Antonio Guterres: « Il faut accélérer l’application des réformes électorales et respecter le calendrier ambitieux de 18 mois qui a été fixé pour la transition »

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Antonio Guterres
Antonio Guterres

Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres a publié, le 26 mars 2021, son rapport trimestriel sur la situation au Mali. Ce rapport de 21 pages met l’accent sur la situation sécuritaire, humanitaire, politique, judiciaire et juridique qui prévaut au Mali.

Le rapport évoque également le processus de paix au Mali à travers la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Le rapport de Antonio Guterres révèle que durant ces trois derniers mois au Mali, il y a eu 238 attaques, plus de 250 personnes tuées et plus de 300 blessées. En outre, dans son rapport, Antonio Guterres interpelle les autorités de la transition. « Près de 7 mois après le début de la transition, il s’impose d’exécuter le programme de réforme sans plus attendre. Il faut accélérer l’application des réformes électorales et respecter le calendrier ambitieux de 18 mois qui a été fixé pour la transition. Il est vital de progresser de manière tangible dans les réformes pour que les prochaines élections soient crédibles », précise Antonio Guterres dans son rapport.

Selon le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, durant les trois derniers mois, les forces nationales et internationales, la MINUSMA (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali) et les groupes armés signataires ont subi 92 attaques asymétriques. Avant d’ajouter que le nord du Mali a été le théâtre de 35 de ces attaques. Au cours des trois derniers mois, il a fait savoir que la MINUSMA a été la cible de 39 attaques qui ont fait 7 morts, dont 6 Casques bleus et 1 vacataire des Nations Unies, et 48 blessés. Le rapport indique aussi que les Forces de défense et de sécurité maliennes ont été la cible de 47 attaques qui ont fait 100 morts et au moins 102 personnes ont été blessées. « Au 22 février, 145 civils avaient été tués, 155 blessés et 80 enlevés dans l’ensemble du pays (238 attaques signalées au total). La situation en matière de droits humains est restée précaire en raison des conflits en cours dans certaines parties du Mali, qui impliquaient principalement des groupes armés communautaires, des milices, des groupes extrémistes, ainsi que les forces gouvernementales », a-t-il dit. Dans ce contexte, dit-il, la MINUSMA a recensé 409 infractions, dont 89 violations des droits humains et 320 atteintes à ces droits. Par ailleurs, ajoute le rapport, il a été confirmé que 122 enfants (91 garçons et 31 filles) âgés de 10 à 17 ans avaient été recrutés et utilisés par des groupes armés ; 89 d’entre eux ont été séparés de ces groupes, tandis que 33 restent actifs dans leurs rangs, l’ONU plaidant pour leur libération. Le rapport indique qu’en décembre 2020, plus de 1 230 écoles, fréquentées par plus de 378 300 enfants, étaient fermées en raison de l’insécurité, principalement dans la région de Mopti. Pour Antonio Guterres, les besoins humanitaires n’ont cessé de croître en raison de la pandémie de COVID-19, de l’insécurité persistante et croissante qui touche le centre et s’étend vers le sud, des conséquences des changements climatiques et de la pauvreté. « Le nombre de personnes déplacées est passé de 207 751 en décembre 2019 à 332 957 en décembre 2020. Ces déplacements étaient essentiellement dus à des conflits intercommunautaires (71 %) et à des conflits armés non internationaux (28 %). Au total, 726 000 personnes ont besoin d’une assistance préventive d’urgence sous la forme d’une aide alimentaire ou d’un transfert en espèces. Elles sont plus de 1,1 million à avoir besoin d’une aide nutritionnelle. En raison des conflits et des conséquences socioéconomiques de la COVID-19, 1,2 million de personnes ont besoin d’une aide à la subsistance, car elles ont perdu la totalité ou une grande partie du revenu de leur ménage », a déclaré le secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (ONU).

«On ne saurait parvenir à une paix durable sans accomplir de véritables progrès dans la lutte contre l’impunité… »

Selon lui, il est essentiel de poursuivre tous les efforts de mise en œuvre de l’Accord et de préserver les résultats obtenus ces dernières années, en procédant éventuellement à une révision de certaines dispositions de l’Accord, dans le respect des procédures définies à l’article 65. «J’engage les signataires à résoudre tout différend par le dialogue, en convenant de mesures de confiance qui contribueraient à faire avancer le processus de paix. La situation reste fragile et, près de sept mois après le début de la transition, il s’impose d’exécuter le programme de réforme sans plus attendre. Il faut adopter une démarche pragmatique et consensuelle pour accélérer l’application des réformes constitutionnelles, institutionnelles et électorales majeures et respecter le calendrier ambitieux de 18 mois qui a été fixé pour la transition. Il est vital de progresser de manière tangible dans les réformes pour que les prochaines élections soient crédibles et que la période postélectorale offre une base solide permettant de renforcer les pratiques démocratiques, l’état de droit et l’édification de la nation », a souligné Antonio Guterres. À cet effet, il a engagé les autorités maliennes et toutes les parties prenantes concernées à mettre de côté les motivations partisanes et à œuvrer de manière transparente et ouverte pour appliquer les réformes attendues de longue date et instaurer un environnement propice à des élections pacifiques et crédibles. « J’engage le Gouvernement de transition à concevoir une approche globale pour faire face à la situation dans le centre, et notamment à définir des solutions durables pour que les milices et les groupes armés déposent les armes et s’associent au dialogue. En outre, j’exhorte les autorités à définir clairement les responsabilités des structures étatiques chargées de gérer la crise dans le centre, à faire preuve d’initiative en appliquant une stratégie dirigée par le Gouvernement et à redoubler d’efforts pour réimplanter les services administratifs et sociaux et les services de sécurité de l’État dans le centre. Je réaffirme qu’on ne saurait parvenir à une paix et à une stabilité durables sans accomplir de véritables progrès dans la lutte contre l’impunité des infractions graves et des violations des droits humains », a conclu Antonio Guterres.

Aguibou Sogodogo

Source : Le Républicain

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