IBK est aujourd’hui pris entre au moins deux feux : Paris, qui lui garantit une certaine stabilité de son pouvoir, malgré son manque de sincérité dans la gestion de la crise et ses compatriotes mécontents de la duplicité des Français ou des Occidentaux en général.
Plus un jour ou plus aucune semaine ne passe désormais sans que le président IBK ne reçoive une correspondance, une lettre ouverte ou encore une déclaration lui demandant de changer de stratégie de partenariat ou de revoir sa copie de partenaires dans le processus de sortie de la crise sécuritaire dans le pays. Si la semaine passée, des appels répétitifs à nouer une convention d’assistance avec la Russie ou la Chine a défrayé la chronique, hier le cap a été mis sur la dénonciation du partenaire français du Mali dans la gestion de cette crise.Comment IBK peut-il désavouer Paris dans son double-jeu et sa connivence vraisemblable
Tant par son « jeune-frère », l’artiste mondialement connu, Salif Kéita, que par une écrasante majorité de son peuple, le président IBK est critiqué et de toutes parts pour sa gestion de la crise qui secoue son pays. On le juge trop laxiste et complaisant à l’égard de la France, « qui nous tue », complice des terroristes. Le chef de l’Etat, visiblement embarrassé par ces régulières sorties de ses compatriotes, tente toujours de défendre Paris, «qui nous appuie ». Sans convaincre l’opinion publique malienne sur la présence des forces étrangères dans le pays de Soundiata Kéita. Quel intérêt de cette présence lourde de conséquences si les attaques terroristes ne cessent de se multiplier, endeuillant à longueur de semaines les forces de défense du Mali ? Pourquoi, malgré cette forte présence française de près de 4000 hommes (force Barkhane) et de la MINUSMA ne freine aucunement le péril terroriste ? Et comment IBK peut-il se permettre de réaffirmer publiquement lors du Maouloud II, le samedi dernier, son soutien à ces forces étrangères qui visiblement peuvent mieux faire leur job ? Au même moment, le Guide et président des musulmans du Mali, Ousmane Chérif Madani Haïdara, ne cache pas son insatisfaction par rapport à l’efficacité de ces forces internationales.
Le Haut Conseil islamique du Mali (HCIM) plaide pour plus de virilité de ces forces dans la lutte anti-terroriste et met la main à la poche pour soutenir l’Armée nationale. Comme pour dire que IBK peine à faire voir le bout du tunnel dans cette crise sécuritaire s’exacerbant.
Par ces prises de positions ajoutées aux récentes manifestations à Bamako, à la sortie par vidéo sur les réseaux sociaux de Salif Kéita, le peuple malien intensifie la pression sur son président. « Grand-frère IBK, si tu n’arrives pas à dire la vérité à la France qui nous tue, quitte le pouvoir », a martelé la star mondiale de la musique malienne.
IBK a choisi d’ignorer cette interpellation frontale car incapable de dénoncer le baiser de Judas de la France des François Hollande et d’Emmanuel Macron. Le locataire du palais de Koulouba est conscient qu’avec l’impopularité dans laquelle il sombre chaque jour que Dieu fait sur les bords du Djoliba, en cas develléités subversives contre lui, c’est Paris qui lui tendra une bouée de sauvetage. Comme la France l’a fait à Idriss Deby, un autre grandallié, IBK tient à préserver la main salvatrice et de soutien de l’Elysée à son pouvoir. Cette main qui est visible et constitue une vérité épée de Damoclès sur sa tête ! Malgré les récriminations qu’il ne manque pas d’avoir vis-à-vis de l’ancienne métropole. Comme pour dire que toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire surtout en face de ses amis potentiellement protecteurs et sauveurs. Ce qui n’empêche pas pour le moment l’intensification de la pression intérieure sur son pouvoir. Ce qui fait que du coup, le président IBK est inconfortablement installé entre le marteau français et l’enclume de son peuple.
Boubou SIDIBE
Source : Maliweb