Achat de l’avion présidentiel : Soumeylou Boubèye Maïga de nouveau devant un juge, jeudi

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L'ex- Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga
L'ex- Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga

Après une première audition le 25 novembre dernier, l’ancien Premier ministre est repassé devant le juge jeudi alors que ses proches se démènent comme de beaux diables pour obtenir sa libération.

Soumeylou Boubèye Maïga, une grosse cylindrée de la scène politique malienne s’apprête à vivre ses 100 premiers jours dans les geôles de la Maison d’arrêt de Bamako qu’il vient de subir sa seconde audition dans le cadre de l’affaire de l’achat de l’avion de commandement du président Ibrahim Boubacar Keïta. A 67 ans, ce confrère reconverti en politique est resté sur sa ligne de défense en rejetant en bloc les accusations portées à son encontre. De gros soupçons pèsent sur lui dans une affaire d’achat en 2014, alors qu’il était ministre de la Défense, d’un avion présidentiel pour un montant de 20 milliards de francs CFA, une acquisition épinglée par le Bureau vérificateur général qui a dénoncé des pratiques de surfacturation, de détournement de fonds publics, de fraude, de trafic d’influence et de favoritisme. Bouaré Fily Sissoko, ancienne ministre de l’Économie et des Finances,  inculpée et mise sous mandat de dépôt jeudi dernier, pour les mêmes motifs connait la case prison de Bollé.

Soumeylou Boubèye Maïga, qui fut de 2017 à 2019 le Premier ministre du président Ibrahim Boubacar Keïta, renversé il y a un an par un coup d’État, a été mis sous mandat de dépôt par la Cour suprême du Mali jeudi 26 août dans une affaire de « faux en écriture, usage de faux et falsification de documents », ainsi que pour « atteinte aux biens publics par détournements ». Il est également accusé « d’avoir cédé à des sollicitations qui tendent à la corruption », « d’abus d’influence réelle ou supposée en vue d’obtenir des avantages » et d’avoir réalisé des « montages pour percevoir des avantages indus » dans l’exercice de ses fonctions.

L’espoir d’une libération

Selon l’hebdomadaire Jeune Afrique, de retour à la maison centrale d’arrêt de Bamako, Soumeylou Boubeye Maïga a confié à ses proches que son audition s’est bien déroulée et qu’il doit se rendre de nouveau devant les juges le 9 décembre. « Il est implacable sur ce dossier, qui est vide. Il n’a pas besoin d’avocat pour se défendre », observe l’un de ses conseils, qui estime que cette audition « fait bouger les lignes ». Alors que le cas de SBM a fait l’objet d’intenses négociations, ces derniers mois entre ses proches, ses soutiens et les autorités maliennes, ses avocats ont également exercé une forte pression sur les juges pour que leur client soit entendu.

Brin d’éclairci ou optimisme béat ?

Ses proches qui se démènent comme de beaux diables pour obtenir mise en liberté surveillée – rejetée par la chambre d’instruction de la Cour suprême – entretiennent à présent l’espoir d’une libération. Une demande devrait être introduite dans ce sens.

Cette affaire d’avion présidentiel a éclaboussé beaucoup de monde, c’est peut-être le début d’une grande lessive. Soumeylou Boubèye Maïga surnommé « Le Tigre » a tissé un vaste réseau dans les milieux sécuritaires maliens et régionaux. Il est fondateur de l’Asma-CFP (Alliance pour la solidarité au Mali- Convergence des forces patriotiques) qu’il dirige. Il avait été contraint de céder le fauteuil de ministre de la Défense en mai 2014, après une lourde perte dans les rangs de l’armée à Kidal face à la rébellion touareg.

Nommé Premier ministre en 2017, il avait été contraint à la démission en avril 2019 après le massacre le mois précédent de quelque 160 civils peuls à Ogossagou et sous la pression de manifestations monstres contre la gestion de l’État.

Douche froide

Le procureur de la Cour suprême, Mamadou Timbo, avait annoncé à la  télévision publique que ce dossier n’était pas clos, contrairement à ce qu’avait publiquement déclaré le 19 août Soumeylou Boubèye Maïga, qui avait assuré avoir été blanchi par le classement sans suite en 2018 de l’affaire.

« À un moment donné, sous l’ancien régime, il avait été instruit au procureur de la République du pôle économique et financier d’alors de classer l’affaire sans suite […]. Par la suite, un autre ministre de la Justice a estimé que cette affaire ne devait pas faire l’objet d’un classement sans suite. Des enquêtes complémentaires ont été menées […]. Le travail judiciaire se fera », avait alors expliqué le procureur. « Il n’y a rien de plus dangereux pour la bonne santé d’une République que l’impunité », avait-il souligné.

Ibrahim Yattara

Source : L’Informateur

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