De Pétroma à Hydroma, Aliou a expliqué qu’à la place du pétrole, c’est de l’hydrogène qui a été découvert lors des recherches. D’où le changement d’appellation par les actionnaires. Ceci étant, des recherches seront poursuivies pour le gaz naturel et le pétrole. Seul à avoir mené des études sur la recherche de l’hydrogène naturel depuis une dizaine d’années, le Mali vient aujourd’hui en première position. Une thèse menée par un étudiant malien est en cours en partenariat avec l’IFPN sur les échantillons de forage pour expliquer au monde entier ce qui a été découvert au Mali par Hydroma.
Comment est-ce l’hydrogène se génère sous terre ? Comment est-ce qu’il fait sa migration ? Comment est-ce qu’il se stocke dans les réservoirs sous terre ? Et enfin qu’est-ce qui empêche la migration de l’hydrogène sur la surface ?
Nous avons compris des choses que personne ne sait aujourd’hui sur l’hydrogène naturel. Avant, les scientifiques ont affirmé que l’hydrogène naturel n’existait pas. Mais grâce à des études et des recherches, le contraire a été prouvé au Mali et plus encore des expériences ont prouvé qu’il peut être stocké sous terre et sa migration peut être stoppée sur la surface. Ces données font de l’hydrogène naturel une source d’énergie considérable pour l’avenir.
L’impact de l’exploration du gisement du village de Bourakebougou dans le cercle kolokani
Après la découverte de l’hydrogène naturel dans ce village, beaucoup se sont dit que cela ne servait à rien, malgré des tentatives de dissuasion, j’ai fait appel à deux sociétés de Calgary Alberta et une société Américaine pour voir s’il existait des possibilités d’utiliser cet hydrogène naturel pour produire de l’électricité. Les premiers tests de production ont été un succès, grâce à une équipe pilote installée en 2012. Pendant sept ans, nous avons produit de l’électricité dé carbonée avec de l’hydrogène naturel sans émission de CO2 pour donner de l’électricité au village de Bourakebougou (les places publiques, la maison du chef de village et les salles de prières). Cette électrification a été à l’origine de l’augmentation du taux de réussite scolaire.
Cet exemple de Bourakebougou, peut être implimenté dans d’autres villages et régions du Mali, et même en dehors de nos territoires si on arrivait à déplacer l’hydrogène. Aujourd’hui l’espoir est là pour remédier à cette difficulté de transport. Lors d’une visite récente en Allemagne, une solution est en passe d’être vulgarisée par une société en Bavière spécialisée dans le transport de l’hydrogène dans des iso conteneurs. Il s’agit d’un mélange de l’hydrogène naturel avec du toluène pour faciliter son déplacement jusqu’au lieu d’utilisation pour ensuite débloquer le toluène, c’est-à-dire défaire le mélange pour n’utiliser que l’hydrogène. Ce mélange n’est pas inflammable et ça facilite le transport de l’hydrogène. Ceci pourrait être une solution pour électrifier toute l’Afrique avec une solution énergétique mixte sans pour autant contribuer à la dégradation de l’environnement.
Une solution pour l’Afrique ?
Avec la difficulté de transport qui s’amoindrit, cette découverte présente aujourd’hui d’énormes potentialités énergétiques pour l’Afrique. En dehors des solutions de transport, l’hydrogène naturel peut être transformé en ammoniac, être liquéfié (liquide naturel gaz). Hydroma a pour projet de faire parcourir 4700 km cet hydrogène du Mali jusqu’à la porte de l’Europe en passant par le Sénégal, la Mauritanie et le Maroc à travers un réseau d’hydrogénoduc. C’est une réalisation qui est faisable et l’Europe déjà en a donné l’exemple avec un projet similaire en cours de 23.000 km de pipe plane pour le transport de l’hydrogène. Ils vont transporter 1kg d’hydrogène sur 2500 km environ 0,20 cens le kilo. Par contre le projet Hydroma, avec moins de 5000 km le kilo d’hydrogène pourra être transporté à moins de 0,50 cens de l’euro. C’est une opportunité pour le Mali et l’Afrique d’amener leur hydrogène sur le marché européen tout en restant compétitif par rapport à l’hydrogène grille qui est présent sur le marché européen.
La différence entre l’hydrogène blanc, l’hydrogène gris et l’hydrogène vert ?
L’hydrogène gris est produit par les compagnies pétrolières par l’utilisation de la vapeur comme moyen d’extraction du méthane, elles font la séparation du gaz carbonique (CO2) de l’hydrogène. C’est une méthode connue et utilisée partout. L’hydrogène qui est utilisé provient essentiellement de cette méthode de production. Les effets néfastes de cette méthode est que pour produire 1 kilo d’hydrogène grille, il faut émettre 11 à 12 kilo de gaz carbonique dans la nature, ce qui est nuisible pour l’environnement.
Alors que l’hydrogène vert n’est pas toxique et c’est ce que nous produisons pour le moment.
Avec comme deux défis majeurs : énergétique et environnemental.
Extraits de son entretien : Ousmane Mariko
Source : L’informateur