Le Bâtonnier, Me Kassoum Tapo, a déploré l’interférence du ministre de la justice dans la décision de la Chambre d’Accusation de la Cour d’Appel de Bamako annulant la procédure judiciaire dans l’affaire dite « complot contre les institutions ».
Quelques instants après la décision de la Chambre d’accusation en annulant la procédure judiciaire et la levée des mandats de dépôts contre détenus, le Procureur général de la Cour d’Appel de Bamako a fait appel à cette décision après consultation avec le ministre de la justice. C’est cette immixtion du pouvoir exécutif dans les affaires judiciaires que les avocats de la défense des détenus dénoncent.
« C’est inadmissible. On sait maintenant d’où viennent tous les coups. On est en train de glisser dans un terrain extrêmement dangereux », a déclaré Me Kassoum Tapo, en citant nommément le ministre de la justice qu’il accuse de s’interférer dans ce dossier. Il a exprimé son étonnement suite à la démarche du ministre en évoquant que ce dernier aime à rappeler qu’il a été rué dans le passé dans les brancards avec un ministre. Et ce qui a motivé sa démission. « Aujourd’hui, c’est lui ministre qui donne des instructions de pourvoir contre une arrêt de la chambre d’accusation », s’étonne cet avocat de la défense de Boubou Cissé et coaccusés. Lequel s’interroge sur les motifs de son interférence dans une décision de justice.
« Le procureur a dit qu’il est allé prendre les instructions du ministre avant de faire le pourvoi en cassation », révèle la défense qui reproche au Garde des Sceaux « de jouer un double jeu ». Il est revenu sur la nullité de la procédure et des mandats de dépôt en faisant référence la loi de 1989 qui, selon lui, n’autorise pas la Sécurité d’Etat à arrêter les gens, mais plutôt à fournir des renseignements au procureur général en cas de menace sur la sécurité du pays.
L’ancien ministre de la justice, Me Mamadou Ismail Konaté, commente ce pourvoi en cassation du procureur sur tweeter en le qualifiant « d’Offensive néfaste ». Pour lui, le pourvoi du procureur viole la règle » au pénal, car, dit-il, la liberté est le principe en la matière. Les proches des détenus déçus par ce pourvoi du procureur de la Cour d’Appel crient à un procès politique.
Les six coaccusés de l’ancien premier ministre Boubou Cissé restent toujours détenus dans la maison centrale d’arrêt de Bamako. Seul Boubou Cissé est parvenu à s’échapper lors de la tentative de son arrestation par les services secrets. Aujourd’hui, il vit cacher.
Siaka DIAMOUTENE
Source : Maliweb.net