L’affaire Wagner continue de défrayer la chronique à travers le monde. Et bien de masques sont en train de tomber au sujet de la présence militaire étrangère (surtout française) sur le sol malien. Le Mali est un enjeu ! Ce qui explique toute l’agitation en cours concernant une éventuelle intervention russe au Mali. Ainsi pour empêcher la venue du groupe Wagner, la France mobilise ses affidés et ses alliés. Après la Cedeao, l’Union européenne, c’est au tour des Etats- Unis d’entrer dans la danse en affichant son hostilité contre cette intervention et de mettre en garde les autorités maliennes.
En effet, les intentions prêtes à nos autorités de contracter avec le partenaire russe, ont servi de prétexte pour braquer la communauté internationale contre notre pays.
Aussi l’ancienne puissance coloniale (France) a mobilisé tous ses alliés occidentaux pour empêcher les Russes d’intervenir au Mali. Tout comme en Lybie en 2011, les Etas- Unis viennent d’emboiter le pas à la France avec une prise de position qui en réalité n’est pas une surprise. En effet, dans un communiqué le Département d’État a jugé utile de s’opposer ouvertement à toute intervention russe sur le sol malien. Et l’opinion malienne s’interroge sur cette prise de position de l’administration américaine au moment où le pays est confronté à une meute de terroristes qui agissent sur la quasi-totalité du territoire national. .
Mais au lieu d’aider le Mali à se débarrasser de la meute et à pacifier son territoire, la France, les Etas – Unis et autres préfèrent la pression et le chantage. A quelle fin ? Avant les condamnations américaines et européennes, c’est la CEDEAO, l’organisation régionale qui avait été mise en contribution. Ainsi, lors de son sommet en septembre dernier, les Chefs de d’Etat dans leur communiqué final avaient dénoncé la volonté des autorités de la transition d’engager des compagnies de sécurité privées rejoignant ainsi l’ancien pays colonisateur. Car La France ne veut en aucun cas, entendre parler de l’effectivité d’un tel accord.
Selon plusieurs sources, elle a lancé une mission diplomatique auprès de plusieurs Chefs d’Etat dont notamment ceux de la Cedeao pour tenter de dissuader les autorités de concrétiser ce rapprochement avec la Russie. La présence française au Mali est, selon Paris, le signe de la bonne coopération entre les deux pays. Cependant, si seulement coopération il y avait, pourquoi la France ne veut pas que le Mali choisisse lui-même ceux avec qui il va coopérer et dans tous les domaines de nécessité ? Si le Mali juge que l’arrivée du groupe russe Wagner va lui permettre de renforcer la puissance et l’efficacité de ses forces contre les groupes terroristes, alors pourquoi s’en priver ?
Comment comprendre alors cet acharnement contre notre pays, Sommes-nous pas un État souverain qui mérite d’être compris et accompagné par la communauté international ?
Ce n’est tout de même pas difficile de comprendre l’inquiétude de Bamako et sa volonté de trouver d’autres partenaires capables de l’épauler contre l’hydre terroriste, loin d’être vaincu, malgré les sévères coups que les soldats français et maliens lui ont porté. Le départ de la force Barkhane de Kidal, Tessalit et Tombouctou, laisse un vide qui n’échappe pas au plus mauvais des stratèges militaires.
Conséquence de la légèreté occidentale
Le paradoxe de cette situation est que la France et ses alliés notamment les Etats Unis D’Amérique ont une grande part de responsabilité dans la situation sécuritaire dégradé de notre pays par le biais de leurs actions en Lybie
En effet, l’intervention de la coalition internationale en Libye sous l’égide de la France avec le soutien de l’OTAN, c’est-à-dire les Etas Unis au mois de mars 2011 a été le facteur déclencheur de tous les maux du Mali et de la sous-région.
La France avec son allié Nord-Américain ont semé les germes de cette crise en intervenant en Libye et en supprimant Kadhafi.
Cette crise est due à l’incroyable légèreté des “stratèges” occidentaux engoncés dans leurs certitudes ; qui, du haut de leur présumée infaillibilité, et en dépit des mises en garde de pays africains, Européens et Américains ont planifié la chute et, sans doute, la liquidation sans autre forme de procès de Kadhafi, sans prendre la réelle mesure des répercussions telluriques de l’opération dans les pays du Sahel.
La France et ses alliés ne savaient t- elles pas que le retour de personnes ayant vécu en Libye, essentiellement des Touareg, et la prolifération des armes détenues par les ex-forces libyennes constituent une menace sérieuse pour l’avenir de la région sahélienne. Nous payons aujourd’hui le prix de cette légèreté.
Barkhane et Kidal
L’affaire Wagner a aussi le mérite de faire éclater au grand jour certains jeux troubles de la France dans notre pays, notamment la présence de la force française Barkhane et le cas de Kidal. En effet, l’euphorie qu’avait provoquée l’arrivée des troupes françaises, en 2013, s’est estompée laissant place à un sentiment anti-français de plus en plus fort au sein d’une partie de la population, lassée par une guerre qui s’éternise. Les manifestations récentes en sont l’illustration parfaite.
En 2013, les soldats français étaient accueillis en héros par une foule en liesse populaire tout au long de leur passage sur les routes. Six ans plus tard, l’ambiance n’est plus la même et les populations n’hésitent plus à accuser les militaires de la force Barkhane d’être complices de certains groupes armés implantés à Kidal. Les raisons de la montée en puissance du sentiment anti-français dans notre pays s’expliquent surtout par la gestion du cas de Kidal et de la détérioration de la situation sécuritaire au Centre et au Nord.
Au sein de l’opinion malienne, l’on est convaincu que la rébellion touarègue s’est mis au service de la France pour abattre Kadhafi… Le deal ? La création d’une fantomatique République de l’Azawad à partir de Kidal pour s’étendre à toutes les régions du Nord du Mali .Au vu de certains évènements troublants, l’on est tenté de croire à la thèse du complot contre la République du Mali. ..
Paris est plus généralement accusé de nombreux maux par les Habitants qui côtoient ses militaires. Pour les populations locales, l’ex-puissance coloniale dissimule ses véritables motivations sur les raisons de sa présence renforcée sur le continent africain. Dans une note d’analyse datant de juillet 2016, le Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (Grip), un centre de recherche indépendant fondé à Bruxelles en 1979, livre les résultats d’une enquête réalisée pour connaître l’opinion des populations (maliennes) sur la présence de soldats étrangers sur son sol. Le résultat est accablant pour la France. Plus de 76% des sondés souhaitent le départ des forces françaises.
L’annulation de la visite du président de la République française, Emmanuel Macron, qui était prévu le lundi 20 décembre dernier est l’illustration parfaite des fortes tensions qui existent entre les deux pays.
En effet, si officiellement, la visite à été annulée pour cause d’aggravation du Covid dans l’hexagone, plusieurs sources parlent de divergences sur le format et les questions a abordées entre les deux parties lors de la visite.
Selon les informations, l’Elysée souhaitait associer le président en exercice de la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, la Cedeao, ainsi que le président du G5 Sahel pour évoquer certainement Wagner et l’organisation des élections. Alors que Bamako voulait que la visite se limite strictement sur la situation sécuritaire et la Coopération bilatérale. Pourtant, la France a tout intérêt à faire en sorte que son intervention au Sahel ne se solde pas par un échec. Cela l’affaiblira durable ment sur la scène internationale, tant cette partie de l’Afrique fait partie de sa zone d’influence.
M Sanogo
Source : L’Aube