Le Secrétaire général du Bureau Exécutif du Syndicat National de l’Éducation et de la Culture (BEN-SNEC) a annoncé, le week-end dernier, la suspension de la participation de son syndicat au mot d’ordre de grève de 20 jours entamée par les syndicats de l’Education signataires du 15 octobre 2016. Il a ainsi appelé ses militants à rejoindre les classes, hier lundi 2 mars 2020. Pendant que le gouvernement tentait de crier à la « victoire », Moustapha Guitteye, lui, n’ayant certainement pas écouté sa base en prenant la décision, a été désavoué par cette dernière.
Diviser pour mieux régner, c’est la stratégie des gouvernants dans leur bras de fer avec les syndicats. Cette option a été encore mise en application dans la crise scolaire que connait le Mali. Un des syndicats, le SNEC, s’est désolidarisé des autres et a appelé ses militants à regagner les classes. Selon le leader de ce syndicat qualifié de « petit » par beaucoup d’enseignants, il est composé de 25000 militants. Cet effectif est mis en doute par pas mal d’enseignants, mêmes des anciens membres de ce syndicat.
« J’étais au SNEC (carte) quand j’étais au secondaire (Lycée Fily Dabo Sissoko). On n’avait même pas assez de militants pour mettre en place un bureau digne du nom pour le comité local. La quasi-totalité de ses militants sont des agents de l’administration et autres membres du personnel dit d’appui (plantons, chauffeurs, coursiers, bibliothécaires, économes et billeteurs, et les quelques 2000 vieux fonctionnaires de l’État bientôt retraités…). Quand Guitteye dit qu’il a 25 000 militants, ce ne sont pas des enseignants en classe, d’où le fait que le SNEC est un syndicat hybride de l’éducation et de la culture. N’importe quel débutant peut le confirmer. Salam…», a affirmé Amadou Salif Guindo sur sa page Facebook.
La décision du BEN-SNEC de rentrer en classe est diversement appréciée, même à l’interne. D’abord, le gouvernement, lui, il trouve cette décision du BEN-SNEC comme une victoire sur la synergie de l’Education. Son communiqué le prouve. « Le Gouvernement de la République du Mali se félicite et salue la décision responsable et citoyenne du Syndicat national de l’Éducation et de la Culture (SNEC) invitant tous ses militants à reprendre les cours dès demain [hier NDLR] lundi, 02 mars 2020, dans toutes les écoles et sur toute l’étendue du territoire national », lit-on dans le communiqué signé par Yaya Sangaré.
Mais en dehors de tous les tapages médiatiques orchestrés par Guitteye et ses soutiens, la triste réalité existe. La vraie vérité, celle que les gouvernants ne veulent pas entendre, est que Moustapha Guitteye n’a pas été suivie par sa base, en tout cas par la majorité. Il a été désavoué dans plusieurs localités du pays, dont entre autres Koulikoro, Gao, Fana, Bankass… Dans ces zones, les militants du SNEC ont promis d’observer la grève enclenchée par la synergie.
En analysant les différentes déclarations de ces différents comités du SNEC, on comprend aisément que Moustapha Guitteye n’a pas consulté sa base avant de se désolidariser des autres syndicats de l’Education signataires du 15 octobre 2016.
Hier, dans la matinée, nous avons fait un tour dans certaines écoles de Bamako pour savoir si l’instruction du secrétaire général du bureau national du SNEC avait été suivie par ses militants. Notre constat : ledit syndicat n’a pas beaucoup de militants, et là où il en a, les militants, pour la plupart, ont débouté le bureau national. Au groupe scolaire de Torokorobougou, Guitteye n’a pas de militants d’après ce que nous avons appris de certains enseignants. À l’école fondamentale de Baco-djicoroni, aucun militant n’y était dans la matinée, excepté un qui serait directeur.
Selon notre source à Bougouni ville, le seul militant SNEC à respecter le mot d’ordre du bureau national est le secrétaire général du comité. « Le secrétaire général est le seul à respecter à être à l’école. Tous les autres militants ont observé la grève de la synergie », nous confie notre interlocuteur.
Il faut clairement dire que le puissant Guitteye s’est fait ridiculiser par cette décision, prise surtout sans véritablement consulter sa base.
Boureima Guindo
Source : Le Pays