Faute de savoir quitter le festin à temps, on peut finir par se rendre indésirable. La mouvance d’Abdelaziz Bouteflika s’est inscrite dans la logique d’un cinquième mandat pour le président, son dossier de candidature a été déposé en vue de l’élection présidentielle algérienne prévue pour le 18 avril 2019. Ainsi, est envisagé le cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika, qui n’a pratiquement pas exercé de son chef, le quatrième finissant.
La mobilisation s’enfle contre ce cinquième mandat avec des centaines de milliers, voire des millions de manifestants dans les rues d’Alger et des grandes villes du pays. Et pour couper l’herbe sous leurs pieds les autorités algériennes ne semblent pas lésiner sur les moyens. Les établissements d’enseignement soupçonnés de fournir le gros des contingents de manifestants sont fermés, dans le but d’étouffer la contestation.
Mais le pouvoir algérien peut-il tenir encore longtemps sans tomber dans la répression, qui est la dernière arme de celui qui n’a plus d’argument ?
La forteresse solidement dressée autour du président Bouteflika est sérieusement ébranlée aujourd’hui, et pourrait évidemment s’écrouler comme un château de cartes, si les généraux et leurs obligés qui tiennent en ‘’otage’’ le président Bouteflika pour sauvegarder leurs intérêts individuels et leurs positions personnelles, ne reviennent pas très rapidement au peuple pour s’inspirer de ses aspirations les plus profondes. Mais hélas, iront ils jusqu’à détruire le monument ‘’Bouteflika’’ dans l’Histoire combattante de ce grand peuple de la République algérienne démocratique et populaire.
Pourraient-ils dégager dans l’entourage de Bouteflika, à condition d’un report de la présidentielle, un porte flambeau capable d’avoir les réponses justes aux attentes du peuple algérien (jeunes, couches socioprofessionnelles…) ?
Quand le pouvoir choisit l’autisme face aux légitimes revendications qui traduisent des attentes pressantes des populations, le peuple peut à son tour choisir d’agir en sourd-muet. Rien ne devrait plus arrêter le peuple algérien qui ne demande que l’exercice démocratique du pouvoir et la reconnaissance de l’appartenance de la souveraineté au peuple, dont la situation ne laisse pas indifférent son voisin du sud, le Mali.
Notre pays a assez souvent fait la malheureuse expérience de l’autisme de ses dirigeants : en 1991 pour passer du parti unique au multipartisme et l’exercice démocratique du pouvoir ou en 2017 pour arrêter le processus non consensuel de la révision de la constitution du Mali.
Quant à notre voisin du nord, la rupture est consommée, le rejet par le peuple algérien, de la gouvernance politique actuelle, est plus que jamais perceptible, en attestent les manifestations gigantesques de rues à Alger et dans les centres urbains.
B.Daou