Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres a publié, le 1er octobre 2021, son rapport trimestriel sur la situation au Mali. Ce rapport de 19 pages met l’accent sur la situation politique, sécuritaire, humanitaire, judiciaire et juridique qui prévaut au Mali. Le rapport évoque également le processus de paix au Mali à travers la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger.
Le rapport de Antonio Guterres dénonce un retard pris dans les préparatifs des élections au Mali. « Les préparatifs des élections législatives et présidentielle programmées pour février et mars 2022 et devant mettre un terme à la transition ont pris du retard. Je note avec une grande préoccupation les retards pris dans l’organisation des élections générales et l’achèvement de la transition politique prévues pour mars 2022 », a souligné le secrétaire général des Nations Unies dans son dernier rapport trimestriel sur le Mali.
Selon Antonio Guterres, les préparatifs des élections législatives et présidentielle programmées pour février et mars 2022 et devant mettre un terme à la transition ont pris du retard.
Avant d’ajouter que le coup d’État du 24 mai et ses conséquences ont retardé certaines activités essentielles, notamment la révision et la vérification des listes électorales. En outre, dit-il, les mécanismes de coordination mis en place en avril 2021 dans l’objectif de parvenir à un consensus au sujet des opérations électorales ont été suspendus, supplantés par les consultations relatives à la création d’un organisme indépendant de gestion des élections.
Il a fait savoir que la MINUSMA (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali) poursuit ses activités visant à favoriser des conditions propices aux élections. « Dans ce cadre, elle a organisé une série d’ateliers portant sur la transparence électorale (du 17 au 30 juin), le rôle des médias et des médias sociaux (les 1er et 2 juillet) et les droits humains et l’incidence des médias sociaux sur les élections (du 29 juin au 8 juillet).
En outre, elle a fourni deux installations de stockage du matériel électoral pour les régions du nord, en juin, et dispensé un soutien technique spécialisé aux fins du renforcement des capacités des membres de la Cour constitutionnelle et du Conseil national de transition. Par ailleurs, la communauté diplomatique à Bamako a entamé des préparatifs en vue d’apporter un appui aux opérations électorales », a précisé Antonio Guterres dans son rapport.
A ses dires, il y a un an, les militaires ont pris le pouvoir politique et se sont engagés à entreprendre une refonte majeure de l’État, à lutter contre la corruption et l’impunité, à régler les problèmes de sécurité dans les régions du nord et du centre, à mener des réformes politiques et institutionnelles, à appliquer l’Accord et à organiser des élections crédibles et transparentes devant permettre le rétablissement de l’ordre constitutionnel. Si les autorités de la transition se disent toujours déterminées à atteindre ces objectifs, ajoute-il, les progrès ont été limités et la situation reste fragile.
Aux dires du secrétaire général des Nations Unies, des mesures plus résolues sont nécessaires pour faire face aux défis qui se posent. « Tout atermoiement aurait pour conséquence d’exacerber l’instabilité politique et sociale et permettrait aux groupes extrémistes de continuer à prendre le contrôle de pans entiers du territoire malien. J’engage donc les parties prenantes maliennes à saisir cette occasion. Je note avec une grande préoccupation les retards pris dans l’organisation des élections générales et l’achèvement de la transition politique prévue pour mars 2022.
Les préparatifs du référendum constitutionnel relatif à l’adoption de réformes institutionnelles et politiques essentielles, prévu pour le 31 octobre, ont également pris du retard. J’exhorte le Gouvernement malien et les autres acteurs nationaux à trouver, par le dialogue, un compromis sur les réformes à mettre en œuvre et les mesures à prendre pour mener à bien une transition rapide et constructive.
L’ONU continuera de coopérer étroitement avec l’Union africaine et la CEDEAO afin d’aider les parties prenantes maliennes à faire en sorte que la transition politique soit menée à bien de façon pacifique et dans les délais fixés », a indiqué Antonio Guterres. Par ailleurs, il a fait savoir que la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, signé en 2015, n’a que peu progressé, l’attention des principaux acteurs politiques s’en étant détournée.
69 attaques ont causé plus de 60 morts durant les 3 derniers mois au Mali
En outre, le rapport met l’accent sur l’absence ou de la faiblesse des services administratifs de l’État au centre et au nord du Mali due à l’insécurité. Selon le rapport, les forces nationales et internationales, la MINUSMA et les groupes armés signataires ont essuyé 69 attaques asymétrique. Le secrétaire général des Nations Unies précise que ces attaques ont provoqué la mort de plus de 40 personnes.
A l’en croire, au cours du dernier trimestre, 23 civils ont été tués et 13 blessés lors de six attaques à l’engin explosif improvisé perpétrées dans les régions de Koulikoro, Mopti et Gao. «Je condamne les blocus illégaux et inhumains imposés par des éléments extrémistes à plusieurs villages des régions du centre, qui se traduisent par des atteintes aux droits humains et une situation humanitaire désastreuse. Il faut mettre un terme à ces actes odieux, dont les auteurs doivent être rapidement poursuivis et condamnés.
L’impunité des personnes coupables de violations graves des droits humains et d’atteintes à ces droits constitue une entrave à la lutte contre l’extrémisme violent. J’encourage le Gouvernement malien à déployer les forces de défense et de sécurité requises et à allouer les ressources financières nécessaires pour assurer le retour des autorités civiles et la fourniture des services socioéconomiques de base dans tout le pays, en particulier dans les régions du nord et du centre », a-t-il souhaité.
Ces derniers mois, dit-il, les attaques menées par les groupes extrémistes contre les camps de la MINUSMA dans le nord du Mali se sont intensifiées. Le secrétaire général de l’ONU compte sur l’appui du Conseil de sécurité pour ce qui est de prendre les mesures nécessaires face aux fauteurs de troubles. « Face à la nouvelle vague de violences provoquée par les éléments extrémistes qui s’abat depuis plusieurs mois sur la population civile au Burkina Faso, au Mali et au Niger, il est nécessaire de maintenir une présence internationale forte. Je demande à toutes les parties prenantes de continuer à coordonner étroitement ces processus de restructuration et de réduction des effectifs en vue d’éviter que se forme un vide sécuritaire dont les groupes armés et les terroristes risqueraient de tirer parti.
Au cours des six derniers mois, quelque 1 300 cas de violence fondée sur le genre, dont 186 cas de viol », a déploré Antonio Guterres. Selon lui, la situation sur le plan des droits humains a continué de se dégrader, du fait, en grande partie, de l’intensification des violences perpétrées par les groupes extrémistes, les groupes armés communautaires et les milices.
Au 6 septembre, il a rappelé que la Commission vérité, justice et réconciliation du Mali avait enregistré 22 507 dépositions de victimes et de témoins et enquêté sur 14 cas emblématiques de violations graves des droits humains et d’atteintes à ces droits. Il dira aussi que la situation humanitaire a continué de se détériorer. « Le nombre de personnes déplacées à l’intérieur du pays a presque quadruplé en deux ans et dépassait les 386 000 personnes en juin 2021.
Par ailleurs, si quelque 154 000 Maliens et Maliennes ont trouvé refuge dans les pays voisins, le Mali accueille quant à lui près de 48 000 réfugiés, dont 13 000 du Burkina Faso, 17 000 du Niger et 16 000 de Mauritanie, à qui il fournit protection et assistance », a souligné Antonio Guterres.
Aguibou Sogodogo
Source : Le Républicain