Le désormais ancien représentant du secrétaire général de l’ONU au Mali, Mahamat Saleh Annadif, a attendu jusqu’au dernier moment de ses fonctions au Mali pour dire tout le mal qu’il pense de l’accord d’Alger. Pendant tout le temps que les défauts de cet accord pour la paix étaient dénoncés par des acteurs non signataires, Annadif avait gardé le silence. Sa sortie récente au micro de Mikado FM, la radio des Nations Unies, montre que le chef de la Minusma était en quelque sorte muselé.
Avec la fin de sa mission au Mali, Mahamat Saleh Annadif est sorti de sa réserve face à ce que lui-même considère comme des péchés originels de l’Accord d’Alger. Selon l’ancien patron de la Minusma, l’accord d’Alger n’a jamais été présenté à l’Assemblée nationale afin que son contenu soit appréhendé par les Maliens. Ainsi, Annadif donne raison à Choguel Kokalla Maïga, l’homme politique qui répète à toutes les occasions que l’accord n’a pas été présenté à l’Assemblée nationale.
Mahamat Saleh Annadif a aussi pointé du doigt le fait que les groupes armés n’ont pas été transformés en partis politiques ou incorporés dans des partis déjà existants. En d’autres termes, il a dénoncé le blocage du désarmement des groupes armés, dont les éléments ont continué à se promener en armes partout dans le nord du pays. Jamais l’ONU, encore moins les partenaires français, n’ont fait d’une priorité le désarmement des milices.
En parlant ainsi, le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU libère la parole sur les défauts de l’Accord d’Alger. Il apporte en quelque sorte un soutien de taille à ceux qui demandent la révision de l’Accord. En dehors des problèmes soulignés par Annadif, l’accord d’Alger souffre de plusieurs autres handicaps qui expliquent son rejet par la population malienne.
Ce qui est regrettable, c’est que les responsables des Nations Unies qui savaient pertinemment que rien ne marchait ont préféré garder le silence. Les efforts d’Annadif sont à saluer. Mais il doit davantage s’impliquer pour que la situation malienne change. Bien qu’ayant quitté son poste de Bamako, il reste un élément important du dispositif des Nations Unies travaillant sur l’Afrique de l’Ouest. Il joue à présent un rôle plus important pour la question malienne à ce poste dont la compétence dépasse le cadre étriqué du Mali.
On espère que l’ONU ne freinera pas l’élan visant à apporter des changements au niveau de l’Accord d’Alger. La révision de l’accord est un challenge pour les autorités maliennes qui ont surtout besoin de l’appui des Nations Unies. En effet, c’est l’ONU qui garantit l’accord d’Alger, donc le changement de son contenu passe obligatoirement par l’implication du système des Nations Unies. La réticence des groupes armés peut être facilement levée par les Nations Unies qui financent une bonne partie des activités des groupes signataires de l’Accord.
Madou COULOU
Source: La Preuve