Affaire Bakary Togola, Mahmoud Dicko, crise sécuritaire, dialogue national : La gouvernance IBK prise entre plusieurs feux

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IBK et Boubou Cissé
IBK et Boubou Cissé

Décidément, le pouvoir IBK a, aujourd’hui plus qu’hier, des soucis à se faire, tant la gouvernance est confrontée, chaque jour que Dieu fait, à des défis majeurs qui font croiser les doigts à tous les Maliens.

En six ans du régime IBK, le président de l’APCAM, Bakary Togola est aujourd’hui le premier grand coup   marqué par la justice malienne.

Sans être un animal politique de conviction, le patron de la Confédération des sociétés coopératives agricoles a su « travailler » avec les sphères du régime actuel. Haut cadre du RPM, Bakary Togola a été d’un apport non négligeable à la réélection d’IBK à Koulouba en 2018. Comme il a su le faire malicieusement avec le régime d’ATT, parvenant à occuper le poste de vice-président du Parti pour le développement économique et la solidarité (PDES).

Désormais en détention provisoire pour des faits présumés de détournement de fonds publics (mis à disposition) par la CMDT, actuellement dirigé par Baba Berthé, Bakary Togola ne se privera pas de passer à des dénonciations susceptibles de compromettre la probité supposée de certains pontes du régime en place… Histoire de ne pas « périr » seul. Comme un naufragé, le plus gros exploitant agricole du Mali risque de s’agripper à tout pour se sauver de la noyade. Pourrait-il tenter, par quelques révélations, exposer des pans peu recommandables du pouvoir IBK ? Nul ne saurait le dire. Mais le risque est réel, tant le Procureur laisse entendre qu’il a le soutien des plus hautes autorités pour mener à terme cette affaire. Alors que Bakary Togola aurait  à bon droit attendu un coup de main du locataire de Koulouba pour se sortir de cette mauvaise passe. IBK n’a-t-il pas d’autres chats à fouetter ? D’autres soucis ?

En effet, à travers les récentes sorties et diatribes de l’imam Mahmoud Dicko,  le chef de l’Etat avait encaissé un coup politique et moral non négligeable. En martelant à maintes occasions que lui et son mouvement politique (CMAS) est dans le combat contre « ceux qui ont trahi le Mali », Mahmoud Dicko a à peine voilé son doigt accusateur en direction du locataire du palais de Koulouba. Alors que l’imam Mahmoud Dicko était hier encore l’un des plus fervents alliés d’IBK. Et l’ex-président du Haut Conseil islamique du Mali(HCIM) ne se faisait pas prier pour calmer toutes les protestations contre le numéro Un malien. L’imam ne pourrait-il pas aujourd’hui attiser d’éventuels feux de contestation voire de déstabilisation du régime ? Peut-il dissuader en particulier dans les milieux religieux des velléités insurrectionnelles contre le chef de l’Etat ? Rien n’est moins sûr. C’est pourquoi IBK a tout intérêt à hâter la tenue du dialogue national inclusif, facteur de décrispation profonde de la scène sociopolitique.

En effet, en menaçant de boycotter ces assises nationales, de nombreuses chapelles politiques pourraient contribuer à isoler le pouvoir. Si l’URD du chef de file de l’opposition, les FARE de Modibo Sidibé, la plateforme politique « An ko Mali Dron » et d’autres groupes politico-associations boudent le dialogue national, il est fort à parier que les résultats d’apaisement attendus de ce forum ne seront pas atteints. Le pouvoir IBK ne s’en trouvera pas consolidé ou conforté, après la phase de fragilité qu’il traverse depuis l’élection présidentielle contestée de 2018.

C’est pourquoi le Premier ministre Boubou Cissé rappelait le week-end dernier que ce dialogue est « une demande forte de l’opposition » pour toucher la fibre patriotique de ceux qui menacent de boycotter ces assises de la dernière chance. Lesquelles pourrait aider à proposer aussi des solutions consensuelles à la sortie de la crise sécuritaire.

Concernant cette crise, la légère accalmie de ces deux dernières semaines n’augure rien de rassurant quand le statut de Kidal demeure une épine dans le pied non seulement du Mali, mais du Niger, du Burkina Faso. Sans oublier que la situation du centre demeure toujours préoccupante, malgré les efforts déployés sur le terrain et la prolifération des groupuscules armés. Et le présumé bellicisme de la milice Dan Na Ambassagou pourrait envenimer la tension sécuritaire aggravée avec le récent bombardement d’une de ses bases.

A ce tableau sombre s’ajoute le paysage politico-institutionnel difficile de la tenue à bonne date des élections législatives, référendaires et sénatoriales attendues. Sans oublier le mal-vivre généralisé des Maliens, confrontés à la hausse des prix des denrées alimentaires, à la question de la dégradation des routes et les scènes de désapprobations qui l’accompagne, aux préparatifs de la rentrée scolaire, etc.

Comme on le voit, la gouvernance IBK est plutôt à la croisée des chemins, malgré les efforts déployés par le Premier ministre Boubou Cissé. Le chef du gouvernement aura-t-il la baraka nécessaire pour sauver le soldat IBK ? C’est là toute la question.

Boubou SIDIBE

Source : Maliweb

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