Au moins vingt soldats maliens ont été tués lundi dans la région de Gao dans le nord du pays en guerre, au cours d’une nouvelle attaque attribuée à des jihadistes, ont indiqué des élus locaux.
Cette attaque contre un poste militaire de Bamba est la dernière en date des opérations imputées aux jihadistes contre l’armée malienne ces derniers mois, dans un contexte de forte dégradation sécuritaire. Elles ont fait des centaines de morts dans les rangs de l’armée.
“Des terroristes ont attaqué le camp de l’armée à Bamba tôt ce matin. Au moins vingt militaires ont été tués”, a affirmé sous couvert d’anonymat un responsable de la mairie de Bamba joint par téléphone.
“Nous avons vu 23 corps sur place pour le moment. Des hommes sont portés disparus, du matériel a été emporté et le camp a été détruit”, a dit un notable qui préfère lui aussi ne pas être nommé. Aucun civil n’a été tué, a-t-il dit.
Des hommes armés rôdaient dans le secteur à moto et en voiture depuis dimanche et ont donné l’assaut contre le poste lundi matin.
Un habitant caché chez lui a rapporté des échanges nourris de coups de feu.
“Les populations sont terrées chez elles. Il y a trop de mouvements d’hommes armés non-identifiés. Les gens ont peur parce que l’armée n’est pas venue”, a dit à l’AFP un enseignant.
Une source militaire malienne à Gao, chef-lieu de la région, a confirmé l’attaque et la mort de soldats, sans en préciser le nombre. Les assaillants ont eux aussi essuyé des pertes, a-t-elle dit.
La politique quand même
L’armée malienne est soumise depuis des mois à des attaques meurtrières contre des postes isolés, dans un vaste pays en proie aux agissements de groupes liés à al-Qaïda et à l’organisation Etat islamique, aux violences intercommunautaires et aux trafics.
Les insurrections indépendantistes et maintenant jihadistes ainsi que les violences entre communautés ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés depuis le début en 2012 de la profonde crise en cours, malgré la présence de forces onusiennes, africaines et françaises.
Parties du nord du Mali, les violences se sont propagées au centre du pays, puis au Burkina Faso et au Niger voisins.
De larges pans du territoire échappent à l’autorité de l’Etat. Ce dernier tente tant bien que mal, avec le soutien de ses alliés, de mener de front le combat militaire et l’action politique, indispensable à une sortie de crise de l’avis général.
Il vient d’organiser le premier tour de législatives repoussées à plusieurs reprises. Ces élections se sont tenues malgré l’environnement sécuritaire, l’enlèvement, quelques jours auparavant, du chef de l’opposition, et l’apparition récente du coronavirus dans le pays.
Le kidnapping du chef de l’opposition, toujours retenu à ce jour, a été attribué à des jihadistes liés à Al-Qaïda.
Devant la détérioration de la situation qui, selon lui, met en péril l’existence même de l’Etat, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a décidé de rompre avec la ligne directrice suivie jusqu’alors officiellement vis-à-vis des jihadistes. Il a reconnu en février chercher à dialoguer avec certains d’entre eux.
Source: AFP