AMADOU TOUMANI TOURÉ : L’HOMMAGE DE LA COMMUNAUTÉ DOGON AU HOGON

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Amadou Toumani Touré au Festival Ogobagna (image d'archive)
Amadou Toumani Touré au Festival Ogobagna (image d'archive)

L’ancien président de la République, Amadou Toumani Touré, décédé en novembre dernier a reçu des hommages mérités par la communauté dogon. Il avait dirigé le Mali à deux reprises, notamment de mars 1991 à juin 1992 pendant la Transition, avant d’être élu en 2002 pour un mandant de cinq ans et rempiler en 2007 pour un second mandat. En janvier 2011, la communauté Dogon avait accordé le titre de hogon (la plus haute autorité spirituelle) à cet homme d’état, en signe de leur amitié et de la grande estime qu’elle éprouvait pour lui.

La cérémonie funéraire de cet hogon, couplée à la 6è édition du Festival Ogobagna, s’est déroulée, samedi dernier, sur la place du Cinquantenaire. La seconde étape de la cérémonie funéraire aura lieu au pays Dogon entre initiés, a annoncé Sékou Dolo, chef de la société secrète des masques qui dirigeait la cérémonie.

C’était la grande mobilisation sous une canicule étouffante. Le respect des mesures barrières avait été foulé aux pieds par la grande majorité des festivaliers qui semblaient n’avoir cure de la situation épidémiologique de la Covid-19 dans notre pays. Aux premières loges, le Premier ministre, Moctar Ouane et la ministre de la Culture de l’Artisanat et du Tourisme, Mme Kadiatou Konaré, avaient pris place.

La cérémonie a commencé par la présentation de la couverture mortuaire, étalée à même le sol tout près d’une statue de l’illustre disparu. Cette figure était vêtue d’un grand boubou bleu ciel, avec un masque comme pour rappeler l’impérieuse nécessité de se préserver de la Covid-19 et une chéchia sur la tête. Il y avait un drapeau aux couleurs nationales à côté.

Le Premier ministre a rappelé que la veille, on célébrait les trente ans de la naissance de la démocratie malienne et le 27 mars un rite traditionnel de nos ancêtres nous rappelle encore l’ancien président Amadou Toumani Touré, au-delà de la tombe. Pour lui, l’arrivée sur la scène nationale et internationale, le 26 mars 1991, de celui que ses initiales ont fait connaître au monde, consacre son entrée dans l’immortalité en ces instants de communion.

Le 26 mars garde, pour toujours, l’empreinte de celui que vous avez porté au pinacle avec le titre de hogon. «Cette date est la poursuite de notre conversation avec nos martyrs, ceux à qui nous devons d’être là. Nous sommes ici parce qu’ils ont consenti le sacrifice suprême», a expliqué Moctar Ouane. Ils nous ont permis, à un moment de notre histoire d’exprimer notre volonté commune de dire non à la dictature. Nous sommes là parce qu’Amadou Toumani Touré, le hogon, a eu l’intelligence et la détermination de matérialiser le rêve de ceux qui voulaient un autre Mali.
Il méritait plus qu’un piédestal. Voilà pourquoi vous avez érigé une statue de l’éternité à celui que vous intronisez parmi les meilleurs d’entre vous. Avec cette consécration, on voit les lumières qui illuminent notre avenir.

Trente ans après le 26 mars 1991, il y a comme un désir d’ATT. Parce qu’il fut un homme de confluence, symbole de toutes nos origines, expression de notre enrichissante diversité, nourrie à la sève de nos civilisations. Il était à l’aise autant au Nord qu’au Sud, enfant du Centre, il était chez lui aussi bien à l’Est qu’à l’Ouest. Pétri de nos valeurs ancestrales, Amadou Toumani Touré était le Malien typique avec ses cousins à plaisanterie. Il était simplement l’homme de partout.

Le besoin d’ATT, c’est dans la cohésion sociale, dans la réconciliation nationale, dans cette manière de privilégier ce que nous avons de meilleur, l’amour, au-delà de ce que nous avons de pire, la haine. Ce jour est précieux et traduit la vision cosmogonique que vous avez de l’univers. C’est une fusion dialectique entre ce qui est et ce qui n’est plus. Par la voix du Premier ministre, le gouvernement s’associe à cette cérémonie qui est un prolongement de la vie dédiée à un immense leader, a conclu le Premier ministre.

Youssouf DOUMBIA

Source : L’ESSOR

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