ACTE I DE L’APPEL POPULAIRE CONTRE LE SYSTEME : Plus de peur que de mal malgré la mobilisation inédite

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Une vue des marcheurs prise Malick Konaté
Une vue des marcheurs prise Malick Konaté

Ils étaient des milliers de personnes ; hommes, femmes, vieux et jeunes ; à battre le pavé le vendredi 5 avril 2019 à l’appel de l’imam Mahmoud Dicko et du Chérif de Nioro, Bouyé Haïdara. Annoncée comme décisive pour délivrer un dernier message au président IBK, la marche a finalement été transformée en meeting. Cela vue la mobilisation inédite. C’était pour dénoncer la mauvaise gouvernance, l’insécurité dans le pays et la passivité, voire la complicité des forces étrangères présentes sur le sol malien.    

Ont pris part à cette grande mobilisation, avec à sa tête l’imam Mahmoud Dicko, des responsables de l’Opposition et même certains de la Majorité, de syndicats, notamment des enseignants et les cheminots qui sont en grève. Il y avait aussi des responsables de l’association Tabital Pulaaku, d’autres associations de la société civile et des parents d’élèves. Une forte délégation venue de la ville de Nioro a pris également part à la rencontre, on parle d’une vingtaine de bus et plusieurs autres véhicules de transport personnel. Bref, chacun y était venu avec sa revendication. D’où les multiples revendications hostiles aux dirigeants en place et aux forces étrangères, lisibles sur les pancartes : «Trop c’est trop, IBK et Boubèye assassins » ; «Je suis peulh, je suis Dogon» ; «Le Mali est Un» ; «Barkhane et MINUSMA dégagent» « Mon père est peulh, ma mère est dogon, MINUSMA tu as échoué » « Boua Dèsèra » « Trop de sang ! Stop au génocide de la France au Mali » « Sans sécurité IBK dégage » et autres.

Aussi, tout le temps qu’a duré l’évènement, la foule en colère scandait des slogans contre les autorités en place et les tiennent «responsables» de la recrudescence de l’insécurité dans le pays. Allusion faite ainsi aux évènements d’Ogossagou où plus de 160 civils ont été tués dans une attaque. Pour certains manifestants, là, «il ne s’agit pas d’un conflit entre communautés, mais d’une manipulation». «Ce régime nous a fatigués, nos enfants, nos maris et nos parents meurent à cause de la mauvaise gestion d’IBK et de son clan. Trop c’est trop, on ne peut plus continue avec ce régime, IBK dégage » criait en détresse une veuve de militaire manifestante.

En effet, ce meeting, annoncé par beaucoup d’observateurs pour être la manifestation de tous les dangers, a fait plus de peur que de mal. Pour cause, malgré la grande mobilisation, il n’a pas dégénéré, comme le craignaient beaucoup de maliens. Ainsi, pour ce meeting, parce que «pas autorisé», les forces de l’ordre étaient déployées dans les grandes artères de Bamako en cas de débordement. Selon nos sources, ce dispositif sécuritaire avait été allégé quand l’évènement a commencé ; pour crainte, peut-être d’affrontements. Sauf qu’au retour après de la rencontre, selon des informations, des manifestants s’en sont pris à des panneaux publicitaires. Aussi, par endroits des accrochages ont eu lieu entre manifestants et agents de force de l’ordre, qui ont fait usage de gaz lacrymogènes.

En outre, selon nos sources, cette manifestation devrait commencer après la prière de vendredi. Mais certains manifestants ont préféré prier sur place.

Ainsi, s’adressant aux manifestants, la star du jour, l’imam Mahmoud Dicko, et non moins président du Haut Conseil Islamique exige «un changement dans la situation actuelle». Mahmoud Dicko promet que si rien n’est fait, une manifestation de ce genre sera organisée chaque vendredi à Bamako. IBK qui n’est pas «l’ennemi» de l’imam Dicko doit saisir le message.

En somme, comme on le dit en démocratie, qu’il est bon de laisser exprimer les mécontentements ; mais il serait encore plus important qu’ils soient écoutés et pris en compte si possible.

Yatè Véronique

Source: L’Evènement

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