaires, de transhumance et de conflits fonciers…conformément à la requête du conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine lors de sa 83è réunion tenue le 9 avril dernier à Adis Abeba. Il s’agit également de mettre en exergue et d’analyser les acquis, les défis et les leçons en matière de gestion de conflits locaux liés aux ressources naturelles, favoriser une compréhension commune et partagée du lien entre les conflits locaux et l’accès aux ressources naturelles et enfin, identifier les piliers stratégiques d’un cadre politique global pour la prévention et le règlement des conflits locaux.
À l’entame de ses propos, le ministre de la Santé et des Affaires sociales a souligné que cette rencontre n’est pas le fruit du hasard. «Elle se tient dans un contexte, où les conflits liés à la gestion et à l’exploitation des ressources des communautés deviennent récurrent sur le continent africain», a-t-il affirmé. En organisant, poursuivit-il, cette conférence, l’Union africaine envisage non seulement de trouver une solution endogène et pérenne, mais aussi de mettre la question des conflits locaux au cœur de l’agenda continental.
«Les conflits entre les communautés liés aux ressources naturelles naissent souvent du fait que les populations les utilisent à des fins différentes», a dit le ministre, ajoutant que les facteurs qui engendrent ces conflits sont nombreux et variés. Il s’agit notamment des facteurs physiques et juridiques. Les conséquences liées à ces conflits sont néfastes. Elles impactent négativement la production dans les secteurs de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche. «Ces conflits mettent en cause le vivre ensemble harmonieux, engendrent le déplacement forcé des populations et dégradent considérablement le niveau de vie des populations», a-t-il expliqué.
Parlant de la crise sécuritaire du Mali, Michel Hamala Sidibé a indiqué qu’en 2012, les conflits liés aux ressources naturelles entre les communautés ont pris une autre dimension. «Les groupes terroristes ont engendré des litiges fonciers et autres rivalités entre les différentes communautés afin d’atteindre leur objectif», a-t-il exprimé, ajoutant que ces violences ont créé la migration irrégulière, le déplacement forcé des populations, l’insécurité alimentaire, la circulation incontrôlée des armes et la prolifération des groupes d’auto défense. «Ces deux jours de travaux nous offre l’opportunité de nous projeter sur une approche de long terme et de prévenir la survenance des conflits et de les traiter à travers des mécanismes locaux de résolutions», a-t-il conclu.
Pour sa part, le représentant spécial des Nations unies au Mali a rappelé que ces dernières années, ces genres de conflits se sont multipliés un peu partout en Afrique, mais, particulièrement dans le Sahel. D’après les statistiques de la Minusma, près de 70% de ces conflits communautaires dans l’espace sahélo-sahélien sont liés à l’accès aux ressources naturelles, notamment l’eau et le pâturage.
Par ailleurs, Mahamat Saleh Annadif a noté que l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali a eu la clairvoyance d’évoquer ces questions et d’anticiper les solutions. En son article 46, on peut retenir les pistes relatives à l’appel au renforcement du pluralisme juridique en intégrant le dispositif traditionnel et coutumier des règlements de conflits sans préjudice du droit régalien de l’État en la matière et à la revendication des autorités traditionnelles. «Tout cela ne peut se faire sans la restauration de l’État de droit et de la lutte contre l’impunité», a ajouté le chef de la Minusma….Lire la suite sur lessor
Source : Essor